Mardi 21 juin. La police de Gare du Nord fête la musique...
Alors qu'il rentrait d'un concert à Cologne avec Nneka, l'artiste nigérian Keziah Jones a été victime d'un musclé contrôle au faciès, réalisé mardi 21 juin, jour de la Fête de la Musique, par la police française, gare du Nord, à Paris, avant d'être emmené au poste et gardé une heure. Voici son récit des faits dans Libération.
"Je passais juste la nuit à Paris pour repartir donner un concert en Algérie le lendemain matin. (...) J’étais sur le quai avec mon manager et nous faisions signe à mon assistante qui était à l’autre bout. Trois policiers nous ont alors barré le chemin et m’ont demandé, à moi seul, mes papiers. Je leur explique que je vais à l’autre bout du quai et me répondent : « Vous allez nulle part. Où est votre passeport ? » Du coup, je leur ai dit : « Vous savez quoi ? Je n’ai pas mon passeport sur moi, il est chez moi. Venez à mon appartement. » Et tout de suite, ils ont commencé à me bousculer. Je leur demandais : « Mais qu’est ce que j’ai fait de mal ? Si vous pensez que j’ai fait quelque chose de mal, emmenez-moi au poste. » Ce qu’ils ont fait, et j’ai passé une heure là-bas. Je sais que cela arrive tous les jours à plein de gens, et qui n’ont pas le luxe d’être un musicien connu. Je trouve ça vraiment injuste d’être choisi parmi 600 passagers et d’être traité de la sorte. En Angleterre et aux Etats-Unis, on ne peut pas arrêter n’importe qui sans un véritable motif. (...) Mes papiers étaient dans mon appartement à Paris. Je suis de nationalité britannique, je n’ai pas besoin de passeport pour aller en Allemagne. Ce jour-là, j’ai été la seule personne à qui l’on a contrôlé son identité en descendant de ce train. Alors, je ne sais pas : je suis musicien, je porte un chapeau, des lunettes noires, alors peut-être que j’ai l’air suspect. (...) Je jouais dans le métro en 1989-1990. Quand la police me disait de partir de là où je jouais, j’obtempérais. Ils restaient polis, et ce n’était pas une intervention policière au hasard et agressive. C’est la première fois que j’ai affaire à des policiers aussi virulents. (...) Au bout d’une heure, ils m’ont laissé partir sans aucune explication, sans excuse, rien. Il aurait presque fallu que ce soit moi qui m’excuse de ne pas avoir le bon look.
Photo - Facebook Keziah Jones