Vers le 15 juin prochain, la chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (CPI) devra rendre sa décision finale concernant l’Audience de confirmation ou d’infirmation des Charges que le bureau du procureur de ladite Cour tente de faire peser sur le président Laurent Gbagbo.
Ainsi, plus de trois ans après son arrestation dans des conditions de violence exorbitantes du droit international le plus élémentaire, plus de trente mois après son transfert à La Haye, le président Laurent Gbagbo est maintenu en détention au motif principal que le Bureau du Procureur de la CPI peine de plus en plus visiblement à étayer la moindre culpabilité contre lui.
Déjà, en février 2013, l’Audience, qui s’était tenue sur près de huit jours, avait commencé à lever le voile sur la vacuité du dossier d’accusation qui avait conduit les juges de la Chambre Préliminaire I a ajourner leur décision en « offrant » à la Procureure l’occasion d’apporter des « preuves additionnelles et de conduire des enquêtes préliminaires », en un mot de revoir sa copie. Désormais, au terme de dix nouveaux longs mois de procédure, toutes les parties ont rendu leurs conclusions.
La lecture de la version publique expurgée du second corrigendum concernant les observations écrites de la défense sur la preuve du procureur révèle, au-delà de toutes les attentes, la faiblesse abyssale des prétendues charges pouvant peser sur le président.
Il revient maintenant aux trois juges de la Chambre Préliminaire I de se prononcer en leur âme et conscience. Il ne nous appartient pas de préjuger de leur décision mais, d’ores et déjà, nous devons nous préparer à une conclusion positive et à la relaxe du président Gbagbo.
En effet, depuis son élection en octobre 2000 jusqu’à aujourd’hui, avec des pics d’exacerbation récurrents, en particulier lors de la période qui a suivi le bombardement des forces françaises à Bouaké en novembre 2004 (qui n’est toujours pas élucidé) et tout au long de la crise « postélectorale » de 2010/2011 qui a engendré la situation actuelle, le président Gbagbo a été soumis à un extraordinaire déchaînement politico-médiatique qui restera dans l’Histoire comme l’un des pires du genre.
Ce storytelling, imaginé par les tenants d’un ordre ancien qui voudraient voir le monde tel qu’ils l’imaginent et non pas tel qu’il est, et décliné par des spins doctors enfermés dans leurs certitudes et leur précipitation à plaire à leurs mandants, a conduit à présenter un homme épris de justice et de dignité humaine, combattant acharné de l’instauration de la démocratie dans son pays, au prix de l’exil et de la prison, comme le pire dictateur arcbouté sur le pouvoir au mépris de toutes les règles !
Ainsi, en février 2007, lors d’un entretien avec un général ayant exercé des hautes responsabilités dans l’opération militaire française Licorne en Côte d’Ivoire, celui-ci m’avait déclaré textuellement : « Nous savons qu’en Côte d’Ivoire c’est Gbagbo qui a le soutien de la population mais ON lui a tellement savonné (sic) la planche à l’international qu’il aura du mal à la remonter ! » La manœuvre contre Gbagbo vient de loin…
Il existe un adage en Côte d’Ivoire qui s’énonce ainsi : « si tu es l’ennemi de Gbagbo et que tu veux le rester, ne le rencontre jamais ! »
L’acharnement politique et médiatique orchestré ces dernières années a « fabriqué » beaucoup d’ennemis au président Gbagbo, d’autant plus facilement que la profusion vertigineuse des canaux d’information évolue aujourd’hui en raison inverse du bon sens commun.
Il y a quelques semaines, j’échangeais avec un sénateur socialiste, considéré comme plutôt connaisseur de l’Afrique, et, au détour d’une de ses interrogations, j’ai pu mesurer l’ampleur du mal causé à l’image de Laurent Gbagbo. En effet celui-ci, ayant convenu que le dossier de la CPI était « vide », m’interpella ainsi : « Si Gbagbo sort et, hypothèse d’école, revient aux affaires, saurez vous le conseiller pour qu’il gomme (sic) le coté dictatorial de son mandat précédent ? »
J’avoue être resté un instant sans voix. Qu’ un homme politique français que je crois sincère, qui plus est socialiste, soit persuadé que Laurent Gbagbo a une face « dictatoriale » m’a révélé la profondeur des dégâts commis par ce pilonnage politico-médiatique et montré l’ampleur de la tâche à accomplir pour sortir de cette spirale vénéneuse.
Aujourd’hui, il est temps de mettre fin à cette fable indécente qui, si elle continuait à prospérer, pourrait être lourde de conséquences pour la Côte d’Ivoire, la sous-région et, au-delà, la France. Il est vraiment temps d‘aller à la rencontre du véritable Laurent Gbagbo et d’inscrire cette démarche dans une perspective de réconciliation et de renouveau pour le pays.
Les faits sont têtus
Si le président Gbagbo a été arrêté le 11 avril 2011, c’est d’abord que, soucieux de respecter le droit de son pays, démarche qui est l’alpha et l’oméga de sa conscience politique et le guide unique de son action, il ne s’est pas dérobé après avoir été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle de novembre 2010 par le Conseil constitutionnel. Je ne refais pas ici l’Histoire mais les « faits sont têtus » et on ne peut pas comprendre la situation actuelle du pays sans faire référence à ces faits. Pendant toute la période dite de la « crise postélectorale », Laurent Gbagbo a voulu s’en tenir à la légitimité républicaine qui fonde la vie démocratique d’une nation digne de ce nom.
Ainsi, dans Côte d’Ivoire, pour une alternative démocratique (l’Harmattan, 1983), Laurent Gbagbo a écrit : « La démocratie c’est aussi un acte d’humilité. C’est la prise en compte de la relativité des intelligences individuelles et des doctrines. C’est le respect accordé à ses concitoyens. Etre démocrate, c’est reconnaître qu’on a ni le monopole de la vérité, ni le monopole de la sagesse, ni le monopole de l’amour de son pays. »
En avril 2011, Laurent Gbagbo s’est comporté comme un démocrate, prêt à reconnaitre sa défaite si, au terme d’un processus simple et de bon sens, le recomptage des voix, il était acté qu’il avait perdu. Il l’avait d’ailleurs publiquement déclaré dans un message télévisé dès le début de la crise. La suite, on la connaît.
Le président Laurent Gbagbo l’a dit clairement dans son adresse à la CPI le dernier jour des audiences de février 2013 : l’Afrique a besoin de la démocratie d’abord pour elle-même et pas pour satisfaire une quelconque volonté des Européens ou des Américains. Et, pour implanter durablement la démocratie, il ne suffit pas de « faire des élections », il faut aussi, et surtout, respecter la loi.
Et c’est justement le combat de toute une vie du président Laurent Gbagbo. Docteur en histoire, il s’en est imprégné dans sa lutte quotidienne. Ainsi dans une des ses premières œuvres, Soundiata le Lion du Mandingue (éditions CEDA, 1979), il consacrait la légitimité du pouvoir contre l’usurpateur dans l’Empire du Mali ! Et cette pièce fut jouée la première fois en Côte d’Ivoire alors qu’il était en …prison, déjà, à Séguela, au nord du pays, en 1971 !
Dans les sociétés démocratiques, le peuple se donne une instance de jugement suprême qui tranche « en dernier ressort ». En Côte d’Ivoire, comme en France, cette instance se nomme le Conseil Constitutionnel.
Le 28 février 2013, devant la CPI, Laurent Gbagbo déclarait : « La démocratie c’est aussi (…) le respect des textes et, d’abord, de la plus grande des normes en droit, la Constitution. Qui ne respecte pas la Constitution n’est pas démocrate (…) le salut, pour les Etats africains, c’est le respect des Constitutions que nous nous donnons et des lois qui en découlent. »
Le 5 juillet 2013, François Hollande, comme en écho, déclarait à son tour : « Le Conseil Constitutionnel doit être respecté, pleinement respecté, entièrement respecté et personne ne peut suspecter, mettre en cause cette institution sans remettre en cause l’ensemble des institutions (…) le Conseil Constitutionnel est une institution de la République qui, par son indépendance, règle des questions qui sont de sa seule autorité ».
Après l’élection présidentielle de 2010, le Conseil Constitutionnel ivoirien a été stigmatisé comme un instrument aux mains de Laurent Gbagbo au motif que le président en aurait nommé tous les membres, alors qu’il n’avait jamais subi de critiques jusque là. C’était pourtant, à l’époque, le même cas de figure en France, les neufs membres du Conseil Constitutionnel ayant été désignés par Nicolas Sarkozy et des Présidents de Chambres issus de sa famille politique. Et, quand ce Conseil valida la loi sur les retraites malgré les manifestations monstres de la gauche, personne n’alla contester sa décision.
Pour la Côte d’Ivoire, la « communauté internationale » n’a pas eu ce respect des institutions… Mais la diabolisation programmée de Laurent Gbagbo passait par là.
A cet égard il faut rappeler que Monsieur Ouattara, dès son « installation », a foulé, comme dans bien d’autres domaines, les règles élémentaires du Conseil Constitutionnel, en modifiant illégalement sa composition et en désignant un nouveau président, professeur de … droit constitutionnel, qui n’a rien trouvé à y redire !
Mais « les faits sont têtus » : Laurent Gbagbo est un démocrate qui n’a jamais renié son engagement politique et sa façon, exclusivement pacifique, de faire de la politique qu’il soit dans l’opposition, en prison, en exil ou au pouvoir.
Voila ce qu’il écrivait dans Agir pour les Libertés (L’Harmattan 1991) : « …il est urgent de proclamer toutes les libertés et de prendre les moyens de les rendre effectives : libertés d’expression, de réunion, d’association, de presse, libertés syndicales et religieuses, etc. la proclamation de ces libertés et leur mise en application effective permettent à chacun de se débarrasser de la peur au quotidien et de s’impliquer dans la construction nationale… »
A cette époque, la Côte d’Ivoire était dirigée par Félix Houphouët-Boigny, à l’hiver de sa vie, et son premier ministre s’appelait … Alassane Dramane Ouattara qui, le 18 février 1992, enverra Laurent Gbagbo, son épouse Simone et la majorité des cadres de son parti, le Front Populaire Ivoirien (FPI), en prison, après avoir réprimé dans la violence une marche pour les libertés….
Laurent Gbagbo, une vision de l’Histoire
Laurent Gbagbo n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Fils d’un modeste fonctionnaire, il parviendra, après de brillantes études en Côte d’Ivoire, au doctorat d’histoire à la Sorbonne. Nourri de culture gréco-latine, il a fondé sa vision politique sur une connaissance exceptionnelle de l’Histoire. Ainsi, dans une de ses œuvres anciennes et méconnue, Réflexions sur la Conférence de Brazzaville (Editions Clé, 1978), Laurent Gbagbo analyse cette réunion convoquée en 1944 par le général De Gaulle pour préparer l’après-guerre et le renouveau d’une France exsangue en s’appuyant sur ses dernières possessions, essentiellement ses colonies africaines.
Dans un entretien avec l’hebdomadaire Ivoire-Dimanche (N° 452 du 7 octobre 1979), et répondant à une question demandant si les Africains « doivent intégrer la Conférence de Brazzaville dans leur propre histoire », il dit ceci :
« La Conférence de Brazzaville – comme toute la politique coloniale, qu'elle soit française, anglaise, portugaise –, fait partie intégrante de l’histoire africaine. C’est amputer l’histoire africaine d’une grande partie d’elle-même que de fermer les yeux sur cette histoire. Aujourd’hui, je me considère comme le produit de l’histoire traditionnelle africaine et de l’histoire coloniale. Je pense que c’est un grave danger que les Africains veuillent mettre très souvent entre parenthèses l’histoire coloniale sous prétexte que cela blesse telle ou telle partie en cause. L’histoire coloniale fait partie de l’histoire des pays colonisateurs et de notre propre histoire.
Même les institutions que nous avons, dans tous les pays d’Afrique, sans exception (forme de gouvernement, assemblées), sont héritées directement du système colonial. Donc, il nous faut réfléchir sur l’histoire coloniale pour que nous sachions exactement ce que nous devons en faire. Les Africains en général et surtout l’historien africain doivent se pencher sur l’histoire coloniale sans fausse honte. »
C’était il y a 35 ans. Dans cette réponse, toute la lucidité de Laurent Gbagbo transparaît. Il est déjà totalement engagé dans la lutte politique pour une Côte d’Ivoire démocratique, il a connu dès 1969 les arrestations arbitraires et il sait que l’avenir ne peut pas se bâtir sans s’approprier l’histoire, quelle qu’elle soit, et celle de son pays est indissociable de sa période coloniale.
Aussi, avoir voulu présenter Laurent Gbagbo comme un « anti-français », voulant « couper les ponts » avec le colonisateur, est un contresens, sinon un non-sens. Tout au long de sa présidence, malgré la position souvent équivoque des autorités françaises de l’époque et même aux pires heures de tension, Laurent Gbagbo a toujours gardé le secret espoir de voir la France assumer sa propre histoire afin de bâtir, enfin, une relation adulte avec son ancienne colonie. Dans la présentation de son programme électoral pour l’élection présidentielle de 2010, Bâtir la paix sur la démocratie et la prospérité, il écrit : « Je veux, avec le soutien de tous nos amis, y compris la France, doter la Côte d’Ivoire des moyens d’assurer la sécurité de ses frontières, et celle des personnes et des biens sur son territoire ». Nous sommes loin du portrait « diabolique » propagé ad nauseum par les médias pendant toute la crise.
La Côte d’Ivoire a besoin de Laurent Gbagbo
Aujourd’hui, ceux qui ont voulu abattre Laurent Gbagbo, homme de culture et pétri d’Histoire, voient leur sinistre dessein se déliter et, face à la dégradation dangereuse du tissu social en Côte d’Ivoire, le président représente désormais une des rares voix capables de prôner l’apaisement et qui se résume dans son fameux mot d’ordre : « Asseyons nous et discutons ! ».
Ce qui ne tue pas rend plus fort, disait Nietzche. Trois ans après son arrestation Laurent Gbagbo, déjouant tous les pronostics de ceux qui s’étaient attachés à l’effacer du paysage politique, est toujours debout et prêt à aller « jusqu’au bout » selon l’expression qu’il a formulé lors de sa première comparution à la CPI le 5 décembre 2011.
C’est l’avenir de la Côte d’Ivoire, et de toute la sous-région, qui est en jeu. Les obstacles s’amoncellent sur le pays, de toutes natures et les dirigeants installés au son du canon ne peuvent plus longtemps occulter cette évidence : rien ne se réglera dans le pays sans la présence de Laurent Gbagbo au milieu des siens et associé au débat politique.
L’horizon politique, c’est octobre 2015 et l’élection présidentielle qui doit se tenir à cette date. Sa bonne organisation suppose un consensus national sur une Commission électorale rénovée et indépendante du pouvoir, une liste électorale indiscutable et un environnement sécuritaire garantissant la libre expression des Ivoiriens et des Ivoiriennes.
L’heure n’est plus aux anathèmes. Tous ceux qui connaissent le « vrai » Laurent Gbagbo savent que sa détermination est intacte et que toute son énergie est dédiée à l’intérêt de son pays. Il s’y est préparé de longue date, comme il le précise lui-même dans Côte d’Ivoire, pour une alternative démocratique (l’Harmattan, 1983), où, parlant de son engagement, il déclare : « Pour ma part, je ne me suis jamais dissimulé qu’un tel choix pouvait me conduire à perdre tous les avantages matériels liés à ma fonction ; qu’un tel choix pourrait me conduire à me séparer de ceux que j’aime ; qu’un tel choix pourrait me conduire à perdre la vie. Mais c’est précisément là la rançon de la liberté ».
Et, effectivement, il fut chassé de l’université, contraint à l’exil et a échappé à la mort en plusieurs occasions. Mais, je peux en témoigner, du fond de sa prison battue par les vents du Nord, loin de sa terre d’Afrique pour laquelle il a tout sacrifié, jamais il n’a renoncé, n’exprimant ni regret ni haine pour ceux qui lui ont fait subir cette épreuve.
La libération du président sera un acte majeur pour la réconciliation en Côte d’Ivoire, seule voie que doivent emprunter tous les protagonistes de la trop longue crise qui a meurtri le pays. Elle sera source d’apaisement et favorisera la stabilité sous-régionale dans une Afrique de l’Ouest où les incertitudes, sinon les dangers, vont se multiplier dans les mois à venir, en fonction des nombreuses et difficiles échéances électorales au Burkina, au Benin, au Togo, sans parler du Nigéria où l’élection présidentielle se profile sur fond de violence terroriste illustrée par la montée en puissance de Boko Haram.
Pour la France, c’est l’occasion historique d’en finir avec les miasmes de la Françafrique qui n’en finissent pas de disparaître, et d’effacer dans la mémoire collective des Africains l’effet dévastateur de l’intervention brutale de Nicolas Sarkozy qui, là comme en de si nombreuses circonstances, a défié les règles élémentaires du droit international. Les gouvernants français actuels n’ont aucune responsabilité dans cette dérive inimaginable qui a vu, pour un simple contentieux électoral, un chef d’Etat d’un pays né de la décolonisation, bombardé sur ordre du chef d’Etat du pays colonisateur, capturé et envoyé depuis plus de trois ans en prison sur la base d’un dossier qui se révèle sans fondement, au seul motif que ce dernier avait décidé d’installer au pouvoir un homme-lige. Ils ont ainsi l’opportunité de restaurer, dans le cœur des Africains, tout le prestige de la patrie des droits de l’homme que les récentes interventions militaires, bien que légitimes, ne parviendront pas, à elles seules, à réaliser.
Laurent Gbagbo à La Haye, c’est la démocratie qu’on assassine, et sa sortie de prison sera, d’abord, la réparation d’une injustice douloureuse et, ensuite, le premier pas d’une réconciliation nationale qui est le vœu d’une immense majorité d’Ivoiriens et d’Ivoiriennes.
Mandela, figure tutélaire de l’Afrique, au terme de son extraordinaire parcours carcéral, avait « sauvé » son pays d’une catastrophe annoncée en imposant une réconciliation improbable à ses concitoyens de toutes origines. Il nous a quittés mais son exemple est éternel.
La réconciliation en Côte d’Ivoire sera ainsi la perpétuation de son message : « … en fin de compte, la réconciliation est un processus spirituel qui requiert autre chose qu’un simple cadre légal. Il faut qu’elle ait lieu dans le cœur et dans l’esprit des individus ».
PARIS, LE 7 MAI 2014
Bernard Houdin, Conseiller Spécial du président Laurent Gbagbo, représentant du Porte-parole du président pour l’Europe et l’Amérique