Il faut savoir s'imposer le pire. En ne risquant rien. L'autre jour, jeudi, à une heure où les enfants se baignent et où les adultes s'engueulent, un zapping totalement gratuit offre l'impossible : la finale de l'Euro féminin sur Eurosport. En direct de Finlande, là où les vikings ont été remplacés par à peu près rien... L'Euro de foot. Des femmes en short et chaussettes. Des arbitres avec des seins. Des sélectionneuses cheveux courts et regards glacials.
Ça se passe du côté de Helsinki. Dans la tribune officielle, Michel Le Grand. Platini encerclé par des femmes, Platini l'air ailleurs, la fatigue palpable. Platini payant de sa personne. C'est désormais une évidence : il va falloir regarder.
Le peuple a répondu présent et les gradins ne sont pas vides. Les hooligirls se remaquillent entre deux actions et les chants des supporters ont été oubliés à la caisse d'un grand magasin. Un immense tifo revendique le R.E.S.P.E.C.T. Pas de doute, le football n'est ici qu'une excuse, presque un accident. Angleterre-Allemagne. Une vraie affiche, dans l'autre monde...
Coup d'envoi. D'entrée, les joueuses se la donnent, elles courent et pressent, elles imitent, tant bien que mal. Mâl(e)s. Courageuses, volontaires, généreuses, elles flirtent avec la technique, un peu, et, rarement, elles ont des idées concrétisées par des situations devant les cages. Les défenses n'en sont pas, les attaques griffent plus qu'elles ne marquent la rétine. L'Allemagne est favorite nous apprend le commentateur qui parle tout doucement, comme s'il était ici question de tennis. Ou de golf. Ou comme s'il s'était planqué dans les douches après le match. Déjà cinq ou six (pourquoi pas 22 tant qu'on y est?) titres de championnes d'Europe, voilà le palmarès teuton! Une paille. On apprend encore que l'Allemagne rêve d'or olympique (elle n'a touché que le bronze) et que la Coupe du Monde se rapproche, à domicile. 2011. On va bien sûr laisser d'abord s'exprimer les seuls footballeurs, en Afrique du sud. Tout de même...
On aurait pu proposer un résumé dense et amoureux de cette finale. Mais non. Le score suffira : 2-6. Berlin explose de joie, encore une fois. 2-6, n'importe quoi !
L'idée n'est pas de dénigrer le football féminin. Non. L'idée est plutôt de dire que le football ne peut-être que masculin, que porté par un esprit guerrier enfoui au fond des entrailles des hommes d'aujourd'hui. Aucune misogynie à signaler, simplement un fait. Le ballon rond aime les garçons, ce n'est ni triste ni regrettable. Juste cohérent. INDISCUTABLE.
En revanche, le débat idiot sur la vidéo n'existe pas quand les femmes foulent la pelouse. Pas besoin. Tout est ici comme découpé, fragmenté. Même les beaux gestes (il y en a) et certains buts (il y en beaucoup trop) imposent un ralenti au temps présent.
La pub met fin à la comédie. Raymond Domenech peut dormir tranquille. Estelle Denis n'est pas prête de lui piquer son poste. Encore que...
PS : Jérôme Reijasse est l'auteur de Parc, aux éditions l'Oeil d'Horus (consacré à la difficile condition de supporter du PSG l'année où celui-ci aurait du descendre en L2, 2007-2008)
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