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Le Gri-Gri International

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#Biographie / Melzza, chanteuse ivoirienne (#VersionTexte)

Publié par Gri-Gri International Grégory Protche sur 17 Décembre 2016, 08:09am

Catégories : #Francophonie, #Musique, #Gos et Gars du moment

 

Dans le livre que le grand Léandre Sahiri lui consacre, on apprend que pour l'état-civil elle est la fille de Zobo Yvonne et de feu Zadi Gnaoré Joseph ; l'aînée de huit enfants sur lesquels elle a veillé, suppléant une maman qui vendait des bijoux, dans les années 1980, au marché du Plateau, à Abidjan ; et qu'elle a pour nom Agnès Mélissa Zadi Gnaoré.

Pour nous, ce sera Melzza.

Mais pas tout simplement.

D'abord parce que rien n'est simple en art et que Melzza est un nom d'artiste, comme elle dit gracieusement. Assemblage sophistiqué de quelques-unes des lettres de ses noms et prénoms et de deux z, juste pour faire original et zoli. Plus élaboré qu'un classique anagramme, moins commun qu'un simplet pseudonyme, audacieux comme un néologisme ivoirien.

Melzza est ivoirienne. Chanteuse ivoirienne. Chanteuse bhété même, si l’on tient à préciser - native de Bezoma, dans le département d'Issia, non loin de Gagnoa, Vavoua et Daloa.

Mais pas seulement.

 

#Biographie / Melzza, chanteuse ivoirienne (#VersionTexte)

Melzza sait par exemple passer au français lorsque son message d'amour et de paix requiert l'universalité - Lampedusa, consacré aux migrants et réfugiés échoués en Occident, ouvre et titre son nouveau disque.

Mâtiner ce même français de savoureuses et fulgurantes expressions made in pays pour vous emmener danser et tout oublier sur Gninmi. Sur Maman, comme sur Belle journée, ou Unique, le temps de quelques intonations, de quelques choeurs discrets, elle se fait même gospelisante. Jamais moraliste ou sentencieuse, Melzza est indulgence, sagesse et émotion.

Mais pas exclusivement.

Femme, épouse, maman, soeur, amie, amoureuse, elle passe, avec souplesse, grâce et sensualité, d'un costume et d'une atmosphère à l'autre, variant les registres, les langues et les tempos au gré des nécessités musicales, harmoniques et thématiques.

Melzza trouve mélodies et textes seule, de jour comme de nuit, à Abidjan, Ibiza, Londres ou Paris. Elle attrape alors son dictaphone, puis sa guitare, et murmure, fredonne quelques mots-notes qui, plus tard, tamisés, raffinés, arrangés, deviendront ses chansons. Rien n'est plus essentiel à cet égard pour elle que le choix de l'arrangeur, le musical metteur en rythmes et en couleurs avec qui elle va travailler - pour ce deuxième album elle a confié ses sons aux bons soins combinés de Bamba Yang et L.Hikpo.

Melzza auteur-compositeur interprète.

Mais pas uniquement.

#Biographie / Melzza, chanteuse ivoirienne (#VersionTexte)

Femme de spectacle aussi. Magnétique sur scène en robe de gala chatoyante. Discrète rouleuse de hanches lorsqu’elle traverse la salle juste avant. Audace des couleurs, rigueur des lignes, science des motifs. Ses tenues, comme ses coiffures et sa musique, savent subtilement tisser tradition et modernité, Afrique et occident, lui permettant d’évoluer avec la même aisance d’un concert à une veillée ou à une fête communautaire – Melzza est une invitée d’honneur aussi précieuse que prisée.

A 8 ans, au sein du Zézé-Club de Bézoma, n’animait-elle pas déjà soirées et baptêmes. Il y a tant de femmes chanteuses dans son ascendance qu'on peut sans crainte émettre l'hypothèse que Melzza était dans la musique avant même que d'être. Des chanteuses, des danseuses. Un oncle, Koré Lago Antoine, qui jouait merveilleusement de l'arc musical à corde frappée. Des natifs de son village, comme Atho Gbra Zézé Baï, selon elle, le plus grand tapeur du Tamtam parleur de tous les temps.

En 1985, elle part vivre à Abidjan, auprès de sa mère. Etudes, apprentissages et découvertes. Guitare – fondamental instrument qui lui permettra de composer. Chanson. La formation de la mairie de Yopougon Selmer (l’Orchestre Inch'Allah), qui reprenait les tubes d'une "époque dominée par la musique des Kassav". Dans les années 1990, elle est supportrice de l’Africa sports d’Abidjan et gardienne de buts au handball. Reçoit deux ans durant, en chant, musique et solfège, l’enseignement de l’Institut national des Arts. Se produit en pianos bars. Se classe deuxième à Première gamme, le show musical de la Radio-télévision ivoirienne.

En 1999, l’amour l’emmène en France. D’abord pour les vacances. Puis pour la vie. Une France où, déjà, rien n’était simple. Où il fallut travailler. Trouver une place. Sa place.

#Biographie / Melzza, chanteuse ivoirienne (#VersionTexte)

(Parenthèse. Sans doute est-ce à la lumière de ces années d’adaptation qu’il conviendra d’appréhender l’engagement de Melzza, plus tard, auprès des sans-papiers, devenus aujourd’hui des migrants. Engagement qui la conduira, donc, à baptiser son deuxième album, en 2016, Lampedusa, mais aussi à multiplier les actions en leur faveur… Ainsi la verra-t-on en octobre 2016 venir à la rencontre des migrants (pas tous africains) de Stalingrad, dans le nord de Paris. Ecoute, réconfort, soutien, mise en relations, coordination, présence.)

Melzza l’indignée.

Mais sans ostentation et calmement.

(Parenthèse numéro 2. Ces dernières années, Melzza n’a pas fait que se marier, avoir un enfant, devenir assistante maternelle et produire son premier disque. Elle a aussi eu une intense activité associative et citoyenne, en atteste son rôle d’initiatrice et de principale animatrice d’AYOKA, ONG qui lutte, éduque et sensibilise contre le cancer du col de l’utérus en Afrique et donc en Côte d’Ivoire.)

#Biographie / Melzza, chanteuse ivoirienne (#VersionTexte)

Mettre durant quelques années son art de côté, en sourdine, le reléguer au second plan, ne fut sans doute pas le moindre des sacrifices auxquels Melzza consentit. Elle ne chantait plus que pour elle seulement, ou presque. Lors d’un mariage, nous dit l’histoire, elle donna une si vibrante version de l’hymne d’Edith Piaf La vie en rose qu’un tonnerre d’applaudissements retentit, bientôt suivi d’une foule d’encouragements à se (re)lancer dans la chanson. De messages, ensuite, les jours suivants, allant dans le même sens. Si bien qu’en mai 2012, Melzza accoucha d’un nouveau bébé : son premier disque : No na li. Citant Justin Kassy, qui voit dans Melzza « une nouvelle étoile de la musique ivoirienne », Léandre Sahiri qualifiera ce premier essai de « véritable chef d’œuvre ».

Le bien est fait.

Combinant vie de femme, vie de couple et vie d’artiste, et donc emploi du temps, contraintes et susceptibilités, Melzza l’autoproduite ira, chaque fois que ce sera possible, pendant près de trois ans, à la rencontre de son public pour lui présenter l’objet de tant de fierté, mais aussi d’efforts, de doutes. En Angleterre, à Paris, et même, pour finir, à Abidjan, au Palais de la culture de Treichville, en août 2015. Ses fans, lorsqu’ils sont dans l’impossibilité de venir la voir sur scène, peuvent également suivre sur Youtube et les réseaux sociaux, de clip en clip, de prestations en performances et apparitions, les déclinaisons savantes de son look… « J’adore les tissus africains. Nous avons tant de belles choses chez nous qu’il est temps de valoriser. J’en fais un point d’honneur. Je suis franco-ivoirienne. Je n’ai pas de mal à allier mes deux cultures. »

Quatre ans quasiment jour pour jour après No na li, c’est donc au tour de Lampedusa. Synthèse de quatre années passées dans une nouvelle peau : celle de vedette. Avec les détracteurs, les jaloux et les déceptions que cela suppose. En marge, bien sûr, des gratifications du public et de la reconnaissance de ses pairs. Melzza voit Lampedusa, aussi, comme un pied de nez à toutes les personnes qui n’ont jamais cru en elle et ses talents. Mais ce deuxième disque est bien plus que cela. Léandre Sahiri l’écrit d’ailleurs très bien : « (…) musique très variée, avec différentes sonorités et divers rythmes ; l’art traditionnel et la musique moderne se marient harmonieusement, ainsi que la culture bhêté et celle de l’universel. Encore et toujours, une musique sans frontière, pour adoucir nos mœurs, nous transporter, nous bercer, nous émerveiller, nous séduire. Encore et toujours, une mélodie entraînante, invitant à esquisser des pas de danse, à nous faire bouger, à nous faire réfléchir aux problèmes de notre monde. »

 

Texte : G.P.

PS : bientôt la version vidéo

Où acheter les disques de Melzza

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