Article mis en ligne sur Maelstrom le 27 avril 2014
Un livre qui reprend les statuts #Facebook de Sear / Stéphane Begoc, on pouvait craindre le pire. Ça sentait la facilité, l’extortion de fonds, le racket et la nostalgie. Finalement non.
Personnage emblématique et ‘parrain’ d’un mouvement Hip Hop qui n’existe plus, Sear a fondé au début des années 90 un fanzine du nom de Get Busy. Objet devenu culte, dont la presse rap ‘officielle’ a pris le contrepied. Get Busy deviendra un magazine beaucoup plus tard. Un magazine culturel, avec de longues interviews, au succès d’estime, sans le succès commercial.
Sear a été le témoin particulier de la naissance du rap français. Il a été un temps proche du groupeNTM, on l’a aperçu sur les plateaux télévisés et a diverses manifestations. Difficile de passer à côté de ce personnage imposant et taciturne. Bref, la carrière de Sear sur le devant de la scène aura été brève. Trop critique, trop violent, trop honnête et probabblement trop intègre pour endosser le costume étriqué d’homme public.
Le livre reprend 5 ans d’activité quasi quotidienne de Sear sur le réseau social Facebook. Un journal intime – public – dans lequel on retrouve bons mots et autres calembours grivois qui font sa renommée. Pourtant, derrière les insultes et autres règlements de comptes (contes), on découvre un type attachant au point de vue affûté sur la société, qui défend pensées et valeurs. L’amitié et la famille en font partie.
Sear est loyal, respectueux des cultures et des hommes de cultures. Mais il devient picador teigneux à l’égard de la vacuité et de la bétise. Et on ne se délectera jamais assez de ses saillies d’une mauvaise foi patente. Et si ses constats sont souvent désabusés et fatalistes, sa vie parfois triste, son engouement vain et sa motivation indécelable, il est agréable de lire les miscéllanées d’un homme de son temps qui assume, qui s’assume, au discours tranché et sans langue de bois, témoin de son temps et féru de Soul.
Une lecture d’autant plus pertinente si vous avez des accointances avec les gens cités, les musiques écoutées, les polémiques relatées.
NB : Le livre ne donne pas de détails sur la rupture entre Sear et Texaco. Mais fait souvent référence à ce dernier.
Photo - Nordine Don TWA Texte - Sébastien
[LE LIVRE]