
Quelques images mal filmées, des formes qui ressortent à peine dans le flou de l'objectif, un grand lit : les ingrédients simples pour faire un bon scandale sur le net. La vie privée n’est plus ce qu’elle était, et la sextape est désormais un moyen infaillible de faire parler de soi ou de nuire à son compagnon ou à sa compagne qui a pris le large ou à sa rivale gênante. Etat des lieux.
Les vendeurs des films pornographiques importés pourraient ne plus faire recette les années à venir. De nombreux jeunes Gabonais s’investissent davantage dans le tournage de vidéos à faire pâlir de jalousie leurs congénères de l’Occident.
Dans certains cas, la sextape est un outil de marketing pour montrer ses prouesses sexuelles. Dans d’autres cas, il s’agit d’une arme de destruction morale pour se venger d’un partenaire ou d’une partenaire qui a pris le large et qu’on a tenté de retenir, en vain, par le collet. Pour galvauder l’image de leurs rivales, certaines femmes n’hésitent pas à publier sur la toile les photos ou vidéos de leur concurrentes qui auraient pu rester secrètes dans leurs piaules, dans leurs ordinateurs ou téléphones portables. De fait, la sextape est devenue une arme redoutable, et on apprend qu’elle est capable de bousculer pas mal de choses. Elle peut détruire une réputation.
Quand il s’agit de vidéos privées, les ennemis sont partout. Les vidéos coquines sont des poules aux oeufs d’or. Normal, donc, que certains en profitent. L’outil buzz infaillible actuellement semble être la sextape. C’est un secret de Polichinelle : le sexe fait vendre. Sinon comment expliquer le succès fulgurant des images diffusées ces derniers temps ? La nudité de certains compatriotes dans les vidéos ? Mais tout ça est devenu tellement banal, tellement fait et refait que ça ne choque plus.
Le plus bel exemple de réussite de cet outil est une élève du lycée d’Oloumi.
Avant la sextape, elle était belle et fréquentait des milieux sobres mais elle était juste une pauvre petite lycéenne. Une fois cette vidéo divulguée, ça a été le buzz ! Tout le monde a parlé d’elle. Elle ne devenait pas seulement jolie, non elle était devenue une bombe. Des sollicitations pour la rencontrer pleuvaient. Après l’affaire de la lycéenne d’Oloumi, des élèves du lycée Mbélé, de l’Epi, d’une jeune cadre dont la vidéo a été mise en ligne par son ex-époux aux relents vindicatifs, une nouvelle vidéo sexuelle dont nous sommes en possession fait la une.
Il s’agit de celle d’une jeune habitante de Sotega. Dans cette dernière, privée, d’une durée avoisinant les trois minutes, on voit une jeune fille d’une vingtaine d’années avec un jeune homme s’adonnant à un tournage de style « sextape ». Le jeune homme aurait pour habitude de filmer ses ébats amoureux. Un habitué du genre qui effectue ses tournages avec le consentement de ses « actrices ». Après avoir découvert que sa nouvelle égérie se serait amourachée d’un autre, le réalisateur, dans un accès de jalousie et de colère, a pris la décision de rendre publique la vidéo tournée dans la chambre d’un motel au PK6, avec notamment une séquence de fellation.
Selon nos informations recueillies auprès d’une des amies de la victime, cette dernière, étudiante dans une université privée de la place, aurait changé son numéro de téléphone après avoir été harcelée d’appels de connaissances ou amis ayant vu la vidéo et voulant bien souvent en savoir plus, voire se moquer d’elle.
Il en est de même pour deux garçons et une fille d’un lycée privé de la place. Une vidéo, faite avec un téléphone portable, montre la jeune fille en train de faire l’amour avec deux de ses compagnons d’études. La vidéo a été mise sur internet à son insu. Le succès a été immédiat. Propagées via les sites de partage, facebook, et DVD pirates, la vidéo a été vue par des centaines d’internautes malgré sa qualité technique médiocre. Un vaste débat s’est alors engagé sur la moralisation de la société. D’aucuns expriment leur crainte que le pays ne soit submergé par la fièvre technologique. Le pays est soumis à la pression de groupes de jeunes résolus à profiter de leurs libertés alors que la grande majorité des Gabonais, conservateurs, y sont radicalement opposés.
Photo - dr Texte - Jonas Moulenda
initialement paru in Faits divers n°12 25:04/14
PS : le titre est de la rédaction