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Le Gri-Gri International

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Littérature - Politique - Philosophie - Histoire - Sports - Économie


Lettre à Usain Bolt à propos du Gabon, d'Ali Bongo, des crimes rituels et du marathon de Libreville

Publié par dr www.legrigriinternational.com sur 29 Novembre 2013, 12:00pm

Catégories : #Gabon 2011

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Lettre ouverte à M. Usain Bolt, Sextuple champion olympique, détenteur de trois records du monde

Libreville, le 22 novembre 2013

Objet : Votre participation annoncée au marathon de Libreville

du 30 novembre au 1er décembre 2013

Monsieur,

Vous venez d’être élu, pour la 5ème fois depuis 2008, athlète de l’année 2013 par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF). Nous vous en félicitons. Vous êtes spécialiste du sprint, sextuple champion olympique et huit fois champion du monde, détenteur de trois records du monde : 100 m, 200 m et 4 × 100 m.

Avec un tel palmarès, nous sommes étonnés d’apprendre que vous êtes annoncé pour prendre part au marathon de Libreville qui se tiendra à la fin de ce mois. Nous nous interrogeons sur la pertinence de votre participation à cet événement dont l’objectif inavoué demeure la glorification du dictateur Ali Bongo.

Nous refusons de croire que l’homme qui a obtenu des distinctions prestigieuses telles que : Prix Laureus World Sportsman of the Year, Prix Laureus World Sportsman of the Year, Meilleur athlète international pour ESPN, Sportif international de l'année puisse accepter de servir de caution à M. Bongo, au détriment du peuple gabonais. Car, pour une population de moins d’un million cinq cent mille, la grande majorité des Gabonais croupissent dans la misère entretenue par le pouvoir en place qui ne se préoccupe que de son image.

Vous associer à cet événement équivaut, pour nous, à soutenir le pouvoir d’Ali Bongo, dont le père, Omar Bongo, et la sœur, Pascaline Bongo, avaient déjà, en 1980, instrumentalisé votre illustre compatriote Bob Marley. Un documentaire assez controversé sur ce sujet est disponible sur youtube.

Devons-nous vous dire qu’Ali Bongo n’a pas été élu par le peuple gabonais ?

Devons-nous vous dire qu’il a succédé à son père, qui a régné pendant plus de quarante ans sur le Gabon, grâce au soutien d’institutions et d’une armée dirigées par des membres de sa famille ? Savez-vous que le président de la Cour constitutionnelle, c’est-à-dire le juge des élections est une maîtresse officielle du père d’Ali Bongo ?

De plus, nous sommes convaincus que vous avez entendu parler de cette pratique barbare nommée "crimes rituels". En effet, depuis l’avènement d’Ali Bongo au pouvoir, nous assistons à une recrudescence des crimes rituels avec impunité totale des criminels et des commanditaires. Ces crimes consistent à prélever, à vif, les organes vitaux d’un individu (yeux, langue, sexe….) afin d’obtenir pourvoir, argent et gloire. Nous savons que les crimes rituels sont commandités par les hommes au pouvoir.

Dernièrement, une fillette de 4 ans a été tuée et ses organes prélevés.

Comment expliquer que vous soyez indifférent au sort de nos enfants égorgés à des fins fétichistes ?

Nous vous informons que notre lutte contre ce fléau nous a valu le soutien des cyberactivistes « Anonymous » dans un message d’avertissement envoyé le 13 avril dernier au pouvoir, et nous continuons à nous battre pour que justice soit faite.

Comment expliquer que l’on puisse fermer les yeux devant le fait que nos enfants s’entassent dans des salles de classes de plus de cent élèves, qu’Ali Bongo n’ayant pas jugé utile de construire une seule école depuis son accession au pouvoir en vienne à réquisitionner les vestiaires d’un stade de football en guise de salles de classe ?

Il y a une semaine, des centaines d’élèves sont descendus dans la rue pour soutenir leurs enseignants en grève puis deux mois. Pour toute réponse à leurs revendications légitimes, Ali Bongo leur a envoyé un contingent de militaires pour les mater…

Comment comprendre que vous soyez prêt à vous associer à une manifestation pour laquelle vous n’êtes pas qualifié, si ce n’est pour engranger des honoraires faramineux au détriment des populations dans un pays où des femmes accouchent encore à même le sol, et où les étudiants de l’unique université du pays étudient dans des conditions plus que déplorables (cf. reportage de France 24, Les Observateurs, diffusé le 6 avril 2013) ?

Convaincus que vous portez en vous les nobles valeurs d’humanité, de liberté, d’égalité de chances, et que vous placez la dignité humaine au-dessus de tout, nous vous demandons d’examiner, en conscience, l’opportunité de votre participation au marathon de Libreville.

De fait, nous en appelons à votre conscience, à votre humanité et vous demandons de renoncer à prendre part à cet événement qui n’est que pure opération de communication à la gloire d’Ali Bongo.

Nous espérons que vous avez le sens de l’histoire et c’est dans ce sens que nous vous demandons d’analyser la portée historique de votre participation au marathon de M. Ali Bongo. Parce que le peuple gabonais serait très honoré de vous accueillir en d’autres circonstances, nous affirmons que votre participation à cette compétition sera, pour nous, une prise de position ouverte contre le peuple gabonais.

Nos priorités sont l’éducation, la santé, le logement. M. Bongo et son gouvernement seront incapables de vous montrer leurs réalisations ne fusse que dans ces domaines en 4 ans de pouvoir.

Pour la bonne règle, nous vous informons que le contenu de la présente sera communiqué à la presse, aux athlètes, aux sponsors sportifs et aux organisations de la société civile et de défense des droits de l’Homme à travers le monde.

Nous espérons que vous comprenez notre démarche.

Comme l’a dit Bob Marley, « don't gain the world and loose your soul. Wisdom is better than silver and gold ».

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de nos salutations distinguées.

Pour le mouvement citoyen « ça suffit comme ça », Marc ONA ESSANGUI, Prix Goldman 2009 - contact : +241 07 29 41 40

Pour le Front des Indignés du Gabon, Blanche SIMONNY ABEGUE, Présidente du Comité de suivi - contact : +241 06 49 08 39

Pour la Convention nationale des Syndicats du Secteur Education (CONASYSED), Marcel LIBAMA, Délégué chargé de l’Administration – contact : +241 06 77 28 71 

M. Grégory NGBWA MINTSA, Prix de l’Intégrité Transparency International 2009 et 2010 - contact : +241 06 24 61 57

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