Alassane Ouattara et Paul Yao N'Dré, le 21 avril à Abidjan
La nouvelle vient de tomber, annoncée par l'AFP et le Figaro : en toute illégalité, en toute inconstitutionnalité : Paul Yao N'Dré, ci-devant président du Conseil constitutionnel ivoirien, aurait finalement accepté d'investir le candidat tricheur, malheureux et massacreur Alassane Ouattara. Celui-ci n'aurait plus même désormais qu'à prêter serment... Sauf que ! Sauf que, ainsi que le rappelait, "innocemment", la très informée Lettre du Continent (et également Marianne, sous la plume d'Alain Léauthier, le sussurant sans l'énoncer), le Conseil constitutionnel ivoirien ne peut ni être limogé ni se déjuger (et investir deux présidents, c'est au moins se déjuger... et c'est même, transitivement, se déjuger deux fois). Or prétendre investir Ouattara aujourd'hui, en annonçant une prestation de serment le 21 mai prochain à Yamoussokro, revient à déjuger le Conseil constitutionnel et, par définition, rompre avec la "sacralité" de la constitution. Quelle valeur ont donc aujourd'hui la parole et les actes de Yao N'Dré ? Si ces mêmes paroles et actes, prononcées et exécutés par le même homme, en décembre 2010, avaient la moindre valeur, juridique, constitutionnelle et institutionnelle, on la leur fait perdre "définitivement" à l'instant. Si ces paroles et actes n'avaient pas ces valeurs conjuguées, pourquoi en auraient-elles plus aujourd'hui ? A fortiori si on considère que ces paroles et actes vont être prononcées et exécutés rigoureusement par le même individu qu'en décembre 2010...
Si ces paroles et actes, la proclamation de la victoire de Laurent Gbagbo, sa prestation de serment et son investiture, n'avaient aucune valeur, pourquoi Alain Juppé a-t-il couru comme un chienchien derrière une balle après une hypothétique lettre de renoncement ou de démission qu'aurait pu lui signer Gbagbo ? Pourquoi a-t-on tant tenu à "garder Gbagbo vivant"... pas par humanisme, demandez à IB ! Après l'avoir insulté et humilié à qui mieux mieux en le traitant d'"ami de Gbagbo" (y a t il aujourd'hui plus infamant sur terre ?), les journalistes occidentaux vont dire quoi de Yao N'Dré, le décrire comment ? Et celui qui lui doit sa nouvelle crédibilité ? Comment présente-t-on un candidat proclamé et investi par l'âme damnée de Gbagbo, son obligé, son loyal ami, le si décrié Paul Yao N'Dré ?
Malheureusement pour lui, la seule vraie question qu'on se pose aujourd'hui au sujet de Paul Yao N'Dré, c'est : combien ? Il faut même la lui poser deux fois : une fois pour Gbagbo et une fois pour Ouattara. À l'État Français et à son président, la moitié de Carla Sarkozy, on demandera jusqu'où ils comptent aller dans le pathétique, le pro-américanisme forcené et la destruction délibérée de deux pays, la France et la Côte d'Ivoire ? Au sujet de Ouattara... on ne se pose définitivement plus aucune question : Gbagbo avait raison, Ouattara c'est maïs... incapable de contrôler quoi que ce soit, il suit les injonctions de la tutellaire ancienne puissance coloniale, feint de ne pas s'apercevoir que ses FRCI s'entre-déchirent (Soro l'emmène tout droit devant la CPI) et essaye de faire bonne figure pendant que l'or et le cacao quittent le territoire sans aucun contrôle ni bénéfice pour les Ivoiriens... sa dernière blague : essayer de s'attribuer les salaires des fonctionnaires de mars que Gbagbo avait réussi à payer !
Il y a quelques jours à peine, Yao N'Dré prétendait que le camp Ouattara le "tenait" en menaçant sa famille (on a dit la même chose pour le général Mangou en son temps)... famille que le camp Gbagbo lui avait proposé de faire exfiltrer vers le Ghana... Ghana où il refusa d'envoyer les siens, avant de s'y refugier lui-même pour finir, puisque c'est là-bas qu'Ado lui enverra un jet à l'occasion de la rencontre du 21 avril. Selon toute logique, d'ici quelques heures, vraie ou fausse, circulera une déclaration de Yao N'Dré, laissant clairement entendre que c'était en fait Gbagbo qui le menaçait, vous verrez !
Juste pour rire un peu, nous vous proposons de relire la lettre envoyée par Paul Yao N'Dré à Alassane Ouattara, le samedi 4 décemble 2010, après que celui-ci lui eût fait parvenir sa "prestation de serment"...
Par ce courrier en date du 03 décembre 2010, vous m'informez que « le jeudi 02 décembre 2010, la Commission électorale indépendante, rendant publics les résultats provisoires du scrutin du 28 novembre dernier, [vous] a déclaré élu comme nouveau Président de la République de Côte d'Ivoire ».
Citant l'article 39 de la Constitution de la République de Côte d’Ivoire, qui fonde le serment du Président élu, vous notez que celui-ci intervient dans « un délai de 48 heures à compter de la proclamation des résultats définitifs » du scrutin présidentiel.
Me référant à cette même Constitution, en son article 94, je voudrais respectueusement porter à votre attention que les résultats définitifs du scrutin présidentiel auxquels vous faites allusion sont du ressort exclusif du Conseil constitutionnel.
"Ainsi, la Commission électorale indépendante n'ayant pu terminer sa tâche de recensement des suffrages et n'ayant pu, en conséquence, donner les résultats provisoires du scrutin dans les délais légaux (article 59 nouveau du Code Electoral), c'est-a-dire jusqu'au 1er décembre 2010, à minuit, elle s'est trouvée légalement dessaisie de ses pouvoirs en la matière. Dès lors, il revenait au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats définitifs du deuxième tour du scrutin présidentiel du 28 novembre 2010.
Par conséquent, les résultats provisoires donnés de façon solitaire, en l’absence des membres de la Commission électorale et des représentants des candidats, par le Président de la Commission électorale indépendante le jeudi 02 décembre 2010, portent gravement atteinte aux dispositions du Code électoral, quand bien même ils auraient été certifiés par le Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies. Cette certification ne doit, en aucun cas, être confondue avec la validation et la proclamation des résultats définitifs du scrutin qui, elles, relèvent de la seule compétence du Conseil constitutionnel.
En clair donc, la Commission électorale indépendante n'a pu valablement vous déclarer élu comme nouveau Président de la République de Côte d’Ivoire.
Les résultats définitifs proclamés par le Conseil constitutionnel le vendredi 03 décembre 2010, se présentent comme suit: GBAGBO Laurent: 51.45 % - OUATTARA Alassane : 48.55 %
II ressort de tout ce qui précède que seul le Président élu à l’issue du scrutin du 28 novembre 2010, en l’occurrence Monsieur GBAGBO Laurent, est habilité à prêter serment.
La cérémonie de prestation de serment s'est déroulée le samedi 04 décembre 2010, au Palais présidentiel devant le Conseil Constitutionnel, réuni en audience solennelle."
Photo - dr Texte - S.T.