. Qui a dit : « Les Etats-Unis d’Amérique ont une monnaie unique, le dollar, appartenant à cinquante Etats, reflets des républiques fédérées. Le peuple américain en a décidé ainsi de par sa déclaration d’indépendance et sa Constitution. L’Europe, quant à elle, émet et gère l’euro, la monnaie unique et indépendante adoptée, par référendum de peuples libres et souverains des vingt-sept Etats qui la composent. Alors que le dollar est dans un environnement à gouvernement fédéral unique, à déficit budgétaire unique, avec un parlement unique, en Europe chaque pays conserve son parlement, son déficit budgétaire et une politique éco-nomique autonome. L’expérience nous montre donc qu’il n’y a pas de règle en la matière. »
. Qui a dit : « En Europe et aux Etats-Unis, le fondement de la souveraineté repose sur les populations. Les Etats reconnaissent, respectent et protègent les droits individuels. Leurs citoyens sont les propriétaires reconnus des terres de ces pays et ils ont la liberté d’échanger leurs propriétés. Ce sont ces titres fonciers qui donnent droit aux nations à leur intégrité territoriale. Le territoire européen est la somme des propriétés foncières des citoyens européens et il existe des marchés libres de la propriété. Est-ce le cas en Afrique ? Non. »
. Qui a dit : « Lorsque les Etats africains parleront au nom de leurs peuples, alors la monnaie unique ou la monnaie commune sera envisageable. Lorsque les Etats africains seront devenus respectueux des droits individuels de leurs populations, alors les autorités monétaires africaines seront indépendantes. Lorsque la souveraineté des Etats africains les conduira à des monnaies et à des systèmes monétaires libres et transparents, alors les banques centrales ne seront pas aux mains des Etats, et alors l’inflation, les taux de change, les taux d’intérêt seront tels que les opérateurs économiques privés accéderont rationnellement au crédit et que les surliquidités ne serviront plus qu’à financer les déficits des budgets des Etats. Alors la bancarisation sera plus forte, pour ne pas dire totale, et la croissance avec. »
. Qui a dit : « Ce n’est pas la monnaie unique qui conduira l’Afrique à l’intégration mais c’est l’ouverture des économies entres elles, sans barrière, qui rendra nécessaire une monnaie unique pour simplifier les échanges et les calculs économiques. La monnaie unique n’est pas compatible avec le système de l’aide internationale qui réduit les Etats africains à la mendicité pour boucler leurs budgets nationaux. Le modèle des pays africains de la Zone Franc, enchâssés dans le pacte colonial, est l’exemple même de ce qu’il faut éviter dans les projets de mise en place d’une monnaie unique africaine. Les hommes étant naturellement plus réticents au changement, c’est la refonte du cadre institutionnel qui aidera ces dirigeants à rompre avec l’oppression, à reconnaître des droits à leurs populations et à appliquer des politiques favorables au bien-être commun. Le régime parlementaire et le scrutin majoritaire à un tour sont à notre disposition quand nous nous déciderons à prendre la route de la liberté. »
C’est paru dans Les Afriques No 100, spécial « La parole à nos lecteurs », et celui qui l’a osé exprimer s’appelle…
Mamadou Koulibaly, actuel président de l’assemblée nationale ivoirienne, député de Koumassi (commune d'Abidjan et vice-président du Front populaire ivoirien (FPI) qui soutient le président-candidat Laurent Gbagbo… On lui prête, dans la presse ivoirienne, des velléités de sécession, par rapport au président Gbagbo... ce qui semble surprenant. Il a récemment publié La souveraineté monétaire des pays africains, chez l'Harmattan.
PS : entretien mené par Patrick-Eric Mampouya