Le Tallec est le pseudonyme choisi par un fin connaisseur des réalités africaines politiques, militaires et stratégiques, qui a bien voulu pour le Gri-Gri éclairer différemment les récents évènements tragiques qui secouent la Libye.
Après trois semaines de pseudo révolution, la situation est toujours confuse dans ce pays et l'embrasement de la révolte ne s'est pas étendu à tout le territoire libyen, à l'exception de l'est du pays (la Cyrenaique) et aussi une petite partie de la Tripolitaine où la population a toujours été hostile au Guide de la révolution et où l'attachement à la monarchie en s'est jamais démenti. Mais Kadhafou dispose toujours du soutien de sa région natale (le fezzan) et du sud du pays.
Contrairement à la révolution tunisienne - où toute la population s'est soulevée contre trois décennies d'un régime tyrannique basé sur la peur, la torture, la corruption et avec le soutien de la communauté dite « internationale » -, dans la même période, la nationalisation des sociétés pétrolières a changé la Libye et le train de vie des libyens : avec une population faible, six millions d'habitants pour une superficie de 1 759 540 km2, et un PIB parmi les plus élevé d'Afrique. Il faut voir le nombre des travailleurs immigrés qui quittent le pays en ce moment à la frontière tunisienne, et remarquer qu'il n'y a pas, ou très peu, de Libyens qui s'en vont...
À Benghasi, deuxième ville du pays, aux mains des insurgés, l'organisation des hommes en armes est identique à l'esprit du Guide, à savoir l'organisation des comités de quartiers entre autre et tout l'esprit du Livre vert de Khaddafi. Plus leurs connaissances en armes du fait du service militaire obligatoire en Libye....
Cette armée n'est pas nationale, tous les commandements sont aux mains des fidèles du régime, et dotée d'un équipement incommensurable. À quoi s'ajoute la Légion étrangère libyenne (ou armée islamique), créée en 1972, forte de six divisions de plusieurs milliers d'hommes originaires de plusieurs pays d'Afrique et censés renverser des régimes non alliés - on l'a vue à l'œuvre dans plusieurs pays africains notamment au Soudan. L'armée a le contrôle stratégique sur le territoire et cherche par ses bombardements à détruire tous les stocks des armements dans les villes tenues par les insurgés et à isoler Benghasi. Les insurgés n'ont aucun contrôle en dehors de la ville et l'armée cherche à encercler la ville rebelle. Sur le plan politique, à Benghasi, personne de la société civile n'a été entendu, pas d'image sur un éventuel nouveau "guide" représentant ces insurgés...
L'OTAN serait prête à intervenir militairement en Libye, pour chasser Kadhafi... mais dans quelle perspective ? Une présidence à la Karzai en Afghanistan? En effet, il existe une opposition libyenne hostile à Khaddafi : la plupart de ses représentants ont trouvé refuge aux USA sous la houlette de la CIA depuis les années 90. Une intervention militaire de l'OTAN renforcerait Kadhafi et menerait à une « somalisation » de la Libye. Une éventuelle intervention armée en Libye renforcerait Kadhafi dans sa logique complotiste et rangerait la population à ses côtés contre l'OTAN.
Dessin - Pat Masioni Texte - Le tallec