
Pap Ndiaye
On choisit, pour appuyer Pétré-Grenouilleau, un docile maître de conférences à l’Ecole pratique des hautes études, Pap Ndiaye, proche, par sa femme, d'Yves Kamani, très officiellement chargé au CRIF d'un bureau des « Noirs ». Pap Ndiaye avait l'avantage d'avoir des contacts avec les néo-réactionnaires américains. Il animait une obscure association, le Capdiv. On le chargea de monter au créneau le moment venu pour défendre l’indéfendable et, s’il le pouvait, créer discrètement une organisation de « Noirs » à laquelle on donnerait les moyens d’occuper le terrain et d’être légitimée comme représentative. Le meilleur ami de Jacques Chirac, François Pinault, qui avait fondé sa fortune sur l’exploitation des forêts africaines serait sollicité. Outre les éditions Tallandier, spécialisées dans la glorification de Napoléon, il était propriétaire de trois magazines : Le Point (acheté en 1997 pour échapper à l'ISF), Historia et l’Histoire. Les deux derniers faisaient dans la vulgarisation historique. Il fut décidé de consacrer un numéro spécial à l’esclavage, qui ferait la promotion de Pétré-Grenouilleau et en même temps celle de Pap Ndiaye. Pour que l'opération négrophobique Villepin-Debray soit vraiment réussie, on désigna un "méchant" : l'humoriste Dieudonné (…). Tous ceux qui diraient le contraire de Pétré-Grenouilleau seraient des antisémites forcenés inspirés par Dieudonné. (…)
Côté Haïti, Villepin donna des fonctions officielles à Debray et des moyens financiers en le nommant président d’une commission chargée de "réfléchir" sur les relations franco-haïtiennes. La mission véritable était de préparer un coup d’Etat. La partie diplomatique de cette opération fut confiée à trois hommes : Philippe Selz, ancien ambassadeur au Gabon, placé auprès de Régis Debray pour déstabiliser Haïti en Afrique, Thierry Burkard, beau-frère d'un entraîneur de chevaux de course à Chantilly, nommé ambassadeur à Port-au-Prince pour orchestrer la chienlit locale, Eric Bosc, secrétaire à l’ambassade de France, chargé de désinformer la presse française depuis Port-au-prince et d’accorder des visas aux « bons » Haïtiens, c'est-à-dire ceux qui accepteraient de venir à Paris cracher sur le président démocratiquement élu. Bosc (depuis expulsé du Togo pour ingérence) était tellement paranoïaque et négrophobe que cela l'avait rendu presque fou. Il voyait des roquettes braquées sur l'ambassade de France depuis le bureau d'Aristide qui célébrait des messes noires avec sacrifices d'enfants coupés en morceaux. Voilà les "tuyaux" qu'il livrait au correspondant du Monde, établi à Santo-Domingo et proche des Duvaliéristes : Jean Michel Caroit. Des réunions se tenaient à Paris chez Véronique Rossillon, une héritière de la famille Seydoux-Schlumberger qui s’était offert un lycée à Jacmel, le lycée Alcibiade-Pomayrac qu’elle finançait entièrement de ses deniers, ce qui lui donnait une position pour s’intéresser aux affaires du pays et interférer dans la diplomatie française.
(À suivre)
Texte - Claude Ribbe Photo - Le Gri-Gri
PS : www.claude-ribbe.com
PS 2 : les trois précédents choix d'extraits tirés du blog de Ribbe figurent ci-dessous