Ce vendredi 14 août, à Brazzaville, au Palais du Parlement et en présence d'une pelletée de Chefs d'Etat africains, Denis Sassou Nguesso a prêté serment pour son deuxième septennat. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il était au mieux de sa forme, à défaut d'être à son meilleur.
La salle semblait s'ennuyer. Illustration : tandis que l'hymne retentissait, les messieurs du Conseil constitutionnel (cette inutile institution), eux, demeuraient assis, comme des invertébrés. Des indolents. Le président investi, alors, leur fit signe de la main de se lever. Un couac lamentable. Impardonnable.
Dans son discours d'investiture, Denis Sassou Nguesso a surpris tout le monde. Du moins les étrangers. Sans ambages, il a fustigé la corruption : un cancer social. Les magouilles, l'argent facile, tout ça n'alimentera pas (ou plus) son septennat. Désormais, la morale sera de mise. Le Congolais devra mériter son gain, y compris le sien ; le Congolais devra épouser "l'amour du travail bien-fait". "Tout manquement" sera sanctionné. A bas les anti-valeurs ! Telles sont la philosophie et les principes de son projet de société, Le chemin d'avenir. Son septennat (le dernier?), il le veut propre. Une immense clameur s'est levée, tuant du coup cette torpeur apaisée dans laquelle tout le monde paraissaît plonger.
Vaste programme que ce chemin d'avenir ! Les Congolais le parcourront : c'est désormais acquis. Mais le discours et l'acte, c'est comme Mars et la Terre - une longue distance les sépare. Bon, il faut espérer que le "chemin d'avenir" ne soit pas ponctué de couacs, envahi d'hommes mous, tels les membres du Conseil constitutionnel qui ne se lèvent pas, spontanément, quand résonne l'hymne national.
Bedel Baouna