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Le Gri-Gri International

Le Gri-Gri International

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Le 3ème jour, c'est demain soir à la télé

Publié par Grégory Protche www.legrigriinternational.com sur 4 Novembre 2010, 12:00pm

Catégories : #Gri-Gri TV

 
J'ai rencontré Juliette Fiévet le même jour que Dawn Silva, THE Bride of Funkenstein. Un signe. Depuis, quand Juliette me recommande un dvd - comme celui consacré à Foccart, dont je vous entretiendrai bientôt, en long, en large et pas de travers -, un disque, un personnage ou une expo, même un téléfilm, j'ai tendance à ne pas passer outre. Ainsi du 3ème jour, réalisé par Bernard Stora (auteur et metteur en scène de dizaines de scénars pour le ciné ou la télé, mais aussi, en début de carrière, assistant du grand Clouzot sur l'inachevé L'Enfer ou du génial Jean Eustache), et projeté en avant-première à la mairie du XIème arrondissement de Paris le 25 octobre dernier. (C'est vrai qu'aujourd'hui un téléfilm est aussi un produit à "défendre", vu qu'il fera à coup sûr plus de spectateurs que 99% des films de cinéma qui sortent).
Métro Voltaire. Une esplanade de mairie de banlieue paisible devant un bâtiment excessivement parisien. Dans le 3ème jour, outre Étienne Chicot (parfait à peu près partout et par tous les temps) et Yann Ebongué, il y a surtout, pour moi, j'avoue, Doudou Masta... Un pillier-pionnier du Hip-Hop français, avec Timide et sans complexe d'abord, au début des années 90, puis en solo, en combinaisons et featurings. Qui a aujourd'hui à son actif une solide dizaine de rôles ou de voix (Arthur et les Minimoys, Babylon A.D., Madagascar 2, La Horde, Le Mac et African Gangster - réalisé par le rappeur Alpha 5.20...). Pour la petite histoire et les puristes, je l'ai même déjà interviewé, pour Radikal, sur le tournage d'un film x de chez Dorcel à B.O. rap, dans lequel figuraient divers artistes français. Un type honnête (ça compte), sérieux et pas cabotin. Le hasard n'étant que le nom que les imbéciles donnent à la Providence, si l'on en croit Léon Bloy, je n'ai pas été surpris quand, il y a deux ans sur Tropiques FM, pour le générique des Questions du Gri-Gri, c'est à lui qu'on a demandé de poser sa voix. La voix de Doudou Masta : aussi bien que celle d'Étienne Chicot !
Bon accueil. Et de la mairie et de la prod. Quelques revoyures. Des gens qu'on fait mine de pas reconnaître. Le cocktail est service public délocalisé. Quand c'est chez France Télé, c'est champagne et petits fours, lit-on souvent dans Libé. Là, c'est rouge, blanc, jus, charcuterie, mini sandwiches et wings de poulet. Et c'est pas plus mal. La présence de quelques capuches, bonnets et jean's qui braillent au bas des culs, paradoxalement, me rassure ! Et d'une, le Hip Hop continue d'entrer partout. De placer ses inconscients soldats. Comme un club de foot formateur, il produit des artistes. De deux, et je l'ai souvent observé, quand il y en a parmi les invîtés, et bien les intermittents, les journaleux et les élus venus clientéler se tiennent mieux. Little bémol : les chaises. Les seules ce soir à pouvoir se vanter d'avoir cassé des culs. Malgré les restes du coktail encore très présentables, je suis pas resté au débat. À la fin d'une projection, chacun (se) cherche un avis fondé à enfiler. Le mien, je le garde pour ici !
Résumé du dossier de presse : Léo Dembélé n'a pas encore vingt ans, Manon, sa petite amie, à peine 18. Elle accouche d'un enfant de lui. Soucieux d'assumer ses responsabilités, Léo est bien décidé à chercher du travail et à se ranger. Mais comment trouver les mille euros nécessaires à l'achat d'une jolie chambre pour le bébé ? Titi, son meilleur copain, connaît le moyen de lui faire gagner de l'argent rapidement. A condition de remettre à plus tard ses bonnes résolutions.
Dans Deux hommes dans la ville, chef d'oeuvre de José Giovanni avec Gabin et Delon (un des meilleurs amis d'Étienne Chicot), outre la peine de mort, moteur militant de l'oeuvre, est abordé, comme dans le 3ème jour, la question de la fatalité. Delon le sorti de taule réinséré finira par replonger. Succombera à sa tentation. Tuera le flic vicieux et incrédule qui le harcèle. Se fera guillotiner. Léo le "banlieusard" (les "quartiers" de province valent bien ceux de Paris, l'enclavement et le vrai racisme, historique et social, en plus) n'échappera pas à son destin de sacrifié sur l'autel de la contre-exemplarité. Le reste (malgré quelques ficelles scénaristiques disons "osées" et une réalisation un peu plan-plan) : une chaîne de conséquences qui lient les pieds du héros. Qui a fauté fautera. Etc. Comme le dit justement Doudou Masta - bien plus convaincant que dans La Commune, en sale mec, alternativement violent et dégueulasse - : les gangsters ne sont pas scarfaciens. Ce n'est donc pas cette dimension seule, la fascination, qui précipite des jeunes gens vers la délinquance. Mais un contexte, un espace et un temps dans lesquels tout s'efface et s'inverse. Où plus rien ne marche. Où on s'aperçoit qu'on a aucun des réflexes du citoyen normal. Et autour de soi des gens presque aussi déconnectés, mais supposés eux vous recadrer. La mère de Léo, insensibilisée par son destin de fille-mère. Errante. L'éducateur, avatar du prof, à qui on ne répond même plus non quand commence la leçon. La belle famille, pourtant caricaturalement antiraciste, chez qui on ne souhaite pas dormir même s'il est tard pour rentrer. Ce vieux flic bougon de Chicot, ancienne gachette, rendu impuissant et humain à mort par le calvaire final de son épouse... Doudou le méchant même pas brillant fera plonger Léo. Car il y a aussi du tragique en banlieue.

 
Texte - Grégory Protche
PS : Le 3ème jour sera diffusé le vendredi 5 novembre à 20h35 sur France 2
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