Article initialement paru le 22/04/14 sous le titre "Compte à rebours pour Gbagbo" et la plume de Stéphanie Maupas
Laurent Gbagbo sera-t-il ou non jugé par la Cour pénale internationale ? D’ici le 13 juin, les juges devront décider si l’ancien président ivoirien, suspecté de crimes contre l’humanité commis lors des violences qui avaient endeuillées la Côte d’Ivoire suite à la présidentielle de 2010, doit être renvoyé en procès ou bénéficier d’un non-lieu.
Incarcéré depuis avril 2011, son procès devrait déjà être sur les rails. Maisil y a un an, les juges avaient demandé au procureur de « revoir sa copie » et compléter ses enquêtes.
Depuis son échec de juin 2013, le procureur a ajouté 4 000 nouvelles pièces à conviction et 26 témoignages à son dossier, étayés dans un document de près de 200 pages, plus précis, plus argumenté. Mais sera-t-il cette fois suffisamment solide pour convaincre les juges de renvoyer Laurent Gbagbo en procès ? Au cours des prochaines semaines, les magistrats devront déterminer si les accusations de crimes contre l’humanité portées contre Laurent Gbagbo pour les meurtres, viols, actes inhumains et persécutions qui auraient été commis sous ses ordres et à son instigation suite à la présidentielle de novembre 2010, sont suffisamment solides pour le juger.
Un plan pour rester au pouvoir
La thèse du procureur s’articule en trois points. Dès son élection en 2000, Laurent Gbagbo aurait mis en œuvre un « plan », dans le but de rester au pouvoir. Pour y parvenir, le chef de l’Etat aurait, avec ses proches, dont son épouse Simone Gbagbo et le chef des Jeunes jatriotes, Charles Blé Goudé, décidé d’éliminer les partisans de son rival, Alassane Ouattara. Dans les derniers mois avant la présidentielle de 2010, Laurent Gbagbo aurait mis en place une « hiérarchie parallèle » formée de ses inconditionnels, pour s’assurer la loyauté des forces ivoiriennes, armée et police. Lorsque la communauté internationale déclare la victoire de son rival Alassane Ouattara début décembre 2010, Laurent Gbagbo s’y oppose et ses forces sont prêtes. Armée, police, miliciens, dont les Jeunes patriotes, et mercenaires, essentiellement Libériens, mettent en œuvre « le plan » Gbagbo. Voilà l’essentiel de la thèse de l’accusation.
