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Le Gri-Gri International

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Abdoulaye Wade ou l'honneur perdu du Sénégal - par Malick Noël Seck

Publié par Gri-Gri International sur 22 Mars 2012, 15:09pm

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Je n’ai pas été arrêté à St Louis : j’ai été piégé à St Louis. On m’a arrêté parce que je venais réclamer la libération de mes camarades emprisonnés pour port d’armes. Le commissaire auquel j’étais confronté m’expliqua qu’Ousmane Ngom, notre "cher" ministre de l’Intérieur, se chargeait personnellement du dossier. A l’instruction, le procureur de la République à Saint-Louis, Samba Faye, ancien conseiller de Cheikh Tidiane Sy, notre "cher" Garde des Sceaux, avait tenu à se déplacer personnellement pour s’opposer à la liberté provisoire que venait de m’accorder le juge. La justice depuis Wade porte les couleurs du ministère. Les intrigues minables de deux ministres d'Etat, pour se débarrasser d’un opposant gênant, comme les voyous envoyés par le PDS pour assassiner Barthélémy Dias, sont des pratiques indignes et dégradantes, à nos yeux et aux yeux d'un monde qui nous observe en riant. 

Le pouvoir n’est pas un costume que l’on porte  à la veille des élections et que l’on range soigneusement les lendemains de victoires dans le placard des promesses et de la parole donnée - avant de la reprendre. Le pouvoir est un serment sur l’honneur qu’un homme fait à son peuple, et cet honneur Abdoulaye Wade l’a perdu. Il ne peut plus nous gouverner. Il a échoué, et nous n’avons pas les moyens de supporter davantage ses incohérences et turpitudes ! Le libéralisme qu’il prône n’a évidemment pas apporté la révolution sociale qu’il promettait, et ce pays, avec ses routes éventrées, ses quartiers inondées, son absence presque permanente d'électricité, sa jeunesse livrée à elle-même, dont les seules perspectives sont dans la fuite vers l’in-hospitalité de l’Europe ou des États-Unis, ce pays est le visage de son échec.

Les 48% d’abstention correspondent aux 650 milliards de FCFA que les Sénégalais de l’extérieur nous ont envoyés en 2011. Il y a encore des hommes et des femmes au Sénégal qui pensent que cette manne est un dû et que ceux qui nous l’envoient n'ont rien à demander en retour. Ils pensent pouvoir se permettre un soir d’élection, à un moment si crucial de notre histoire, de rester chez eux. Qu’ils se détrompent ! Les expatriés qui sont nos pères, nos frères, nos mères, et nos sœurs ne demandent qu’une seule chose en retour, qu’en leur absence, on prenne soin du pays, que l’on veille à ce qu’il prospère car nul ne souhaite investir dans une maison qui brûle !

Et puis il y a ceux qui pensent que le vote est lié au Ndigueul, qu’il s’agit de voter en fonction de son appartenance ethnique, religieuse ou confrérique. C’est une idée que Wade dans son machiavélisme a entretenu pour nous diviser. Or l’unité nationale, le bien être du peuple sénégalais et la paix sociale priment sur tous les Ndigueuls. Que se passera t-il lorsque des Ndigueuls contradictoires provenant de différentes confréries religieuses entraineront des conflits armés entre factions rivales ? Nous ne souhaitons pas la « Somalisation » du Sénégal ! C’est pour cela que voter pour celui qui vous a acheté est une trahison suprême. Car enfin comment peut-on accorder sa confiance à celui qui souhaite gagner en vous faisant complice d’une forfaiture ! Votez selon vos consciences, vos responsabilités, vos craintes et vos espoirs. Fermez les yeux et pensez au Sénégal !

Je me suis toujours prononcé pour le départ de Wade. Je n’ai jamais souhaité que le combat pour le Sénégal, pour le progrès social, pour l’amélioration de nos conditions d’existence et pour que ceux qui se sont expatriés dans de terribles conditions puissent un jour revenir chez eux, ne se résume à un combat contre Wade exclusivement. Mais Wade est devenu synonyme de tensions, d’instabilité, de népotisme et d’incompétence. Mon opposition à « l’alternance » n’a rien de personnel, je ne peux tout simplement plus supporter que l’échec qui s’explique et que l’on excuse, ainsi que les promesses sans lendemain qui reposent sur les amnésies populaires, deviennent notre seul modèle de gouvernement. Les hommes politiques que nous élisons et qui ont la prétention de pouvoir améliorer nos vies et assurer le futur de nos enfants n’ont que deux alternatives : réussir ou partir.

Wade a échoué. Les mauvaises routes qu’il se targue d’avoir construites, les ponts et les aéroports inachevés, et cette stupide statue qui regarde la mer ne nous feront ni oublier la police qui tire sur la foule, ni les 49% de chômeurs ou les 72% d’illettrés que compte le Sénégal d’aujourd’hui. Mais son plus grand crime restera d’avoir méprisé nos institutions et de s’être servi de notre Constitution comme d’une loterie nationale, à des fins strictement personnelles.  De fait Wade partira, et si ce n’est pas par une décision populaire, le grand âge l’y obligera et ce sont les années qui suivront sa chute qui seront le plus à craindre. Il a introduit la violence dans la vie politique sénégalaise. Pas seulement en envoyant des voyous attaquer la Mairie de Barthelemy Dias ou intimider les éventuels opposants politiques. Aujourd’hui dos au mur, il n’hésite pas à envoyer son porte parole acheter la jeunesse à coup de ballons et d’ordinateurs ! « Un ballon et une promesse contre votre avenir » : la vaste insulte !

Donc Aujourd'hui, mes chers compatriotes, il me semble que, dans l'intérêt du Sénégal, bien entendu, l'urgence, c'est : faire partir Wade. Pour des raisons "atmosphériques", ai-je coutume de dire ! Avec lui, il y a trop d'électricité dans l'air. Et pas assez dans nos foyers.
Il faut faire partir Wade, car nous avons besoin de paix. Nous ne voulons plus de la violence de son système, de la brutalité de sa police et de son agitation frénétique. Nous ne redoutons pas la mort, nous. Nous voulons changer nos vies.
Il faut faire partir Wade, pour y voir plus clair au Sénégal. Mais je n'oublie pas qu'en 2000, jeune "sopiste", je votais Wade. Je suis donc bien placé pour comprendre la déception de ceux qui ont placé en lui ce qui leur restait d’espoir.
Il faut faire partir Wade, sinon ce sont les meilleurs cerveaux du Sénégal qui vont partir.
Il faut faire partir Wade, sinon c'est le meilleur de chacun d'entre nous qui risque d'y rester.
Il faut faire partir Wade, car de lui-même il ne saura pas se retirer.
Il faut faire partir Wade, car nous valons mieux que lui.
Il faut faire partir Wade, parce qu'il ne nous mérite pas.
Wade, va-t-en !

Photo - dr     Texte - Malick Noël SECK
malicknoelseck@gmail.com
www.convergence-socialiste.com

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