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Cette nouvelle collection « Pensées d’hier pour demain » se propose d’offrir au public, jeune en particulier, de courts recueils de textes de divers-e-s actrices/acteurs qui, hier, furent au cœur de la lutte des peuples pour l’émancipation et dont, aujourd’hui, la pensée s’impose toujours comme de la plus grande actualité.
Dans son introduction Bruno Jaffré souligne, entre autres, deux dimensions de l’action de Thomas Sankara : « la préservation de la planète et la lutte contre la dette illégitime ». Le préfacier insiste aussi sur les premiers objectifs du nouveau pouvoir visant à satisfaire les besoins courants et immédiats de la population, accès à l’eau potable, à l’alimentation saine, à la santé ou à l’éducation… Des objectifs noués à la participation active des populations et à une politique de décentralisation, « la population est amenée à se réunir et à fixer des objectifs réalistes en recherchant d’abord ce qu’elle peut-elle même réaliser, en grande partie par ses propres moyens ». Bruno Jaffré souligne des contractions engendrées par les politiques déployées, en particulier sur la situation des salarié-e-s ou dans l’action des Comités de défense de la révolution (CDR).
Thomas Sankara fit entendre dans les instances internationales, une autre voix, celle des opprimé-e-s, voire sa prise de position pour l’indépendance de la Kanaky.
Les réseaux françafrique et Blaise Compaoré, qui vient d’être chassé du pouvoir par une révolution, immédiatement confisquée par d’autres militaires, sont responsables de son assassinat.
Je choisis comme titre de cette note, une phrase de José Marti, cité par Thomas Sankara, et j’ajoute à n’importe quel homme… à n’importe quelle femme.
Les différents textes choisis éclairent les positions et les actions de Thomas Sankara sur les ruptures nécessaires avec les modèles des puissances dominantes, les dimensions théoriques de la lutte, le caractère universel des positionnements, « Oui je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». », les liens entre paix et indépendance nationale, entre néocolonialisme et dettes…
Même si ses références restent en deçà des apports des féministes, et si certaines formulations me semblent très inadéquates (complémentarité positive, concessions conscientes, droit maternel, survalorisation de la famille…), le dirigeant burkinabè souligne l’inégalité structurelle des femmes, parle de corsets psychiques, de fraudes mentale, d’oppression, « La condition de la femme déborde les entités économiques en singularisant l’oppression dont elle est victime ». Il évoque la femme-objet, la servile domestique, la figurante sans visage et sans voix, les « femme en chaînes, femme-ombre à l’ombre masculine »…
Il termine son discours « La libération de la femme, une exigence du futur » par : « J’entends le vacarme de ce silence des femmes, je pressens le grondement de leur bourrasque, je sens la furie de leur révolte. J’attends et espère l’irruption féconde de la révolution dont elles traduiront la force et la rigoureuses justesse sorties de leurs entrailles d’opprimées ».
Lire le texte : La libération de la femme : une exigence du futur (8 mars 1987) :
Je souligne le grand intérêt de l’extrait sur les arbres et l’environnement. Thomas Sankara y parle, entre autres, de perturbation impunie de la biosphère, de lutte contre la désertification…
Une pensée vivante. « A la révolte passagère, simple feu de paille, devait se substituer pour toujours la révolution, lutte éternelle contre la domination »
Table des matières
Introduction : Bruno Jaffré : Thomas Sankara, précurseur des luttes
d’aujourd’hui
Textes de Thomas Sankara :
Au nom du peuple des déshérités. (Discours prononcé le 4 octobre 1984, lors de la 39ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies)
Un front uni contre la dette. (Discours prononcé le 29 juillet 1987 à Addis-Abeba devant la 25ème Conférence au sommet des pays membres de l’OUA)
La libération de la femme, une exigence du futur. (Discours prononcé le 8 mars 1987 à Ouagadougou)
Les Tribunaux populaires de la révolution. (Discours prononcé le 3 janvier 1984 à l’ouverture des Tribunaux populaires de la révolution)
Sauver l’arbre et l’environnement. (Discours prononcé le 5 février 1986 à Paris devant la conférence « SYLVA » sur l’arbre et la forêt)
L’armée au service du peuple. (Interview dans l’hebdomadaire Révolution, n°196 du 2/12/1983)
Nous avons besoin d’un peuple de convaincus et non d’un peuple de vaincus. (Discours prononcé à Bobo Dioulasso le 2 octobre 1987 à l’occasion de l’anniversaire du discours d’orientation politique)
Développement prêt à porter : Non ! Développement sur mesure : Oui ! (Discours prononcé le 4 août 1986 à l’occasion du 2ème anniversaire de la Révolution)
Nous préférons un pas avec le peuple plutôt que dix pas sans le peuple. (Discours prononcé le 4 août 1987 à Ouagadougou à l’occasion du 4ème anniversaire de la Révolution)
La campagne « Justice pour Sankara. Justice pour l’Afrique »
Des textes pour rappeler les nécessaires luttes d’indépendance et reprendre les débats sur des apports et des limites des révolutions « anti-coloniales »…
Dans la même collection :
Patrice Lumumba : Entre la liberté et l’esclavage il n’y a pas de compromis
Frantz Fanon : Aussi notre revendication est-elle d’emblée totale et absolue
Amilcar Cabral : La lutte de libération est un fait essentiellement politique
Mehdi Ben Barka : Seul a un sens progressiste ou non le contenu politique et économique de l’indépendance
Voir aussi l’ouvrage de Saïd Bouamama : Figures de la révolution africaine. De Kenyatta à Sankara, Zones 2014, Sortir l’Afrique de la nuit coloniale
et un site : http://www.thomassankara.net/
Thomas Sankara : Recueil de textes introduit par Bruno Jaffré
CETIM, Pensées d’hier pour demain, Genève 2014, 96 pages, 8,50 euros
Didier Epsztajn