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Le Gri-Gri International

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#SemainePasoSurLeBallast / Gramsci & Pasolini : récit d’une fraternité (#ÉmileCarme)

Publié par Gri-Gri International sur 26 Décembre 2015, 12:11pm

Catégories : #Littérature, #Devoir d'histoire

#SemainePasoSurLeBallast / Gramsci & Pasolini : récit d’une fraternité (#ÉmileCarme)

Deux communistes : un philosophe théoricien et un poète cinéaste. L'un connut le cachot ; l'autre les procès, les plaintes, les scandales et la mort violente. Pasolini fut un héritier de Gramsci — à l'heure où parade le grotesque « gramscisme de droite », revenons aux sources.

☰ Par Émile Carme

Il pleut. Quelques voitures sont stationnées devant l'enceinte du cimitero acattolico di Roma – le cimetière non catholique, c'est-à-dire protestant, de la capitale italienne. Il pleut d'une pluie froussarde, qui craint les cordes et n'ose le crachin. La nuit tombe de tout son poids gris. Antonio Gramsci repose ici, quelque part dans l'une de ces allées. L'humidité teinte la végétation de ses caprices – le vert perd de sa crudité et tire au turquoise. Un chat chemine sur les graviers, félin souple entre les morts illustres ; des touristes se dispersent sous leur parapluie. La tombe est là : des pots de fleurs sur la terre, un arbuste, une stèle portant son nom et une urne rectangulaire. 1891-1937. Une célèbre photographie donne à voir Pier Paolo Pasolini debout face à celle-ci, dans un imperméable clair, le cheveu sombre et soigné, les souliers cirés – elle fut prise en 1970, cinq ans avant son assassinat près de la plage d'Ostie, non loin de Rome. Le poète et le philosophe : récit d'une fraternité.

Ode à la terre

Gramsci, sept lettres pour un maudit. Il n'était d'aucune race, disait-il, mais son cœur culturel battait en italien. Bossu, de chétive constitution, l'enfant de Sardaigne – qui étudia la philologie et la linguistique – fut l'un des piliers du Parti communiste d'Italie. Créé en 1921, dans les pas de la victorieuse révolution russe et les gravats d'une guerre mondiale, ce dernier se donnait pour mission de renverser le « pouvoir bourgeois » et d'œuvrer au « remplacement du système capitaliste par la gestion collective de la production et de la distribution1 ». Le Parti se pensait comme la pointe avancée du prolétariat conscientisé, l'outil des travailleurs permettant accéder, enfin, à leur émancipation. Mussolini obtint les pleins pouvoirs un an plus tard : dans son journal L'Ordine Nuovo, Gramsci le décrivait comme une figure enflée et grotesque « qui s'amuse à étaler sa force et à se masturber avec des mots2 », comme un « modèle concentré du petit-bourgeois italien, enragé, féroce, amalgame de tous les déchets laissés sur le sol national3 ». Élu député, Gramsci fut ensuite arrêté, en 1926, par les autorités fascistes – Mussolini aurait déclaré : « Nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner pendant vingt ans4. » Le bourreau manqua sa cible prophétique – c'est sous les barreaux que le journaliste devint l'un des plus importants théoriciens socialistes du XXe siècle. Gramsci mourut peu après sa libération, épuisé, brisé, malade, au terme d'onze années de détention – il avait alors quarante-six ans et Pasolini quinze.

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