Quand même : la farce électorale gabonaise m’aura offert un ou deux savoureux et inoubliables instants… Sur France 24, notre CNN à nous (avec encore moins d’audience que le vrai), juste la semaine avant l’élection, une émission proprement hallucinante ! Un animateur recevait un journaliste français, spécialiste comme il se doit de l’Afrique…
Après avoir résumé les enjeux de cette élection (j’insiste, parenthèse, sur le fait qu’ils n’ont à aucun moment mis en doute le caractère injuste, illégitime et quasi anti-démocratique d’un tel scrutin, a fortiori dans un pays plus que rompu (et même brisé) aux élections mascaradesques), nos deux amis nous ont expliqué à quoi ils allaient devant nous procéder…
« Nous allons avoir en ligne, d’ici quelques instants presque tous les candidats gabonais… » Fichtre, me dis-je, je vais pouvoir juger sur pièce chacun des candidats, à l’aune de son discours, et, qui plus est, interviewé, que dis-je, passé au crible, au filtre révélateur, autopsié, pour ainsi dire, par une des plus fines lames de la presse parisienne… Je ne vous le cache pas, j’étais content d’être français. J’étais positivement devenu, grâce à mon média international de référence, un journaliste français n’ayant même plus besoin de se rendre au Gabon… j’avais tous les potentiels potentats au bout du fil… et, encore une fois et qui plus est (numéro 2), des présidents en puissance qui allaient être mangés par le professeur de journalisme le plus célèbre de France… N’est-ce pas que c’est beau, la démocratie ?
« Afin de garantir un minimum d’équité, nous allons dialoguer, et poser trois questions, à chacun des candidats… le cas échéant, Vincent Hugeux, notre confrère, grand reporter à l’Express et spécialiste de l’Afrique, interviendra et questionnera lui aussi les candidats… » Bizarrement, c’est quand j’ai vu que c’était Hugeux le questionneur que j’ai eu un doute… quand Hugeux s’approche, il n’est pas rare que le journalisme s’éloigne… ce n’est pas qu’il soit bête, non, il est juste fainéant, sûr de lui, un satisfait… le genre à jamais vérifier ce que lui disent ses témoins (qui, déjà condamnés pour leurs propos, arrivent quand même à le faire plonger en les reproduisant à nouveau…)… le genre, dans un litige à n’écouter que les blancs (et encore, pas tous, moi même qui vous parle, j’attends toujours, depuis 2006, un coup de fil de lui, histoire de vérifier si ce qu’on lui a raconté sur nous tient la route ou pas)…
Bref, en gros, la France, via son média extérieur et grâce à l’aide objective d’un journaliste, nous exposait les candidats à la présidentielle gabonaise, dans les conditions de l’équité, en somme, comme s’il s’était agi d’une élection française… ce que ces élections étaient donc bien… non ?
Pensée du jour : cher Vincent Hugeux, le journalisme, en l’occurrence, eût ici consisté à choisir parmi les candidats en lice les véritables vainqueurs potentiels. En fonction de critères politiques et journalistiques sérieux. Pas à nous présenter, comme des communicants, des « sorciers blancs », un tableau exhaustif jusqu’au ridicule (combien des candidats avaient disparu d’eux-mêmes le jour du scrutin ?). Sans jamais avoir même pensé à demander à l’un d’entre eux ce qu’il fallait penser (et non pas ce qu’il espérait) d’un scrutin à 1 tour avec 23 candidats… c’est ce qui s’appelle aimer le journalisme, la vérité et l’Afrique.
Grégory Protche
PS : ces Questions du Gri-Gri ont été diffusées aujourd'hui sur Tropiques FM (92.6).
PS 2 : il doit rester une diffusion, ce soir, vers 22 heures...