Elle s’appelle Cécile Cukierman, et est sénatrice de la Loire. Agée de 36 ans, membre du groupe communiste et républicain et de la Commission de la Culture, de l’Education et de la Communication, elle est la benjamine de la Chambre haute de l’édifice parlementaire français. Le 2 mars dernier, elle a écrit une lettre au ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé. Le Nouveau Courrier s’est procuré une copie de ce courrier destiné à attirer l’attention du chef de la diplomatie française « sur la situation préoccupante dans les universités ivoiriennes ».
« J’ai en effet été interpellé par un syndicat universitaire, le SNESUP, qui m’a informée que le Président de la Côte d’Ivoire, Monsieur Alassane Ouattara, a décidé unilatéralement de fermer les établissements publics ivoiriens d’enseignement supérieur jusqu’en septembre 2012. Par conséquent, près de 20 000 étudiant(e)s se sont trouvé(e)s dans l’obligation de s’inscrire dans des établissements privés, avec des frais d’inscription bien plus onéreux », écrit Cécile Cukierman. Qui note que les travaux de réhabilitation des universités de Cocody et d’Abobo-Adjamé, laissent « une majorité d’étudiants, ceux qui n’ont pas accès aux établissements privés trop coûteux, dans la rue », écrit-elle.
« Cette décision de fermeture des universités est regrettable et risque de sacrifier un nombre considérable de bacheliers, d’étudiants et de chercheurs dans un contexte déjà très tendu. Il est en effet vital de former cette jeunesse qui aspire à un meilleur avenir et qui constitue un véritable vivier pour le développement économique futur de ce pays. A cette situation très confuse, s’ajoute l’emprisonnement arbitraire d’universitaires Ivoiriens, alors que d’autres se verraient contraints à l’exil face aux menaces qui pèsent sur eux. Compte tenu de ces éléments et de la récente visite d’Etat que Monsieur Alassane Ouattara a effectué en Janvier dernier sur notre territoire, je vous serais reconnaissante de m’informer de la situation de ces universitaires qui seraient emprisonnés sans jugement, et des actions menées par le gouvernement en place pour permettre un accueil des universitaires dans les établissements en état de les recevoir et ce, dans des délais acceptables », conclut la sénatrice.
Alain Juppé a pris l’habitude de ne pas répondre aux interpellations des parlementaires troublés par la collusion entre l’exécutif français et le régime d’Abidjan. En juillet 2011, la sénatrice de Paris, Nicole Borvo Cohen-Seat, alertait déjà le patron du Quai d’Orsay sur la situation désastreuse des droits de l’homme en Côte d’Ivoire, sans recevoir de réponse formelle.
Photo - dr Texte - Philippe Brou