Si l'on en croit BBC Africa, le camp présidentiel centrafricain du putschiste Bozizé, dit le sévèrement "urné", a opéré un passage en force en ne respectant pas l'accord de paix signé le 11 janvier à Libreville, qui prévoyait la formation d'un gouvernement d'union nationale composé de toutes les parties au conflit.
Rappelons que devant la non-application d'accords signés en 2007 et 2011 avec le pouvoir, la rébellion Séléka a lancé une offensive armée qui en quelques jours l'a menée aux portes de Bangui. Moment que choisirent les Français pour demander à leur vieux complice tchadien Idriss Déby-Le-Mental (également mis à contribution au Mali, ce qui fait dire à certains qu'après Sarkozy avec l'Arche de Zoé, c'est maintenant à Hollande que "Déby-de-boissons" apprend ce qu'est un vieux briscard de la Françafrique), d'intervenir afin de "sauver" Bozizé.
Aussi, à l'annonce de la composition du gouvernement, les réactions de la Séléka n'ont pas tardé.
« Bozizé a doublé tous les postes qui l'intéressent. », a dénoncé à l'AFP depuis Paris Eric Massi.
Parallèlement aux ministres titulaires, Bozizé, qui avait déjà tardé à nommer Nicolas Tiangaye Premier ministre, a en effet créé plusieurs postes de ministres délégués, une nouveauté par rapport au précédent gouvernement. Ainsi, alors que la Séléka s'était assuré la Défense, « le ministre délégué de la Défense, le général Antoine Gambi, proche du pouvoir, sera notamment chargé de mettre en oeuvre le programme de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) des anciens rebelles. » Pour finir, Bozizé a gardé pour son camp les ministères des Affaires étrangères, l'Économie et la Sécurité publique, mais aussi le ministère des Mines (pas inutile en RCA).
Christophe Gazam-Béti, nouveau ministre de la Communication précise que sans le rejeter complètement, la Séléka réclame un réaménagement du gouvernement : « Nous avons été surpris que le gouvernement ait vu le jour alors que l’arbitrage définitif n’était pas encore terminé. (...) Sur un gouvernement de 33 ministres nous pensons que cinq ministères, c’est un peu limite. »
Les rebelles de la Séléka voudrait une répartition équitable des postes de souveraineté et de gestion économique. Vu les compétences de Bozizé (plus intéressé de finir ce qu'il faut bien appeler son mandat en 2016), on est tenté de les encourager.
Dessin - Waga Texte - J.O.