Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Gri-Gri International

Le Gri-Gri International

Littérature - Politique - Philosophie - Histoire - Sports - Économie


Interdit d'enterrer sa mère, Gbagbo serait-il plus dangereux que Ben Laden ?

Publié par Gri-Gri International sur 3 Novembre 2014, 15:39pm

Catégories : #Côte d'Ivoire - Élections 2010, #Politique, #CPI

Interdit d'enterrer sa mère, Gbagbo serait-il plus dangereux que Ben Laden ?

Ce n’est pas une surprise. Les observateurs se doutaient bien que la Cour pénale internationale (CPI) n’accorderait pas une autorisation provisoire de sortie au président Gbagbo aux fins de lui permettre d’assister aux obsèques de sa mère. Pour des raisons politiques et symboliques évidentes.

Il lui était en effet difficile d’imaginer celui que l’on « vend » comme le « bourreau » des Ivoiriens se faire accueillir dans la ferveur et l’acclamation populaire, surtout après le « show » du président kenyan Uhuru Kenyatta, porté par son peuple avant sa dernière audience à La Haye. Alors que Ouattara essaie de faire croire au monde que son bilan mirobolant fait pâlir l’étoile de son prédécesseur, et qu’il est en roue libre pour un plébiscite électoral, une démonstration de force de Gbagbo – même non recherchée – n’était pas souhaitée par l’occupant du Palais présidentiel du Plateau.

Un sentiment diffus d'illégitimité

Cela dit, les raisons mises en avant par la CPI pour refuser à Gbagbo un droit qui relève de « l’humanitaire » selon elle-même laissent songeur. La présence de Gbagbo auprès de la dépouille de sa mère serait lourde de dangers pour le peuple de Côte d’Ivoire, pour le personnel de la CPI et pour lui-même. La coupe est pleine ! On croirait entendre parler de Ben Laden ! On est en tout cas curieux de connaître le détail des fariboles inventées par les officines pro-Ouattara pour soutenir cette thèse spécieuse. Une chose est sûre : elle éclaire d’un jour nouveau les multiples refus de mise en liberté provisoire jusqu’ici essuyés par le premier président de la Deuxième République ivoirienne et surtout la décision de confirmation des charges rendue dans des conditions totalement floues en dépit d’un document contenant les charges pour le moins maigre et mal ficelé.

Ce que la CPI nous a dit hier (et qui entraîne toute une série de conséquences) est qu’elle vit le cas Gbagbo comme un problème sécuritaire et non judiciaire. La présence de Gbagbo en Côte d’Ivoire, nous dit-elle en répétant sans discernement ce que dit le régime Ouattara, conduit par la peur et un sentiment diffus d’illégitimité, est un danger pour la paix sociale, la stabilité et même la vie des Ivoiriens. Dès lors que les choses sont vécues et présentées ainsi, le fait qu’il soit coupable ou pas des faits qui lui sont reprochés devient secondaire. Il faut sauver des vies, y compris la sienne ; il faut donc qu’il soit, et le mot prend là tout son sens, déporté ! L’on voit bien là que la notion même de justice internationale est dévoyée. Ce qui apparaît à travers le formidable aveu d’hier est un instrument de police, mis à la disposition de certains pouvoirs et de la raison du plus fort. Officiellement, la CPI a été pensée pour juger les crimes que certains États ne pouvaient ou ne voulaient pas juger par complicité. Avec cette dernière décision, elle apparaît plus que jamais comme une machine à écarter territorialement ceux qui gênent le « grand jeu ». La logique de « pacification » coloniale qui a jadis justifié l’éloignement de Toussaint Louverture et de Samory Touré est à l’œuvre. Et ça, les Africains le voient !

Texte / Théophile Kouamouo

Article initialement paru à Abidjan, dans le N°1142 du Nouveau Courrier (30/10/14)

La titraille est de la rédaction.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Archives

Articles récents