
Après ces 4 jours de pur délire arrive enfin le D-day, celui de la grande manifestation, à temps avant que les calaisiens ne meurent d’apoplexie.
Toute la commune est paralysée. Commerces fermés, routes bloquées. Les CRS bouchent absolument toutes les issues le long du défilé, qu'elles soient de vraies rues ou juste des buissons, ou un espace entre deux maisons...Un déploiement jugé comme une prise d'otages par les calaisiens manifestants, parqués comme des criminels. Car ils sont quand même quelques centaines, réunis à l'appel des syndicats SUD, CNT, CGT et du NPA, venus soutenir les No-Border, pour former un cortège d'un petit millier de personnes. Une manif comme on en voit de plus en plus ; invisible, loin des grands axes et des habitations. Le circuit prévu amenait à la sous-préfecture puis au centre de rétention ; ce sera finalement un départ du phare, longeant des parkings et passant par le cimetière pour revenir au phare.

Où les calaisiens, caméscope au poing, amassés derrière les fourgons et la police montée découvrent des clowns, une fanfare rasta, et des familles bobos avec bébés sur le dos…Tout ce petit monde aura finalement défilé dans la joie et la bonne humeur, au slogan de « No Border, No Nation, Stop Deportation », dansant et s'arrosant copieusement sous ce soleil de plomb. Bien que l'on compte aussi deux douzaines d'effrayants garçons cagoulés tout de noir vêtus, ceux-là même que nous retrouverons en Une de la Voix le lendemain, les courageux spectateurs s'exclament : s'ils avaient su, ils auraient manifesté, et, combien ça va coûter ce déploiement policier, pour rien en plus ? Le préfet Pierre de Bousquet de Florian leur répondra que la sécurité de la population n'a pas de prix. Fameux. Bilan des actes violents au cours du défilé : une cannette lancée par un calaisien. Chaud bouillant on vous dit.
Redonnons la recette : 1)Baillonner les gêneurs. 2) Lancer la propagande. 3) Déployer en surnombre les forces armées. 4) Se féliciter. Car forcément, c'est une réussite. Je me demande si, au delà des enjeux locaux, ce cirque n'est pas finalement un test grandeur nature... Calais comme laboratoire d’essai pour une politique toujours plus hostile envers nos libertés, et nos droits, notamment celui de manifester ? On murmure déjà que la formule s'exporterait volontiers au prochain conflit social important.
Cela, ou, autre explication, non content d'accompagner en grande pompe feu le Mollah Omar en sa dernière demeure, l'Etat français reprendrait en plus ses méthodes, à titre d'hommage posthume ?
Texte & Photos - Llinga Saint-Aimé
(voir album photo ci-contre)