Ce serait assez simple. Par exemple : "La propriétaire d’un appartement et une agence immobilière ont été condamnées par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) pour discrimination raciale." (AFP) Se traduit par : "La proprio a écopé de 1.500 euros d'amende et l'agence de 800 euros. Elles devront en outre verser solidairement à la victime 1.000 euros au titre du préjudice moral et 500 au titre des frais de justice." Pourquoi si peu ? Pourquoi pas dix ou cent fois plus ? C'est vrai, ce serait injuste : un méchant proprio raciste morflerait pour tous les autres... bah oui. Inévitable. Comme c'est le cas en ce moment, pour ceux qui vivent devant la porte, ou "de l'autre côté de l'anus" (Nabe)... Le caractère exemplaire de la décision de justice est ici évident. Et l'encouragement à la pratique discriminatoire indiscutable. Si ça ne coûte que ça, pourquoi s'en priver ? Si j'étais riche à posséder des appartements, pourrais-je me retenir de tenter les agents immobiliers en tournant exprès autour de ce pot-là ? Si j'étais bougnoule et confronté à cette agence immobilière et à ce propriétaire (pourquoi cacher leurs noms ?), aurais-je envie d'aller voir la Halde pour récupérer un mollard de 3.800 euros au bout de deux ans ? Ne pourrait-on imaginer, en guise de punition, de peine de substitution, une manière de dégradation sociale et publique, quelque jeu de téléréalité, dans lequel on enfermerait des proprios et des patrons véreux avec des raclos, des victimes, des rageux... Et si aussi on décidait que, au lieu d'être un très "grave" crime moral qui ne coûte rien, les pratiques discriminatoires se mettaient à coûter plus cher que les opinions déviantes ou les discours racistes ? Est-il plus grave de dire qu'on n'aime pas les Arabes ou d'en empêcher un d'accéder à un logement ou à un emploi ? Qui doit être, en termes d'exemplarité, de pédagogie et d'efficacité le plus sévèrement sanctionné ? Puisque l'unanime et émouvante condamnation sociale et morale du racisme ne produit (encore ?) qu'assez peu d'effets sur le terrain des discriminations concrètes, cessons de viser le coeur et l'âme, contentons-nous du portefeuille...Le racisme est une maladie. Le passage à l'acte et la pratique discriminatoire, des faits. En punissant si peu, la justice ne légitime-t-elle pas le délit ?