À Lady H
.Vergès en août. Maintenant Villiers. 2013, année où les sulfureux partent en fumée.
.Rolande Girard, dans les années 1990, quand nous dînons chez elle, avec Sérigne Seck, Alain Gomis, Houda Benyamina et quelques autres, nous raconte un Vergès inconnu, sentimental et historien - elle l'ébauche dans le pervers film de Schroeder Vergès, Avocat de la terreur. Elle nous raconte aussi les frasques de Villiers, vieux camarade de journalisme choc, entrant dans je ne sais plus grand restaurant parisien déguisé en officier allemand et se raclant la gorge en disant "Nous sommes dé retour !" Pour Rolande, Villiers renseigne. C'est même pour ça qu'il est si bien renseigné. Mais peut-être pas volontairement. Pas directement. Il fait jacasser les confrères français en poste tenus au silence politique, les diplomates, les patrons. Ce qu'il raconte sert les uns, dessert les autres. Circule. Pour elle, les espions et les terroristes ont ceci de commun qu'ils travaillent toujours au fond pour des États et qu'ils finissent, de manips en intox, par ne plus distinguer leur droite de leur gauche. Elle le voyait cynique, hâbleur, "julot". Mais bonhomme. Et travailleur. Qu'il soit facho ne fâchait pas la compagne de route du FLN.
.Dans ces mêmes années 1990, un photographe qui réalise des séances pour les couvertures des SAS a pour pseudonyme : Michael White (Michel Blanc).
.Ma mère a acheté tous les SAS depuis le premier jusqu'à sa mort en 2000.
.Le père de Sérigne, comme celui de Bibi Seck, comme ceux de tant de mes amis, les dévoraient en voyageant sur Air Afrique (R.I.P. aussi).
.À Dakar, il y a dix ans, les kiosquiers louaient les SAS à la journée.
.Excité(e)s, tous et tour à tour, et par les scènes de cul et par les informations géo-politiques, que nous n'osions que timidement emprunter publiquement à Villiers...
.Gérard de Villiers, le mec le plus cité sans jamais le nommer.
.Quels autres livres écrits à l'époque sur l'Afrique du Sud ou la Rhodésie du point de vue des Blancs ai-je envie de relire ?
.SAS n'a jamais mis les pieds au Ghana et le regrettait fort en avril 2013 sur RTL.
.Mais quand même vaniteux en vieillissant, tout heureux d'être adoubé par Védrine et exposé à la Une de la grande presse américaine (avait-il fini de servir, qu'on puisse ainsi officiellement le célébrer ?).
.Son interview en vidéo est la seule bonne jamais réalisée par Jeune Afrique sur son site.
.Ses descriptions de bombasses africaines : les Naomi N'Diaye et autres Beyoncé Coulibaly des boîtes à soldats français.
.Évidemment : la comparaison avec Delon - qui même en blond aux yeux d'or n'aurait pas fait un bon Malko, trop court et cannes trop arquées.
.J'aurais du aller lui poser des questions sur Dominique de Roux. Et sur Vergès.
.Dommage qu'il n'ait pas fait un SAS sur la crise ivoirienne. Un truc du genre Kodjo rouge à Abidjan.
.Anticommuniste, dans cet ancien monde merveilleux où il y avait du communisme.
.Beaucoup de roux, dans les SAS.
.Rarement lu dans la presse française des points de vue aussi antisionistes que dans certains SAS.
.Trahi par Ardisson dans un Tout le monde en parle presque aussi dégueulasse que le dernier avec Dieudonné.
.Un jour, une dame m'a fait subir, après me l'avoir lu, un des supplices sexuels à base de thé chaud narrés dans La solution rouge.
.Je venais juste, il y a deux jours, de faire quelques images en vue d'enregistrer les premières pages de La blonde de Pretoria pour Des débuts de livres.
.Pourquoi ne l'a-t-on pas interviewé dans Get Busy ?
.Pourquoi ne l'ai-je jamais interviewé en vidéo pour le Gri-Gri ?
Photo - dr Texte - Grégory Protche
Bonus : B.O. d'une des (heureusement) rares tentatives d'adaptation au cinéma