. Le seuil de pauvreté est fixé plus bas en Guadeloupe que dans l’hexagone… 10 euros par jour…
. Connaissez-vous le docteur Michel Numa ? En 1967, il prend part au mouvement social qui agite l’île. Les militaires ouvriront le feu sur des ouvriers du bâtiment qui réclamaient une augmentation. Les journaux parleront de 8 morts… Plus tard, on apprendra le score exact : 87…
. Comme Denis Tillinac, le journaliste Jean-Paul Mari tient à voir dans Haïti non une promesse d’avenir mais un repoussoir et un remède contre les velléités indépendantistes…
. Quand même, Mari rend à Jégo, alors secrétaire d'État aux Dom-Tom, sa sincère et honnête découverte d’une situation à jamais mésestimée… « Aujourd’hui, une poignée de grandes familles blanches, 1% de la population, contrôlent 40% de l’économie des Antilles… le journaliste traduit ainsi : « Il suffit de descendre de l’avion, de louer une voiture, de prendre de l’essence, de réparer un pneu crevé ou de faire ses courses dans un grand magasin pour se retrouver dans le circuit commercial des grands groupes qui étranglent l’île… »
. + la litanique liste des avoirs de Bernard Hayot… la 114ème fortune française… dans ses magasins à Basse Terre, l’eau minérale est 42% plus chère qu’en France ; le rumsteak, 50,8 % ; le beurre, 93%... sa richesse est passé récemment de 250 à 350 millions d’euros…
. En Guadeloupe, Hayot contrôle Audi, Mitsubishi, Renault, Seat, Toyota, Michelin, Rent a car, holiday by car, Monsieur Bricolage, Décathlon, Casino Cafétéria, Yves Rocher…. Le Nouvel Obs, à la 3ème page du dossier, lâche son scud… avant même la mission d'inspection demandée par Jégo, sur le système de distribution de l’essence, un prérapport accusait la Sara, société locale de raffinage rachetée par Total… Faux bordereaux transformant Sainte-Lucie, dans les CaraÏbes, en Sainte-Luce, en Martinique, pour éviter les taxes européennes… l’essence dilatée par la chaleur, livrée aux stations-service à 30 degrés de température mais payée à 15 degrés… ce qui produit, par camion, des différences qui vont jusqu’à 240 millions…
. Autre point de fixation des colères populaires : le crédit. Les banques refusent souvent des prêts à la création des petites entreprises… Les békés sont là, eux, pour offrir un crédit revolving ou l’achat d’une Mercedes à des fonctionnaires ou des salariés du privé déjà fragiles…
. Épilogue : « Les grands békés, après avoir bâti leur fortune sur un crime contre l’humanité, demandent des indemnités à l’État pour la moindre grêve, des prêts d’États transformés en subventions, des compensations… » (Jean-Paul Mari)
« Les hommes nouveaux, comme Élie Domota, n’ont pas de sympathie pour la France. Nous, nous étions déçus mais amoureux. Nous sommes des sentimentaux. Pas lui. » (Michel Numa)
Texte - Grégory Protche