La désinformation
D’autant que, parfois, cette information tronquée revêt carrément le visage de la désinformation : dans le numéro incriminé, la principale concerne bien entendu la corruption. L’article est tiré du dernier rapport de Transparency International sur l’intégrité de laquelle il y a beaucoup de chose à dire : elles ne sont pas dites, notamment que son « classement » n’a rien d’objectif mais est tiré de l’interrogation d’hommes d’affaires essentiellement anglo-saxons. Et, autre élément tout de même intéressant pour le lecteur, que son financement est assuré par des multinationales américaines : Enron, la fameuse Enron compta longtemps parmi ses principaux donateurs !
Le dit rapport de Transparency International concerne par ailleurs et d’abord les pays asiatiques, concurrent des multinationales américaines. L’Afrique n’est que subsidiaires mais, dans l’article de Jeune Afrique, est présentée pratiquement comme le continent par excellence de la corruption ! Alors qu’un sous-titre annonce qu’une « centaine de comptes bancaires suspects ont été découverts » Ce qui n’est évidemment rien vis-à-vis des milliers de comptes suisses récemment découverts, comptes appartenant à des Américains tout ce qu’il y a de blancs et conservateurs : Jeune Afrique (et Transparency International) ne voudrait-il pas déplaire aux Occidentaux ?
Ca me paraît évident depuis qu’il a quasiment adopté la ligne américaine vis-à-vis des pays « méchants » en Afrique : Zimbabwe en tête, le journal de Bechir Ben Yahmed flétrit tous les pays et personnages d’Afrique qui déplaisent aux Américains. Le Maroc, pays où la drogue est quasiment une affaire d’Etat, est ainsi préféré à l’Algérie beaucoup plus indépendante bien que beaucoup plus riche. Le Nigeria, pays fermé aux Américains, est beaucoup plus conspué que l’Angola qui les a acceptés au terme des guerres des Congo. Ce, alors que c’est ce même Nigeria qui, bien plus que l’Afrique du Sud, combat le néo-colonialisme occidental. Même s’il est dirigé par les « Lords of Lagos », les truands pouvant devenir des investisseurs clairvoyants et rester toute leur vie des patriotes !
Conclusion
Je me suis souvent interrogé sur les liens possibles entre Ben Yahmed et la CIA américaine : j’ai en effet été « chassé » par lui après que j’ai écrit un essai sur les Etats-Unis et l’Afrique qui avait plu tellement aux espions américains qu’ils en avaient commandé une traduction en anglais pour les ambassades américaines en Afrique. Et je fus remercié après une critique acerbe du « chef » pour son suivisme de l’Amérique bushienne dans la 2e guerre du Golfe (le soutien de Jeune Afrique aux Occidentaux était fou !)
Je n’ai bien entendu aucune preuve de ces liens éventuels. Sinon des doutes justifiés : car, aujourd’hui, Jeune Afrique continue imperturbablement à soutenir l’Occident au détriment de ses ventes. Comme je sais par ailleurs que les patrons de presse occidentaux ne pensent aujourd’hui plus qu’au fric, vous comprendrez très certainement mes doutes justifiés…
Texte - Christian d'Alayer