Il y a quelques mois de cela, les rappeurs de La Rumeur m'ont demandé de venir témoigner lors de la énième relance de leur procès (*). À la sortie, nous bûmes un verre aux abords du palais de justice de Versailles. Il y avait là quelques journalistes, les membres du groupe, des proches, leur avocat, le légendaire Maître Tricaud, les autres témoins, Fara C, Serge Teyssot-Gay (Noir Désir)...
Je fus surpris de retrouver, dans le public de Souria Adèle, il y a quelques semaines, une des personnes attablées complicement à Versailles. Ayant à peine discuté à Versailles, nous profitâmes, Randianina - c'est son prénom, un prénom malgache - et moi, de l'occasion pour continuer la conversation. Avec d'autant plus de plaisir qu'à nous s'était joint une grande amie de Randianina, la délicieuse Maryse (ci-dessous).

Maryse avait été muse, inspiratrice. De poètes, de peintres, de jazzmen. Elle se relevait à peine d'un difficile accident vasculaire et cérébral, si j'ai bien compris. Elle n'en était pas moins volontiers hilare, de mauvaise foi et lapidaire. Pour elle, pas de doute, la France et Sarkozy se méritaient !

Elle but ce soir-là autant de verres que nous et fuma encore plus que moi. Maryse avait du faire toute sa vie ce qu'elle voulait, elle qui, en plus d'avoir assisté à l'indépendance du Ghana, avait cotoyé Burroughs et quelques autres. Ce n'était pas maintenant qu'elle allait devenir prudente...

Dans ma série de "Questions du Gri-Gri" à la radio, le lundi suivant, après un petit compte-rendu du show de Souria Adèle, en guise de pensée du jour, j'en ai placé une pour Maryse et sa copine malgache. Elles étaient bien contentes. Comme moi. Et du spectacle et de notre rencontre et de ma chronique.
Et puis une semaine plus tard, Randianina m'a appelé. Voix de bouleversée. Maryse est morte.
Photos : Randianina P. - Texte : G.P.