Hugo Chavez, par Zéon, dessinateur recherché par la police française et pas du tout soutenu par Charlie Hebdo
Sur Americana-latina, blog rattaché au quotidien de révérence Le Monde animé par Paulo A. Paranagua, on nous refait le coup de Chavez antisémite. Qu'on se rende compte, le militaire marxiste et catholique Chavez traite son adversaire Henrique Capriles Radonski - ancien gouverneur de l’Etat de Miranda (à l'est de Caracas), candidat des multinationales, des majoritaires chaines de télé privées du pays et donc des États-Unis - de « jalabola » (lèche cul) de l’impérialisme ou de l’Empire et de candidat « majunche » (falot, médiocre).
Paranagua s'enfonce lui-même le clou dans le pied avant de l'avoir seulement planté : "Chavez se présente lui-même comme « candidat de la patrie ». Il a donc désigné son opposant comme le « candidat de l’anti-patrie ». C’est un classique du répertoire nationaliste : ainsi, « l’anti-France » désignait pêle-mêle les juifs, les maçons, les communistes..."
L'éditeur et écrivain Dominique de Roux dénonçait, il y quarante ans, le "pion Faye " qui abusait de "chaînes d'équivalence absurdes". Qu'aurait-il pensé de ce glissement-là ? Que vient foutre ici "l'Anti-France" ? M.Paranagua, si je vous dis que vous abusez d'une dialectique pinochetiste, vous le prenez bien ou vous vous retournez pour le prendre mieux ?
"Mais Chavez ne s’est pas contenté de pointer du doigt Capriles comme « candidat de l’étranger » : il est passé de « candidat anti-patrie » à « candidat apatride »." Et ? Ça prouve quoi, ça impressionne qui, ça convainc qui et de quoi un tel non-argument ? Et si, M.Paranagua, il ne s'agissait ici que d'un synonyme, vous savez, ces mots vénérés par les journalistes, les poètes et les chanteurs soucieux de ne pas se répéter...
Non seulement, M.Paranagua, vous avez, on l'a vu, des lettres, mais aussi de l'esprit. Il en faut pour pondre les âneries qui suivent : "Ce glissement est lourd de sens. Dans le premier cas, on est dans le système binaire, pour ou contre, ami ou ennemi. Dans le second cas, on désigne un candidat qui n’a pas de patrie, qui n’a pas sa place dans le concert des nations."
Que vouliez-vous dire ? Rien ? C'est réussi.
Pour le fond et la forme, un peu de vaseline sarkozyste. Le moment est venu d'achever votre bête de raisonnement et de l'enfoncer dans nos cerveaux sodomisés : "Appliqué à Capriles Radonski, catholique d’origine juive, il renvoie implicitement à la figure du juif dépourvu de patrie, le juif de la diaspora, le juif errant."
Paranagua la balance ? Le dénicheur-dénonceur d'origines juives ? Je ne veux pas le croire. Vos doigts ont fourché sur le clavier. Comment pouvez-vous, vous, vous retrouver dans la position du pré-milicien français des années 30 traquant des origines juives dont Chavez ne parle pas chez Radonski (à part dans vos élucubrations fantasmées et catastrophiques sur le plan de l'analyse) ? Nous attendons de vous une mise au point et urgemment. Cela s'impose. Vous ne pouvez demeurer plus longtemps le visage et l'âme souillés par un soupçon infâmant, qui, s'il persistait, viendrait, à n'en point douter, recouvrir votre oeuvre, pourtant considérable, d'un voile pénible.
Hypothèse, et si désigner Radonski comme candidat de l'étranger n'était pas faux. S'il se révélait avoir des liens organiques avec les États-Unis. De type soutiens financiers, politiques. Ou avec quelques multinationales (par définition sans nationalité et sans patrie). Ou même avec d'autres leaders ou opposants d'Amérique du Sud désireux de voir Chavez chuter. Vous auriez l'air fin, Paranagua, avec votre manie de réduire les gens à leur identité. Chavez voit Radonski comme un homme de droite, un libéral. Vous comme un "catholique d'origine juive". Qui est antisémite ?
Dans la série des chaines d'équivalences abusives.
"Une autre limite est franchie lorsque Chavez traite Capriles de « porc ». La bestialisation et la déshumanisation de l’ennemi sont courantes dans la rhétorique des nationalismes." Tartufe que vous êtes : elles le sont également dans celles des émissions satiriques de divertissement comme le Bébéte show. Qu'en concluez-vous ?
Vous passez, comme si c'était tout naturel de Chavez à Peron. Pourquoi, comment, vous nous le direz sûrement un jour prochain. "Le péronisme appelait ses opposants des « gorilles », le castrisme désignait les exilés comme des « gusanos » (vermine)." Après Pétain, Fidel. Cherchant l'accablante synthèse, vous finissez par la devenir et l'incarner.
"Le bestiaire n’est pas indifférent : "porc", "vermine" ou "rat" n’ont pas le même sens qu’"âne". Dans votre article en tout cas, Paranagua, ces mots-là ne sortent pas de la bouche de Chavez...
Et pour cause : "Le discours de Chavez libère la parole de ses militants."
C'était donc ça, la vocation cet article et par conséquent votre mission : assimiler le discours de Chavez à quelques propos de supposés militants, aussi peu identifiables que des forumeurs sur Internet. Bravo, M.Paranagua, joli métier que le vôtre.
Photo - dr Texte - G.P.