Le 7 juin 1990, Nelson Mandela déclarait à la tribune de l’Assemblée Nationale française : «Le nom de la France évoque chez notre peuple les images vivantes d’une lutte couronnée de succès contre l’autocratie, pour la démocratie et la justice. »
Près d’un quart de siècle plus tard, alors que la figure emblématique du premier président postapartheid de l’Afrique du Sud continue de guider les pas de tous ceux qui, africains ou non, se reconnaissent dans sa lutte indomptable pour l’égalité des hommes et la souveraineté des peuples, quelle image évoque aujourd’hui la France pour des millions et des millions d’africains qui ne rêvent que de la victoire de la démocratie et de la justice sur l’autocratie ?
Le 17 juillet dernier, le président français François Hollande a effectué, au cours d’un périple de trois jours en Afrique, une escale décrite comme « économique » en Côte d’Ivoire. Les turbulences sans merci du monde, guerre à Gaza, destruction du vol de Malaysia Airlines, ont « relégué », pour la grande majorité de l’opinion publique française, cette étape au dernier rang de l’information. Pour les africains, et les ivoiriens en particulier, il en a été autrement.
Car la Côte d’Ivoire est devenue pour eux le point focal où, depuis le tournant du nouveau siècle, se joue en partie l’avenir politique de l’Afrique, entre les tenants de la démocratie et de la justice et les soutiens, sans états d’âme, des autocrates. En effet le combat politique mené par le président Laurent Gbagbo, dans ses années d’opposition d’abord, ponctuées de prison et d’exil, puis pendant sa présence à la tête de l’Etat, est exactement celui que le « nom de la France » évoquait chez Nelson Mandela. C’est ce combat, exclusivement fondé sur le respect du droit et le débat démocratique, qui a été brisé à l’occasion de la crise postélectorale de 2010/2011 en Côte d’Ivoire et dont les effets se font toujours sentir près de quatre ans plus tard.
L’installation manu militari des dirigeants actuels à Abidjan, dans des conditions maintes fois décrites, a conduit le pays dans l’impasse politique, dans un lourd climat de dégradation du tissu social sur fond de corruption et de prévarication.
La défaite, en mai 2012, du président français sortant, considéré à juste titre comme le « grand ordonnateur » de cette installation a, sans doute, été facilitée par l’engagement sans précédent de dizaines de milliers « d’Africains de France », mobilisés en particulier autour d’intellectuels comme Calixte Beyala, et qui ont ainsi démontré à Nicolas Sarkozy que « l’homme africain était entré dans l’Histoire »…
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