L’engagement socialiste n’est pas une quête romantique. Nous ne sommes pas à la recherche d’un destin impossible pour le Sénégal, et l’opposition que nous avons incarnée depuis douze ans aurait pu être aussi bénéfique pour le peuple Sénégalais que nos quarante ans de pouvoir. Aux citoyens qui rejoignaient Convergence Socialiste, qui me mandate aujourd’hui pour vous demander le départ de Ousmane Tanor Dieng de la tête du PS, nous promettions de lutter pour l’amélioration de leurs conditions d’existence, pour une plus grande transparence de l’Etat, pour la justice sociale et la restauration de la dignité Nationale que le régime de Wade a dangereusement compromis.
Le Parti Socialiste a connu aux élections présidentielles de 2012 la plus grande défaite de son histoire. Nous avons perdu en dix ans, plus de 75% de notre électorat ! Désaveu populaire sans précédent dû principalement à l’absence totale d’organisation, d’orientation idéologique, de communion avec ceux qui souffrent, ceux qui ne pensent plus que le secours viendra de la classe politique.
Ce que l’APR de Macky Sall a réalisé, il le doit à la mobilisation de ses militants et à la détermination de son leader, qui en trois ans a passé 381 nuits à l’extérieur de Dakar. Aux lendemains des résultats de la présidentielle, Convergence avait entrepris d’effectuer une tournée à l’extérieur de Dakar afin de raffermir nos rangs et rassurer nos militants pour qu’ils ne perdent pas l’espoir. Les coordinations dans lesquelles nous nous rendions, à la sortie de la ville, n’avaient vu aucun représentant socialiste depuis dix ans. Pendant la présidentielle, notre cher Secrétaire Général passait le plus clair de son temps à Dakar, lorsqu’il n’était pas à Paris. À Saint-Louis, où il était attendu à 15h pour un important meeting, il arriva à minuit, alors que les militants épuisés étaient rentrés chez eux ; pire, trente minutes plus tard il repartait pour la Capitale. Nous n’avions aucune directive, aucun plan d’action. La pitance allouée en guise de budget aux différentes formations qui composent le Parti, ainsi que l’absence d’un directeur de campagne à deux jours de la présidentielle, étaient les signes prémonitoires d’une défaite annoncée.
Imagine-t-on le Parti socialiste français sans directeur de campagne à deux jours du premier tour ?
Il nous est insupportable de regarder Ousmane Tanor Dieng, l’actuel Secrétaire Général du Parti Socialiste, se précipiter aujourd’hui de nouer d’hâtives alliances pour s’approprier “un peu” des réussites de l’APR ; il espère ainsi masquer la terrible défaite que nous lui devons, à lui et à son absence d’initiative, de courage, à son incapacité à concevoir et réaliser une stratégie qui nous aurait amené vers une victoire qu’au fond il n’a jamais souhaitée !
Lorsqu’à l’insu de notre direction et en violation de toutes les procédures en vigueur, il envoya des ministres siéger dans le nouveau gouvernement et que des membres indignés du bureau politique l’interpelèrent pour lui demander des comptes, il prétendit que ne pouvant pas les joindre il leur avait envoyé des texto ! C’est vous dire le profond mépris qu’il a pour les membres de son Parti ! De notre parti.
Nous ne l’avons jamais entendu s’exprimer sur les détournements de fonds publics de l’ancienne administration. Jamais il ne s’est ému, ou n’a saisi l’autorité judiciaire pour ordonner une enquête, lorsque les Wade inventaient des festivals pour mieux puiser dans des finances qu’ils tenaient pour des comptes courants personnels. Pas une pensée pour nos militants emprisonnés ou pour les populations déplacées à cause des inondations. Aucun mot pour les militaires blessés qui doivent vivre avec onze milles francs de pension mensuelle. Aucun mot pour les nouveaux-nés morts dans des couveuses sans électricité ou pour les hommes et les femmes qui meurent d’insuffisances rénale parce que Wade préférait bruler l’argent du contribuable dans les voyages en jet privé de son fiston.
Ousmane Tanor Dieng nous a habitué à l’indignation feinte et aux déclarations inutiles, jamais suivies d’effet. Nous ne pouvons plus être tributaires de ses contradictions et de ses revirements. C’est lui qui hier nous exhortait à quitter Benno parce que disait-t-il, il ne peut y avoir d’élections au Sénégal sans un candidat socialiste ; et c’est lui qui aujourd’hui nous encourage à nous présenter aux législative dans une formation dont la tête de liste sera Moustapha Niasse.
De fait les législatives sont pour lui un échappatoire inespéré lui permettant de se rapprocher le plus possible du pouvoir pour “nous obtenir des députés”, c’est à dire l’illusion, le mirage non pas même d’une victoire, mais d’une action. La preuve qu’il fait quelque chose.
Mais quoi ? Que fait Tanor depuis 12 ans ?
Nous connaissions la vacance de pouvoir, situation institutionnelle le plus souvent accidentelle, Ousmane Tanor Dieng nous aura fait découvrir les charmes de la vacance de l’opposition.
À ceux qui pensent qu’Ousmane Tanor Dieng partirait après les législatives, qu’après douze années de repos acharné, il éprouvera le besoin de se dégourdir les jambes en accédant à une quelconque rente diplomatique, à laquelle son profil et ses capacités auraient du le cantonner, à Paris ou ailleurs, je tiens à rappeler que ses récentes déclarations indiquent tout le contraire. Il vient d’accorder au journal L’Observateur une interview qui est non seulement un désaveu pur et simple de tout ce que nous représentons, mais qui montre la fracture dans laquelle est en train de se dissoudre notre cher Parti. Il y déclare :
1) « que l’action du Parti avait pour but de se débarrasser de Wade ». Non Monsieur Tanor, l’action du Partis n’a qu’une seule finalité : la prise du pouvoir. Vous l’avez oublié. Pas nous.
2) que « douze ans dans l’opposition cela suffit ». La fin de l’opposition pour les Socialiste ne se décrète pas, elle s’acquiert par des victoires politiques ! Monsieur Tanor, vous, depuis trop longtemps, vous nous avez appris à nous suffire de participer. À perdre sans dommage. Sans conséquence. Jamais.
3) que « nous ne sommes plus dans l’opposition puisque nous avons gagné ». Il s’agit là d’un message subliminal destiné aux militants : il n’y aura aucun changement dans la direction du Parti ; nous n’incarnons même plus une opposition Socialiste puisque nous n’existons désormais que pour soutenir le libéralisme que prône Macky Sall. Le rendre plus présentable. Le crédibiliser en donnant à croire qu’il a une opposition.
C’est vous dire la magnitude de la crise identitaire que nous traversons !
La fonction de Secrétaire Général du Parti Socialiste est une lourde tâche qui incombe à un véritable leader, une femme ou un homme qui a un projet, une vision pour le Sénégal. Je convie l’instance dirigeante du Parti ainsi que nos militants à considérer la gravité de la situation. Nous appartenons à une formation démocratique dans laquelle les décisions prises ne peuvent relever ni du clientélisme ni du paternalisme. Ousmane Tanor Dieng n’est pas un père pour les Socialistes. Il lui a été confié une mission à la réussite de laquelle il a failli. Il est aujourd’hui au Parti Socialiste ce que l’écharde est à la blessure, et il ne partira pas tant que nous ne l’aurons pas nous même extirpé.
Il est nécessaire, urgent et impératif qu’il soit destitué.
CS ne saurait soutenir une liste qui n’a plus rien de socialiste.
Maison du Parti Socialiste le 08 juin 2012
Malick Noël SECK
SG Convergence Socialiste
www.malicknoelseck.com