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Le Gri-Gri International

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Lettre d'Olympe Bhêly-Quenum à Thomas Boni Yayi, président du Bénin

Publié par Gri-Gri International sur 19 Mars 2009, 11:00am

Catégories : #Politique

Olympe Bhêly-Quenum est un des plus grands écrivains francophones. Natif du Bénin, il a enseigné en France, écrit plusieurs ouvrages fondamentaux, goûté de la presse et même été traduit par Jorge Amado. Il compte au nombre des plus vieux, et des meilleurs, amis du Gri-Gri. En 2006, comme beaucoup, il avait appelé à voter pour le « bénin » Thomas Boni Yayi à l’élection présidentielle béninoise.

Dans une lettre ouverte parue fin 2008, Olympe Bhêly-Quenum dit tout ses regrets et son fait à ce président du changement qui ne change rien ! Morceaux choisis.

 

 

Monsieur le président de la République,

 

(…) C’est parce que je ne baisserai jamais les bras qu’après m’être sérieusement informé à toutes les sources, tant du terrain objectif national que de l’extérieur, je déclare : je suis en opposition contre vos méthodes de gouvernement ; sans être adhérent d’aucun parti politique de notre pays, mon camp est celui du Séminaire de Goho.


(…) Malgré l’insignifiance du chapitre culturel du programme du candidat Boni Yayi que je croyais médecin parce qu’on l’appelle Docteur, le programme soulignait le CHANGEMENT que voulait le peuple. Il ressort de l’analyse de la masse de documents que j’ai lue qu’après avoir voté pour le candidat Boni Yayi, « le peuple déçu par les méthodes » du président Boni Yayi, « autoritaire », « autocrate », « se méfie et il y a une profonde désaffection » ; on souligne aussi : « il n’avait jamais exercé de mandat électif, sans expérience politique, coupé du peuple, accoutumé aux luxes et fastes de la tour d’ivoire qu’est la BCEAO, il ne connaissait pas le peuple et les problèmes du peuple béninois sont mieux sentis et mieux connus par certains écrivains et intellectuels présents dans le pays ».


(…) On m’a écrit récemment : « …je suis un natif de Tanguiéta, qui vit loin du pays natal mais j’y retourne tous les deux ans ; Doyen, lecteur de vos œuvres, certaines m’ont marqué qui sont toujours d’actualité et c’est parce que j’ai confiance en votre personnalité que j’avais voté et fait voter mes parents et des amis pour le candidat de votre choix, mais aujourd’hui je m’en mords les doigts, mes parents et mes amis aussi et je me demande si le Doyen Olympe Bhêly-Quenum n’avait pas été piégé en invitant le peuple béninois à voter pour un tel homme… »

Piégé ? Non : mon soutien était aussi ma riposte contre : a) l’inadmissible mensonge de Monsieur Jacques Chirac, président de la République française, qui prétendait que, tant au Bénin que loin de leur pays, les Béninois voulaient que le président Mathieu Kérékou continuât de gouverner ; b) la volonté déclarée de ce dernier de ne pas vous rendre les clefs du pouvoir si vous étiez élu. L’ingérence soutenait le déni de la démocratie.


(…) Savez-vous, à cause du mot catalyseur changement, combien de gens de mes familles - Quenum, par mon père, Agbo par ma mère -, des milieux vodún à Gléxwé, de Béninois Francs-Maçons ont voté pour l’inconnu que vous étiez ? Je le répète : vous avez aggravé la situation créée par votre prédécesseur : de la pauvreté vous avez plongé le pays dans la misère et l’on ne cesse de me demander  «  Olympe », « Doyen… », « Monsieur Bhêly-Quenum, combien avez-vous été payé pour en appeler au peuple à voter massivement pour cet homme ? », « Mon Frère, on sait que tu n’es pas du tissu de celui-là qui, même au pied de la tombe, hurlera pour être récompensé, tout de même, toi, en avoir appelé à voter pour Boni Yayi !... »


(…) Un chef d’Etat sans racine dans un parti politique solidement structuré n’est rien, sinon un jouet au cœur d’une coalition dont les fissures mettent au jour la divergence des intérêts inavouables ; ainsi m’apparaît autour de vous le rassemblement qui s’étiole, et s’effrite du pouvoir politique dont vous ne maîtrisez pas les ressorts. Une sorte de clan qualifié d’« évangélistes arrogants, suffisants et vaniteux » constitue votre point d’appui. Je m’insurge contre ce fait et en appelle au peuple à vous le faire sentir. Vous avez le droit à la croyance religieuse de votre choix, à l’option philosophique convenable à votre ligne de vie, mais ni couvent vodún, ni église catholique, ni synagogue, ni mosquée, ni temple protestant ne doit régenter le chef d’un Etat laïc ; ce n’est pas le cas en ce qui vous concerne ; l’analyse de l’indécence de vos générosités pécuniaires publiquement prodiguées aux représentants des cultes dont vous ne sous-estimez pas les influences dans notre pays dénote votre faiblesse politique et votre incapacité d’opérer le changement promis.

 

Olympe BHÊLY-QUENUM.

 

Pour lire l’intégralité de cette Lettre à Thomas Boni Yayi, président de la République du Bénin :

http://www.obhelyquenum.com


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