Guy Labertit
C’est par une procédure confidentielle que celui qui a dirigé pendant plus de dix ans la Côte d’Ivoire, le Président Laurent Gbagbo, est déféré à La Haye devant la Cour pénale internationale (CPI). Par la nature arbitraire de son acte qui enfreint la légalité et ressort de la justice des vainqueurs, la CPI confirme qu’elle ne dit pas le droit. En prétendant juger le Président Gbagbo, elle n’est qu’un instrument politique au service des puissances occidentales qui continuent de dominer l’essentiel du continent africain et ses richesses naturelles, qui continuent d’étouffer ceux qui aspirent à une authentique souveraineté, plus de cinquante après les indépendances. C’est depuis la fin des années 1960 le sens du combat de Laurent Gbagbo, opposant, qui a promu le multipartisme face au parti unique, de Laurent Gbagbo, Président, qui entendait que les Ivoiriens aient la maîtrise de leur destin.
Comment tolérer qu’un simple litige électoral national après une campagne que tous avaient jugé exemplaire ait pu conduire, sans que ne soient recomptés les bulletins de vote, à une intervention armée sans précédent de la France ordonnée par le Président Sarkozy qui a outrepassé les réso- lutions de l’ONU allant jusqu’à bombarder la résidence présidentielle.
C’est par la force de l’armée française appuyée par l’ONUCI, parfois mise devant le fait accompli, qu’un Président, Alassane Ouattara, a eu l’effectivité du pouvoir en Côte d’Ivoire, au mépris de la souveraineté des institutions ivoiriennes. Sept mois après son installation, celui qui s’est appuyé pendant huit ans sur une rébellion armée, cautionnant toutes formes de violence, pour se maintenir sur l’échiquier politique ivoirien, jette le masque. Les cadres de l’ancienne majorité présidentielle restent détenus, l’opposition est muselée, les journalistes sont arrêtés ou licenciés en masse. La France maintient à bout de bras, tant au plan financier que sécuritaire ce pouvoir né d’une rébellion armée contre les institutions républicaines de la Côte d’Ivoire, et issu de résultats frauduleux du scrutin du 28 novembre 2010.
Comment croire à l’équité du procureur de la CPI Moreno Ocampo qui a bâclé son enquête partiale en terre ivoirienne et se trouvait au domicile parisien du président Ouattara trois jours avant l’annonce officielle du mandat d’arrêt ?
Plus que jamais la libération du Président Gbagbo et de tous les détenus politiques en Côte d’Ivoire peut créer les conditions indispensables à la réconciliation et à la paix en Côte d’Ivoire.
Photo - dr Texte - Félix Atchadé et Guy Labertit (in Nouveau Courrier n°379, 30/11/2011)