Elles ont battu campagne. À leur manière. Elles chantaient, dansaient. Elles portaient des pagnes à l'effigie du candidat Denis Sassou Nguesso. En transes, plusieurs d'entre elles tombaient, comme foudroyées.
Elles sont intelligentes : elles sont fait de longues études. D'aucuns pensaient qu'elles occuperaient (enfin) des postes importants. Il n'en est rien ! Dans le nouveau gouvernement (pléthorique, comme toujours), les cinq femmes ne sont assises que sur des strapontins. Comme toujours. Et elles semblent s'y plaire. Comme toujours. Ni madame Mougany, ni madame Raoul ne manifestent la moindre frustration. Comble de l'hypocrisie, le gouvernement congolais compte un ministère de la promotion de la femme. Madame Leckomba Loumeto en est émerveillée. Triste attitude ! Mais elle bénéficie d'une circonstance atténuante : elle est à l'image de la classe politique, friande de protocoles, d'huissiers et de gardes du corps...
Si les femmes politiques congolaises avaient été de fortes personnalités, comme elles le laissaient présager durant la campagne, elles auraient crié au scandale. Du moins boycotté ce gouvernement. Et pour cause : pas de femmes-ministres d'Etat ; pas de fonctions régaliennes.
À l'Assemblée nationale, elles se comptent sur les doigts d'une main. Le Rwanda, le Burkina-Faso sont loin devant le Congo.
Trêve de plaisanterie : les Simone de Beauvoir, Wangari Maattai, Ellen Johnson congolaises devront naître.
À défaut, les ministres actuelles devront relire ou (re)découvrir Diotima, dans Le Banquet.
Texte: Bedel Baouna