Une bobine de plus, nommée Blaise Compaoré, mais que je me plais à surnommer, presque affectueusement, "Le Blaiso". Mes proches le savent et m'ont d'ailleurs reproché de ne pas avoir suffisamment déformé le personnage et d'y être allé plutôt avec douceur… Ah ! Ben… Peut-être parce qu'il me fit le grand honneur de me recevoir – tenez-vous bien – deux petites semaines seulement après que j'eus déposé ma demande d'audience dans son cabinet ?… Pour avoir serré sa paluche de Pestilent et d'avoir papoté en sa compagnie pendant trente minutes montre en main… ? Sans doute.
Mais une chose est sûre, c'est que je n'arrive pas à détester ce Pestilent. Me serais-je donc laissé acheter par lui ? Mais non, mais non ! Loin de là… Laissez-moi vous expliquer… Ce qui m'arrive, c'est simplement ce que j'appelle le "syndrome du dîner". Cette appellation m'a été directement inspirée par une anecdote vécue et racontée par le grand Wolinsky, vous savez, ce journaliste-caricaturiste qui bosse à Charlie-Hebdo… Il dit qu'un soir, il se retrouva sur une table, à dîner avec François Mitterrand et un de ses conseillers, ce qui, pensait-il, lui donnerait matière à lui taper dessus dans ses prochains dessins. Et là, surprise ! Il découvre un homme plutôt intelligent, très courtois, espiègle, qui a de l'humour, etc. Bref !... Vous imaginez ce qui s'est passé par la suite ? Il se mit tout bêtement à l'aimer ! Conséquence, son sens critique se mit à s'effilocher, son objectivité à se diluer et, in fine, il ne se sentait plus capable de faire un dessin crade de chez crade sur le Mitterrand. A tous les coups, il revoyait s'exprimer ce personnage qui finalement était bien loin d'être le grand con qu'il croyait… Et sa main s'attendrissait. Ah, le pauvre ! En voilà un qui croyait prendre mais qui s'est fait prendre !
La leçon, c'est donc, pour les journalistes et les caricaturistes satiriques, de ne jamais accepter la moindre faveur, quelle qu'elle soit, de la part de ceux-là qu'on appelle, dans le jargon, nos "clients".
Le Blaiso ne m'a pas laissé les mêmes impressions, loin s'en faut, mais je crois avoir eu le temps, lors de notre entrevue, de percevoir autre chose en lui, en plus du pauvre bougre qui n'a pas hésité a "rectifier" son frère T. Sankara... Quelque chose d'un peu bien, tout juste, et pas plus.
Ah, ça ! C'est ce qui est arrivé à T. Sankara qui risque de lui arriver, le zigue. Les démissions récentes et fracassantes des ténors de son parti doivent lui faire froid dans le dos. Ces mecs sont des politiciens et non pas des commandos tel que le fut Blaiso à un moment de sa vie, et n'iront certes pas jusqu'à envisager son élimination physique, mais attention à ce qu'ils ne parviennent à utiliser le peuple pour cette sale besogne.
L'exemple de Kadhafi est encore sanguinolent dans nos mémoires…
Un conseil, Le Blaiso : cherche le mot "démissionner" dans un dico et essaye donc d'en appliquer le sens. A bon salut, entendeur !
Bonne contemplation.