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Le Gri-Gri International

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Littérature - Politique - Philosophie - Histoire - Sports - Économie


Mon oncle Charlie Bauer

Publié par dr Grégory Protche www.legrigriinternational.com sur 15 Août 2011, 09:02am

Catégories : #Comptes à régler et compteurs à relever

Charlie-Bauer

Charlie Bauer est mort le 7 août, d'un arrêt cardiaque 

Parce que, de tous les héros que je rêvais de rencontrer, grâce à Karim, à Sear et à son Get Busy, Charlie Bauer, lui, juste après Vergès, je l'ai rencontré...

Parce qu'il a répondu à toutes les questions que je me posais sur Pierre Goldman.

Parce que sur deezer, juré craché, la liste que j'ai mise pour écrire sur Oncle Charlie a démarré par "No easy way out"... Robert Tepper... ce qu'on entend dans Rocky IV quand Stallone roule très vite sur fond hard fm en pensant fort, aux bords des larmes, les mains crispées sur son volant, à son ami mort Apollo Creed, défoncé par ce grizzly de Drago...

Parce que, comme les taggueurs qui peignirent pour l'expo du Grand Palais contre un billet plus important pour eux que l'histoire de l'art, Charlie avait beau avoir de la morale, de l'éthique, il savait aussi prendre le pognon de TF1 pour plus ou moins valider le scénar du Mesrine avec Cassel (toujours pas vu, puisque c'est un film inutile).

Parce que nous, on l'a vu jouer, dire, interpréter, donner du grand texte russe chiant à mort sur la condition de prisonnier du goulag.(J'avoue, me suis endormi, mais Sear et Karim non).

Parce qu'il a écrit dans le journal Tant Pis Pour Vous. (Des textes lyriques qui plaisaient pas à tout le monde, ce qu'il acceptait très volontiers).

Parce que sur Aligre FM, dans l'émission Tant Pis Pour Vous, il a expliqué à Pierre Carles et ses deux acolytes du moment combien leur film Attention, danger travail était déplaisant politiquement, peu rigoureux sociologiquement et ennuyeux en ce qu'il assimilait des parasites qui faisaient les malins en province aux crochets de leurs parents, de leur meuf ou d'une association à des subversifs...

Parce qu'en joute verbale et en polémique, il était imprenable. Laissant les critiques pleuvoir à leur terme. Entamant souvent sa réponse par un définitif "Soit vous ne m'avez pas compris, soit je me suis mal exprimé." Imparable.

Parce qu'après 25 ans de prison, il allait encore sans rechigner, de lycées en conférences, de colloques en réunions militantes, "intervenir". Discuter. Écouter. Encore. Encore.

Parce qu'il adorait se gargariser de ne pas se gargariser.

Parce que je mets quiconque au défi de dire exactement ce qui le liait à Mesrine.

Parce qu'il est à sa place dans Wild war, le film.

Parce que, depuis qu'on le connaissait, végétarien, amateur de rosé avec la pizza, grand fumeur de clopes roulées et plutôt nerveux, il avait l'air immortel.

Parce que c'est le seul homme que j'ai connu qui s'était fait torturer. Et y était quand même retourné.

Parce que, la première fois qu'on l'a interviewé dans Get Busy, on espérait vraiment que les mecs qui mythifiaient la prison allaient lire son interview.

Parce qu'il ne prenait pas le rap au sérieux.

Parce qu'il a réussi sa vie.

Parce que Charlie c'était un Apache qui marchait comme un cow-boy.

Photo - dr    Texte - Grégory Protche

 

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