2001, Britney, troisième album de la star éponyme : l’orgastique "I’m a slave 4 U" propulse Britney Spears de la cour de récré pop au ring hip-hop. A l'époque où le vilipendage des crossover rap r'n'b est de rigueur pour être « vrai », les Neptunes donnent sa street credibility à Britney. Le DJ français Orgasmic, dans une des premières mixtapes de ce qu'on appellera la scène rap alternatif, ne s'y était pas trompé, mixant "Overprotected" entre Busdriver et Antipop Consortium.
Britney à beau s'époumoner à chanter "I love Rock N Roll", elle ment. Britney aime le hip hop, a révolutionné la musique en décomplexant les rappeurs et en enfantant une génération de chanteuses-sex symboles qui iront s'encanailler avec des gros Noirs qui portent des flingues. Malheureusement, elle, la créatrice, restera à la porte du hip hop après l'avoir ouverte. N'ayant pas su surfer sur la vague de son tsunami, elle laisse une place béante pour des dizaines de gourgandines sans originalité, ne demandant qu'à tuer la mère pour s'asseoir sur son trône. Britney ne sera jamais une superstar du rap.
Son quatrième album, In the zone, contient bien quelques bribes de cette espérance déçue. Mais alors qu'elle s’accoquine avec les beuglards Ying yang twinz, sa rivale de toujours Christina Aguilera joue dans la division supérieure, avec Redman, T.I. Et (Street credibility suprême), DJ Premier. Britney, elle, se blesse en tournant le clip d’Outragaous, dans lequel elle lèche les lèvres de Snoop. Le clip ne sera jamais fini. La carrière de Britney, si.
Elle a beau choquer l'Amérique en roulant une pelle de terrassier à Madonna, la couguar lui pique son ex boyfriend Justin Timberlake et les derniers éclairs de génie de Timbaland. Ce dernier avait déjà choisi sa muse, en offrant "Promiscuous", le tube du millénaire, à l'autre gentille fille dévergondée Nelly Furtado. Et alors qu'il a perdu tout intérêt, produisant à tout va - jusqu'à Matt Pokora !-, Britney doit se contenter de son sous-fifre Danja.
Se faire clasher par Kanye West sur twitter, se faire insulter par Eminem, c'est bien, mais pas très original. Non, la relation entre Britney et le hip hop n'aura été qu'un flirt, un baiser volé, même pas un viol dans un parking (dont elle aurait été, évidemment, l'auteure et non la victime).
Elle qui plaçait le premier album des Black Eyed Peas en tête de son hit parade dans une vieille interview s'est fait piquer la vedette par Fergie, la seule sex symbol à avoir été en même temps plus grosse et plus droguée qu'elle. Lorsqu'elle remplit le stade de France trois soirs de suite, Miss Spears peine à remplir un Zénith.
Aujourd'hui, Britney s'entrainerait à rapper avec Nicky Minaj. Arrête, Brit', c'est trop tard. Ludacriss et Snoop chantent avec David Guetta. Tu es au dessus de ça. Le rap, c'est mort. Fini. Toi, tu es toujours là, tu es même redevenue mignonne et drôle dans ce clip d'"I wanna go". Il y a quelques jours, tu as encore réussi à choquer l'Angleterre, en te faisant filmer pour un clip en train de dévaliser un magasin, arme à la main, au même endroit que les émeutes d'il y a quelques mois. Tu es un peu ce que Dieudonné est à l'humour français : malgré tes frasques, tes approximations et tes sorties de route, tu restes la meilleure. We love you, Britney, don't give up.
Photo - dr Texte - Reyzo