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Le Gri-Gri International

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Renaudot - "Le nouveau Despentes ? C’est un sale roman, c’est une sale histoire, c’est une romance d’aujourd’hui !", dixit Princess Erika

Publié par Princess Erika dr www.legrigriinternational.com sur 16 Novembre 2010, 15:14pm

Catégories : #Le feuilleton littéraire de Princess Erika

virginie despentes dr www.legrigriinternational.com Princess Erika Feuilleton littéraire www.legrigriinternational.com 

À l'occasion de l'attribution du prix Renaudot à Virginie Despentes, il y a quelques jours, nous republions l'article que lui avait consacrée le 13 septembre dernier, dans son feuilleton littéraire, Princess Erika. Tel Jean Genet, le Gri-Gri est du côté des plus forts !

 

Je n’avais pas envie de finir le dernier roman de Virginie Despentes, Apocalypse Bébé. Ou plutôt, je n’avais pas envie qu’il se termine. Je traînais pour ne pas lâcher ces histoires de femmes arrogantes et radicales mêmes quand elles sont molles et un peu laxistes comme Lucie. Une privée chargée de surveiller une adolescente un peu perdue, Valentine Galtan : « une gamine à moitié dingue » qui passe son temps à se faire baiser et à se défoncer, d’après elle. C’est la grand-mère de la petite qui l’a engagée, c’est le vrai chef de famille. Le père, François Galtan, écrivain « espacé » (il est sur la pente descendante) est trop occupé à lui-même pour prendre la moindre décision qui ne le concerne pas. Et la mère, Vanessa, les a abandonnés quand elle était encore bébé. Au bout de quinze jours de filature, Valentine disparaît. Lucie, pas persuadée d’y arriver toute seule, va s’adjoindre les services d’une vraie pro à la réputation de folle furieuse mais avec du résultat : La Hyène. Lucie espère que La Hyène fera le boulot à sa place. Elle suivra.

À partir de ce moment, tout arrive ;  les deux femmes s’embarquent dans une épopée style Thelma et Louise trashée et lesbianisée à mort, qui partira même s’échouer un temps sur les plages de Barcelone. Certains chapitres écrits du point de vue des personnages que Lucie et La Hyène rencontrent au cours de leur enquête et d’autres, selon Lucie seulement, racontent les mêmes évènements parfois, les oublis manifestes des uns opposés aux mensonges des autres.
François n’a pas daigné parler de Vanessa, la mère de Valentine, aux deux privées. Elle les a quittés, à quoi bon. Vanessa aime le changement, elle s’appelait Louisa au départ. Pourquoi Valentine irait la chercher ? Lui, beau vieillissant, n’a pas renoncé à avoir à nouveau du succès. Il n’avait pas imaginé « les crasseux, les incultes les publicistes plébiscités par leurs pairs ».
Mais il pense malgré tout que son heure va enfin...revenir. Les vaniteux sont faciles à piéger… La Hyène en profite.

Claire, sa deuxième femme, quittée par son premier mari, ne se résout pas non plus à voir la vérité en face. Elle s’accroche à François alors qu’elle sait qu’il est décevant comme un écrivain et lâche comme un homme. Valentine l’a giflée, elle lui fait peur. C’est elle qui a appelé Vanessa pour la prévenir que Valentine avait disparu et qu’elle pouvait s’attendre à sa visite… Sans en parler à son mari. Quand Valentine arrive au pied de son immeuble à Barcelone, ce n’est pas le bon moment pour Vanessa. Elle n’a pas dit à Camille, son architecte de mari, qu’elle avait une fille… De toute manière elle n’était pas faite pour la Catalogne. D’ailleurs Valentine n’attend rien de cette femme. Ni de sa famille arabe qu’elle a récemment retrouvée dans une cité pourrie. Sauf de Yacine, son cousin…  La Hyène aussi a ses secrets qui la torturent. Elle aime être violente, secouer les gens pour obtenir des infos ne la dérange pas. Elle aime les filles, ouvertement. Trimballe la pauvre Lucie dans des partouzes géantes, pleines de défonce. Pourtant c’est là que Lucie rencontre Zoska. Qui la sauvera en définitive. Le périple continue, Valentine a trouvé refuge dans un couvent, auprès de sœur Elizabeth. Elle a soi-disant passé sa vie à aider les autres mais au service de qui ? Qui est-elle vraiment ?
Bizarrement les deux enquêtrices retrouvent la petite, mais La Hyène se méfie. La fin tragique et inattendue, presque burlesque avec cette « bombe utérus », donne toute la démesure de l’imaginaire de Despentes ; des femmes masculines, gourous manipulatrices, prêtes à mourir pour une cause inconnue, ou des belles financièrement dépendantes, hétéros virant homos, des hommes anéantis et admiratifs, battus physiquement parfois et mentalement souvent. Quand j’ai fini, j’ai fredonné ravie : c’est un sale roman, c’est une sale histoire, c’est une romance d’aujourd’hui !

 

Photo - dr   Texte Princess Erika

 

PS : Apocalypse Bébé, roman de Virginie Despentes, vient de paraître aux éditions Grasset

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