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Le Gri-Gri International

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Princess Erika se demande si elle aurait plus aimé "La Couleur des sentiments", s'il avait été écrit par Zora, Alice ou Toni ou Maya ou Terry, plutôt que par Kathryn Stockett

Publié par www.princesserika.fr www.legrigriinternational.com sur 6 Septembre 2011, 07:05am

Catégories : #Le feuilleton littéraire de Princess Erika

la-couleur-des-sentiments-83330 Princess Erika Feuilleton littéraire www.legrigriinternati

Kathryn Stockett est blanche. Cela explique sans doute la très suggestive traduction française du titre de son premier roman The Help en La couleur des sentiments. Kathryn Stockett nous raconte une histoire de chez elle à trois voix à la manière de Zora Neale Hurston ou d’Alice Walker. Trois femmes : deux noires, Aibileen et Minny, deux bonnes, pour une blanche de bonne famille, Miss Skeeter. Deus noires pour une blanche comme en musique.
À Jackson dans le Mississippi, au début des années soixante, la condition des Noirs attend les droits civiques pour s’améliorer.
Aibileen travaille chez Miss Leefolt depuis que son fils Treelore est mort. Elizabeth Leefolt  « n’a que vingt-trois ans, mais aime bien s’entendre lui donner des ordres. » Aibileen sait aimer sa fille de deux ans Mae Mobley, comme elle ne le fera jamais. Quand elle la caresse, la petite « ronronne et sent l’amour dans sa main ». Aibileen a de l’expérience, elle est futée, aime lire et sait écrire. C’est la véritable maîtresse de cérémonie.
Minny travaillait chez Miss Walters la mère d’Hilly. Hilly tient absolument à faire passer dans le journal local La Lettre, sa proposition de toilettes réservées aux domestiques de couleur. Cette sorcière vient de renvoyer Minny à cause de son impertinence, et raconte partout qu’elle vole. « Je trouverai plus jamais de travail, Leroy va me massacrer… », se lamente Minny qui en partant a fait une chose abominable. Heureusement grâce à une ruse d’Aibileen, elle a pu être prise au service de Celia Foot, l’ennemie jurée de Miss Hilly. Elle lui aurait volé son Johnny d’après elle. Mais l’isolement moral et géographique dans lequel se trouve Miss Célia la préserve de tous ces ragots.
Miss Skeeter vient d’obtenir son diplôme à vingt-trois ans, alors que sa mère ne rêve que de « la voir marcher vers l’autel. » Tandis que toutes ses amies ont arrêté leurs études pour se marier et faire des enfants, Eugenia Phelan (Skeeter) veut écrire. Et savoir ce qui est arrivé à Constantine, sa bonne, partie avant qu’elle ne revienne de la fac sans lui dire au revoir. Elle décroche un travail au Jackson Journal et profite de sa rubrique ménagère pour se rapprocher d’Abileen. Skeeter n’est pas d’accord avec Hilly à propos de ces toilettes réservées. Elle veut changer les choses, faire parler ces femmes noires qui élèvent toute leur vie des enfants blancs.
Encouragée par Elaine Stein, éditrice qui veut un projet original, mais ne promet pas de le publier, Skeeter va d’abord persuader Abileen que sa parole compte. Abileen se chargera de convaincre  Minny son amie. Mais il faut au moins dix témoignages !! Peut-être Louvenia, la bonne de Lou Anne, dont on a battu le petit-fils au point de le rendre aveugle parce qu’il s’est assis sur les toilettes des blancs ? Yula May ne pourra pas témoigner, Hilly (décidément !!) l’enverra en prison pour quatre ans parce qu’elle lui a volé « une affreuse bague ornée d’un rubis », sans valeur, pour envoyer ses deux fils à l’université. C’est ce qui déclenchera toutes les autres d’ailleurs : Winnie la timide, Eulah … Il faut qu’elles soient prudentes ; pour garder leur travail et l’anonymat elles changeront le nom des bonnes et des patronnes. Medgar Evers vient de se faire assassiner par le KKK devant chez lui, Carl Roberts est retrouvé pendu le corps marqué au fer rouge… Même pour Skeeter la situation est dangereuse, surtout quand elle commence à sortir avec Stuart Withworth, le fils du sénateur.
Mais toutes travaillent pour que ce livre, qu’elles appellent sobrement « Les Bonnes », puisse voir le jour. Et pour que les habitantes de Jackson ne se veuillent jamais se reconnaître dans le livre, elles ont un atout majeur, la tarte de Minny, pire qu’une gifle.
Si Zora avait raconté cette histoire ou Alice ou Toni ou Maya ou Terry, il y aurait eu tout autant d’anecdotes et de personnages, mais je suis sûre qu’elle se serait mal terminée. Parce que ces paysagistes restent de l’autre côté de la barrière quand elles narrent. Katryn nous laisse espérer qu’Abileen sortira libre des griffes d’Hilly, que Minny restera au service de Celia Foot bien que cette dernière soit folle. Katryn Stockett a certainement un sentiment de culpabilité et il est définitivement blanc

Photo - dr    Texte - Princess Erika

NB : http://www.princesserika.fr/.

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