En novembre 2011, ici même, nous nous demandions, au point d'en faire le titre de l'article : "Côte d'Ivoire, Sarkozy saura-t-il sacrifier la chiraquienne branche pourrie Alliot-Marie ?" En juillet 2008 parut l'ultime numéro du Gri-Gri International, dans sa version papier, en Une duquel figurait le dessin ci-dessus, qui se rapportait au rôle de la France dans les bombardements de Bouaké, tel qu'en rendait compte alors Mediapart. Déjà il était question des pilotes ukrainiens jamais interceptés, de madame Alliot-Marie (à qui l'on doit aussi la censure d'un sujet de Canal + montrant clairement les soldats français tirant sur la foule à Abidjan)... pour aujourd'hui, laissons l'AFP parler.
"Un avocat de familles de victimes du bombardement en 2004 du camp militaire français de Bouaké (Côte d`Ivoire) a accusé vendredi (5 novembre) la ministre de la Défense de l'époque, Michèle Alliot-Marie, de "mentir" en soutenant que les auteurs de l'attaque n'ont pas été identifiés. Nous savons que Mme Alliot-Marie ment de façon absolument délibérée en disant qu'on n'avait pas pu identifier les pilotes et qu'il n'y avait pas de cadre juridique pour entendre les mercenaires slaves arrêtés peu après", a déclaré à l'AFP Me Jean Balan." Là, le petit rappel historique contextualisant qui s'impose : "Le 6 novembre 2004, deux avions Sukhoï-25 des forces loyalistes ivoiriennes avaient bombardé un camp de l'armée française à Bouaké, tuant neuf militaires français et un civil américain, et blessant 38 soldats." Ce qui se traduit ainsi : "Six ans après, l'enquête est toujours en cours au Tribunal aux armées de Paris (Tap), qui doit désigner un troisième juge d'instruction après le départ des deux précédentes magistrates chargées du dossier. Entendue le 7 mai dans cette affaire, l'actuelle garde des Sceaux avait assuré que l'audition de huit mercenaires biélorusses, arrêtés à la frontière togolaise quelques jours après, avait été impossible pour des motifs juridiques, ce que conteste Me Balan. Selon l'avocat, deux d'entre eux étaient les pilotes des avions."
Précision pas inutile : "Les autorités togolaises avaient pourtant "mis à la disposition" des services français ces mercenaires biélorusses, selon l'ancien ministre togolais de l'Intérieur François Esso Boko." Pour Me Balan (et comment le contredire ?) : "Soit Mme Alliot-Marie est incompétente, soit elle ment. Or je ne crois pas à l'incompétence de la ministre." Mais pourquoi, juste pour "se débarrasser de Laurent Gbagbo" ? On ne peut pas croire la France de Chirac et de Villepin coupable de ça... Même si, ainsi que le rappelle judicieusement l'AFP : "Immédiatement après le bombardement de Bouaké, l'armée française avait détruit l'aviation ivoirienne, provoquant une vague de manifestations antifrançaises à Abidjan." Manifestations qui devaient entraîner les tirs français sur la foule ivoirienne, c'est bien ça, le compte y est. Michèle Alliot-Marie toujours aussi. Voilà pourtant un "remaniement" qui coûterait finalement assez peu à Sarkozy, au regard de ce qu'il lui rapporterait symboliquement...
Texte - Louis Fall Dessin - Mil'Pat Masioni