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Le Gri-Gri International

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#OùEtiezVousLe11Avril2011 / Texte et vidéo de l'allocution Mathilde Thépault (HGMJ)

Publié par Gri-Gri International Mathilde Thépault (HGMJ) sur 7 Mai 2016, 19:34pm

Catégories : #Côte d'Ivoire - Élections 2010, #CPI, #Gri-Gri TV, #Politique, #Francophonie, #Françafrique

Mathilde la Prési et Célestine l'Egérie 11/04/2016 Paris
Mathilde la Prési et Célestine l'Egérie 11/04/2016 Paris

Texte de l'allocution prononcée par Mathilde Thépault, présidente de l'association Halte au Génocide Mémoire et Justice (HGMJ), à l'occasion du dépôt d'une gerbe au pied de la statue de la Bastille à Paris, le lundi 11 avril 2016 pour le cinquième anniversaire du kidnapping et de l'enlèvement du dernier président ivoirien élu et investi régulièrement, Laurent Gbagbo.

Le 11 avril 2011, j'étais en Ukraine, à Kiev, avec mes enfants, Camille et Julien, dans le cadre d'un voyage scolaire ; car, en bonne pro-Gbagbo, je suis enseignante. Je dirais même qu'en bonne pro-Gbagbo, j'étais comme lui francophile. Pratiquante de la langue et de la culture françaises. Epouse de Français. Et mère de futurs citoyens français... qui auront vu l'armée du pays de leur père attaquer le pays de leur mère.

En vérité, le 11 avril 2011, j'étais surtout au téléphone. Toutes les heures, je joignais mes parents sous les bombes franco-onusiennes à Abidjan. Dans leur pays. Dans notre pays. Dans mon pays. Attaqué par des puissances extérieures qui venaient nous enseigner la démocratie, les droits de l'homme et la réconciliation avec des armes lourdes, des hélicoptères de films de guerre, un ignoble embargo sur les médicaments et une entreprise médiatique de diabolisation faisant de nous des nazis et de notre président élu et investi, Laurent Gbagbo, une déclinaison nègre d'Adolf Hitler.

Lui à qui la Côte d'Ivoire doit le multipartisme et l'enseignement gratuit et Alassane Ouattara d'avoir pu, contre la loi, se présenter deux fois aux élections présidentielles. Ouattara n'est ingrat qu'avec les Nègres.

Notre pays, la Côte d'Ivoire, offensé, diffamé et affamé car indépendant, jaloux de sa souveraineté et soucieux du respect de sa constitution.

Nous n'avons pas attendu Obama, qui en 2009 à Accra venait nous dire qu'en Afrique les institutions devaient plus compter que les hommes.

Nous savions que nous n'entendrions pas Obama protester, deux ans plus tard, contre le coup d'état perpétré par Nicolas Sarkozy et l'ONU en Côte d'Ivoire au nom d'une communauté internationale aussi blanche que les accusés de la CPI sont noirs.

Un coup d'état qui dura dix ans. Un coup d'état qui mit d'abord au monde en 2002 une rébellion, dirigée et incarnée par Guillaume Soro, protégé et nourri par l'assassin de Thomas Sankara, l'employé de l'Elysée et de Washington Blaise Compaoré, pour le compte d'Alassane Dramane Ouattara.

Ce Soro qui est aujourd'hui, Ô honte, le Président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire... en même temps, nous révèlent les Américains, qu’il est le détenteur d'un tiers de l'arsenal ivoirien.

Ce Soro qui, malgré plusieurs mandats d'arrêt internationaux aux fesses, n'est pas livré par notre pays à ceux qui voudraient l'entendre, à Paris, à Ouagadougou où à La Haye. Ce Soro à qui les gendarmes de Bouaké en 2002 doivent la plus grande saignée qu'aient connu leurs effectifs. Je ne parlerais pas ici des Adjanous, des 90 combattants MPCI morts d'étouffement dans des containers à Korogho, des massacres d'Anankoua Kouté, du génocide pratiqué à Duékoué, des femmes et des jeunes patriotes liquidés par milliers avant le kidnapping et la déportation du Président Gbagbo. De l'implication notoire de Soro dans la tentative de putsch en 2015 au Burkina Faso.

Ce Soro dont décidément la place se trouve désormais à La Haye, peut-être au moins autant que devant un tribunal ivoirien. Pas aux côtés, mais à la place de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. En attendant que les rejoignent les Bush, Blair, Cameron et autres Sarkozy.

Du moins s’il existait une justice internationale, impartiale et donc la même justice internationale pour les Blancs aussi.

Un coup d'état qui, en 2004, vit la France monter une barbouzerie catastrophique à Bouaké, en vue d'incriminer un Laurent Gbagbo... qui aime décidément plus la France que Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie ou Dominique de Villepin.

Un Gbagbo qui jamais n'aurait fait bombarder ou tirer sur des soldats français. Ni en 2004, ni en 2011. Même quand les blindés français venaient le menacer en son palais, après avoir détruit la flotte de son pays et recouvert à jamais l'esplanade de l'Hôtel Ivoire du sang de plus de soixante de nos jeunes frères.

Un coup d'état qui en 2010 se fit trucage électoral, complot médiatique, asphyxie financière et monétaire, et pour finir spectaculaire démonstration d'humiliation à l'attention des esprits africains libres et fiers qui seraient tentés de suivre l'exemple ivoirien. Démonstration d'humiliation en avril 2011, lorsque les Africains et nous, vîmes notre président en tricot de peau, à la merci de chiens de guerre hirsutes et analphabètes. Démonstration d'humiliation toujours depuis novembre 2011 et l'arrivée du président Gbagbo à La Haye.

Un coup d'état dont la conclusion, le 11 avril 2011, fut le point de départ d'une série de conflits créés et entretenus à dessein, en Libye, au Mali, en Centrafrique... qui donnent lieu aujourd'hui à des attentats meurtiers à Ouaga, Bamako, Abidjan. Et demain, sûrement, à Dakar, à Niamey ou à Conakry. Des attentats dont on nous dit, sans honte et sans humour, que bien que se déroulant et tuant chez nous, ce sont les intérêts français qu'ils visent ! Même chez nous, nous ne sommes que des victimes collatérales.

Le coup d'état fut long à réussir.

Comme sera longue notre lutte pour la libération de la Côte d'Ivoire, et partant de tous les pays de la zone franc. Mais l'Histoire est avec nous. Et la Démographie aussi. Demain, après-demain, il n'y aura pas 25 ou 30 millions d'habitants en Côte d'Ivoire, mais 60, 70 ou 80. Il en ira ainsi de tous nos voisins. Songeons qu'en 2050, nous serons 2 milliards d'Africains, de Nègres à qui l'on ne pourra plus faire tout ce qu'aujourd'hui on nous fait.

Ho Chi Minh disait à propos de la lutte pour la libération du Vietnam : "Elle va durer 5 ans, 10 ans ou même plus. Mais à la fin nous gagnerons.” Le temps n'est-il pas l'autre nom de Dieu.

Gardons l’espoir que même à La Haye, la Vérité finisse par triompher aux yeux du monde entier et de tous ceux qui, par ignorance ou par facilité, gardent les yeux fermés sur le destin tragique d’un Homme dont le seul tort a été de rester debout pour défendre la liberté de son peuple.

TEXTE : MATHILDE THEPAULT (HGMJ)

11/04/2016 à Paris, place de la Bastille

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