La Voix de la Russie : M. Laurent Gbagbo s’est également exprimé lors de l’audience de confirmation des charges. On l’a senti très serein. Comment se sent-il et dans quel état d’esprit voit-il la suite des événements ?
Emmanuel Altit :Le Président Gbagbo est un homme politique de premier plan, un véritable intellectuel. C’est quelqu’un qui a une vision. Une vision pour son pays et pour toute l’Afrique. C’est un militant de la démocratie qui n’en est pas à ses premiers combats : en 1992 déjà, luttant pour mettre fin à la dictature du parti unique et pour instaurer le multipartisme, il avait été emprisonné par le Premier ministre de l’époque, un certain Alassane Ouattara. Ce qui intéresse avant tout le Président Gbagbo, ce n’est pas son devenir personnel, c’est le destin de son pays. Depuis le coup d’Etat du 19 septembre 2002, c'est-à-dire depuis la partition du pays, jusqu’aux élections de 2010 et même après, il n’a cessé de vouloir la réconciliation. Qu’a-t-il fait ? Il a nommé dès 2003 des rebelles au gouvernement, en leur donnant des postes-clé : la Défense et le ministère des Affaires étrangères. En 2007, il a même nommé le chef de la rébellion, Guillaume Soro, Premier ministre. Le Président Gbagbo a toujours tout fait pour que cette réconciliation ait lieu car selon lui le pire est de dresser les citoyens ivoiriens les uns contre les autres. Il croit fermement en l’Etat, la modernité et la démocratie car c’est cela, pour lui, l’avenir des Etats africains. C’est son message et c’est pour cela qu’il continue de se battre afin de faire triompher la vérité historique qui permettra d’accoucher d’une vraie démocratie. D’un mensonge historique, du refus de faire face à la réalité, du déni de justice, ne peut naître que l’arbitraire. C’est d’ailleurs pourquoi le Président Gbagbo attend beaucoup de ce processus judiciaire : il sait que c’est un moyen d’éclairer l’histoire et de rétablir la vérité. Et il faut que ce processus soit le plus efficace possible car la vérité doit être révélée au monde. C’est la seule chance pour la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens de parvenir à une vraie réconciliation et à une vraie réunification. Ce n’est pas sur le mensonge que l’on construit l’avenir d’un peuple et d’un Etat.
La Voix de la Russie : On peut alors faire un parallèle entre l’œuvre de Laurent Gbagbo avec celle de Nelson Mandela en Afrique du Sud, qui a consacré toute sa vie à la libération et au combat pour la démocratie dans son pays et le continent africain, et qui a tout fait pour la réconciliation des différentes composantes de la société sud-africaine.
Emmanuel Altit :Exactement. La vérité finit toujours par triompher.
La suite ICI.