Paru initialement sur le compte facebook de Grégory Protche
Hier, c’était Halloween.
Je me suis contenté de ne pas ouvrir lorsqu’à la nuit tombée des marmots par dizaines vinrent sonner en espérant, les cons, que je leur file des bonbons.
L'envie pourtant ne me manquait pas de leur faire peur pour de vrai... j’ai toujours en réserve quelques sentences moqueuses pour ces obéissants yéyé fils de yéyé, célébrateurs d’une fête américhienne dédiée à la consommation.
(Parenthèse 1 : d’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours détesté déguisements, maquillages et baguettes magiques).
(Parenthèse 2 : oui, je sais, dans le temps et dans l'espace, ça doit bien venir de plus loin que de chez le Grand Satan seulement, Halloween, mais la version qu'on nous sert est laide et bien yankee).
Fantasme : "Non, j'ai pas de bonbecs, petit con soumis. On mange pas de ce pain-là dans cette maison. Dis à tes copains de plus venir sonner et à tes collabos de parents que j'ai honte pour eux."
Donc, je n'ai rien dit. Paix des ménages. Bienveillante neutralité avec le voisinage - déjà que je sèche chaque année le repas des voisins ! Et refus du conflit de civilisations, pardon, de générations.
Prétextant le manque d’eau gazeuse – et pour digérer toute la bile que j’avais sur l’estomac, il allait m’en falloir -, je suis parti supermarcher. Espérant secrètement qu’un morveux m’apostrophe – avec ses parents pas loin, de préférence, mon Dieu, s’il vous plaît.
Au milieu du G20, en queue de gondole, tel Claudel à Notre-Dame, j’ai eu une vision.
Un somptueux sachet en plastique vert, griffé d’arabesques jaune et, en blanc dans une cheap typo aladine joliment vulgaire, un prénom : Samia.
« Un assortiment de bonbons piquants ».
Made in La Courneuve.
Pas une fiotterie de chez Lutti, un vrai paquet de banlieue : 500g !
Le vrai vice eût consisté à sélectionner les enfants possiblement chrétiens parmi les quêteurs et à leur refiler sous couvert d’Halloween ces merveilles bariolées certifiées halal ! Halacidulées !
Je me suis contenté de tous les manger, jusqu’au dernier. Sans en filer un aux Halloweeniens, ces monstres.
Texte : Grégory Protche