Dans la déclaration qui suit, Sidi Mohamed Sidibé invite les manifestants à éviter tout dérapage lors de la journée nationale de protestation initiée par l’opposition ce 18 janvier 2014. Il appelle également les démissionnaires du CDP, parti au pouvoir, à rejoindre l’opposition en participant à la marche de Ouagadougou.
Citoyens du Burkina Faso,
Jeunesse du Faso,
Hommes, femmes,
Notre pays traverse en ce moment une situation politique sans précédent. Jamais dans les batailles politiques de notre histoire, nous n’avons assisté à un divorce d’envergure aussi cinglante entre caciques de nos clans politiques sans bain de sang ou sans que la marche de nos institutions en soit compromise.
Un vent nouveau de conscience et de culture politique souffle désormais. Ceci est incontestablement l’héritage de plusieurs années de lutte, d’apprentissage et de conscientisation de nos masses actives.
Sans conteste, nous marchons aujourd’hui au-devant d’une démocratie véritable. Et nous devons de façon idoine, à jamais protéger ces acquis de toutes menaces.
Certes cela n’est aucunement une victoire sur la dérive de gouvernance et de main mise sur le pouvoir dans sa globalité.
Mais force est de constater qu’un espoir est né quant à l’avènement d’une alternance. Les démissionnaires du CDP nous ont montré qu’un homme quel que soit son rang dans la hiérarchie des responsabilités peut se tromper.
Mais la vraie responsabilité d’un homme se mesure à l’aune de sa capacité à reconnaître ses erreurs surtout quand la destinée de son pays en est menacée et à les assumer. Il n’est jamais sans peine et sans conséquence d’abandonner un enfant que l’on a enfanté. En général, on consent à se sacrifier pour que vive sa progéniture.
Mais eux l’ont fait, au nom de la démocratie, pour que vive et reste débout leur Nation. Ils ont abandonné le CDP !
Cela doit renforcer toutes les luttes déjà engagées jusqu’à la victoire finale du peuple, pour le maintien et la consolidation de notre démocratie.
Cela montre également ô combien cette lutte est légitime. La gouvernance d’un pays ne peut en aucun cas être clanique, familiale ou tribale. Les lois et les constitutions ne peuvent être faites ou défaites au gré d’ambitions personnelles. Nous continuerons donc à nous y opposer avec toute la vigueur qui convient.
J’appelle de mes voeux ces démissionnaires à se ranger dans le camp de l’opposition et la route qui mène au bonheur du peuple ne sera que plus facile à arpenter.
Car dans le contexte actuel de déchirure éloquente entre le peuple et ses dirigeants, déchirure à laquelle ils sont jusque-là restés sourds, toutes forces utiles sont à considérer. Et les expertises des démissionnaires ne sont pas des moindres.
Certains tenteront par tous les moyens de jeter le discrédit et l’anathème sur eux, pour les confronter au peuple qui souffre. Mais ne nous trompons pas de combat.
S’ils avaient commis des forfaitures, nous aurions dû le savoir et certainement nous les aurions combattus.
Ce n’est certainement pas à cet instant du combat, où des avancées se gagnent chaque jour par le peuple, qu’on nous servira des raisons risibles et dilatoires pour nous détourner de nos nobles objectifs. Surtout quand cela vient du Clan malsain qu’ils ont courageusement quitté.
J’ose en toute modestie, me faire messager pour porter à eux, l’invitation à participer à la marche prévue par l’opposition le 18 Janvier 2014 à Ouagadougou et dans les provinces. Ce qui scellera de façon solennelle leur retour au sein de l’opposition, mais surtout au sein du peuple que leur clan originel voudrait toujours servile.
C’est pourquoi, j’appelle avec ferveur, tous ceux qui forts de leurs convictions pour la défense de la paix, n’ont cessé de se battre, à rester vigilants.
Nous devons leur donner l’assurance de notre disponibilité à collaborer avec eux, pour ne pas faire le jeu du régime qui a déjà commencé à leur jeter l’opprobre avec la collaboration d’une justice compromise et bâillonnée.
La réussite de ces manifestations dépendra de notre mobilisation et de notre sens de la responsabilité. Restons fidèles à nos nobles objectifs et évitons toutes formes de débordement. Il en va de notre victoire finale. Car l’ampleur de ces manifestations sera la tonalité de l’écho de nos protestations en Afrique et dans le monde.
Puisse le Burkina Faso sortir grandi de ces troubles et puisse la paix, éternellement régner sur lui.
Dessin - Mil Pat Masioni
Texte - Sidi Mohamed SIDIBE
Opposant issu de la diaspora
Strasbourg France
PS : la titraille est de la rédaction