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Le Gri-Gri International

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Korhogo ou le Guantanamo du président Gbagbo et de son entourage

Publié par www.legrigriinternational.com sur 23 Avril 2011, 00:22am

Catégories : #Côte d'Ivoire - Élections 2010

Gbagbo Korhogo 17 04 2011 www.legrigriinternational.com


Le 14/04/2011, on apprend que, "Selon les informations de La Lettre du Continent, Laurent Gbagbo aurait été transféré, le 12 avril, par hélicoptère, de l'hôtel du Golf d'Abidjan à Korhogo, capitale de l'extrême-Nord de la Côte d'Ivoire dotée d'un aéroport. L'ancien président, capturé la veille, avec 106 autres personnes, logerait dans la villa présidentielle construite dans cette ville par Félix Houphouët-Boigny." Là, on peut le supposer, le jeune journaliste gaulois, échaudé par le nombre époustouflant d'émissions, de flash, de débats, de Unes consacrés depuis décembre dernier à la Côte d'Ivoire, saute sur l'occasion pour retourner à Abidjan ; et (enfin !) ailleurs qu'à l'hôtel du Golf ! Mais non : rien. La Lettre du continent, pourtant si informée, si influente, annonce où se trouve Laurent Gbagbo et pas un canard français pour essayer d'en savoir plus. Depuis le 13 avril, même I-Télé et BFM, qui ont pourtant largement profité de la crise ivoirienne, ne parlent plus ni de Ouattara ni d'Abidjan. À peine quelques paresseux télex, énigmatiques et presque poétiques à force d'abstraction. Le "successeur" de Saddam Hussein et Mugabe n'excite plus les rédactions. Chez les Ivoiriens, on suppute. On redoute. On abomine d'avance. Mais personne ne cherche trop à vérifier non plus. La villa serait "l'une des rares à avoir été épargnées et à être fonctionnelles dans cette zone occupée depuis 2002 par l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN). Les éléments de Kouakou Fofié, sans doute le plus discipliné des commandants des FN, ont formé un cordon de sécurité afin de protéger l'accès au site."
Ce qu'il reste de la presse ivoirienne - à cet égard, les témoignages au sujet de la chasse aux journalistes pro-Gbagbo prennent un tour effrayant - semble plus intéressée par les visites rendues à Ouattara. Celle, mercredi 20 avril, du président de l'Assemblée nationale, et constitutionnel chef de l'État en cas de vacance du pouvoir, Mamadou Koulibaly. Celle, jeudi 21, du président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N'Dré, l'homme qui a proclamé Laurent Gbagbo président. Trahisons de barons ? Lâchetés de cadors ? Ruses de vieux sioux ? Stratégies pré-établies avec le président Gbagbo avant la capture ? Exégèse infernale. Des deux, semble-t-il, pas un mot n'a filtré relatif au sort du président Gbagbo. Tout comme il est impossible pour nous, et les avocats du Collectif de défense de Laurent Gbagbo, dont le courrier au CICR est resté sans réponse, d'en savoir davantage. Ne serait-ce que sur l'état de santé du chef de l'état ivoirien. Sur ses conditions de détention. Moins encore d'entrer en contact avec un "client" dont personne ne sait dire au juste ce qui lui est légalement reproché. La France devrait l'enseigner à ses supplétifs rebelles ouattaristes déguisés en FRCI : au titre des Droits de l'homme, en temps de guerre, les prisonniers, quand il y en a, ont des droits. Or il s'agit bien ici d'une guerre, engagée par la France contre la Côte d'Ivoire : la Une rageuse du Figaro, le lendemain de l'enlèvement de Laurent Gbagbo, évoquait une "Victoire de la France". Et il est bien question de "prisonniers". Déportés dans le Nord du pays, Laurent Gbagbo et ses proches sont détenus dans des conditions dignes de Guantanamo. Voici la liste des collaborateurs du PR emprisonnés à Korhogo où ils sont à la merci de tous, privés de tout, même du minimum. N'ayant droit à aucune visite : Général DOGBO Blé, Commandant de la Garde Républicaine, Commandant DUA Norbet, Aide de Camp du PR, Commissaire MONNET Denis, Commissaire, GUEDE Jocelyn, Garde du corps du PR, Capitaine KOBRI Rémi, Garde du corps du PR, Lieutenant ZAKO, Adjudants GOZE, ZOKOU Bi, KOUAME Kouamé, Les MDL KELE Kodia, CHIKA Fabrice, LOBA Amos MDL/C GNANOUKOU, Les C/C KOUAKOU Faitai, NIAMKEY Ekolan, DELY Die, Jean Louis, Me BAI Patrice et DJEKOURY Aimé. 

Au regard des combats qui continuent de se dérouler dans Abidjan (au point, selon Libération, que Ado n'ose pas quitter le Golf), de l'épuration ethnique déjà en pratique à l'ouest, des massacres de masse à Duékoué, dénoncés par le CICR, l'ONU, Caritas et même par l'ultra ouattariste Human rights watch, des cas de représailles par dizaines, de disparitions par centaines, des pillages, vols, viols et saccages... mais aussi des images de violences extrèmes prodiguées par les FRCi sur des civils et des prisonniers diffusées par Arte (et visibles ici), il est permis de nourrir la plus grande inquiétude quand au sort du Président Gbagbo et de son entourage. Les appels au calme et à "l'allégeance" ne masqueront pas longtemps la chasse aux sorcières et les purges dans l'administration. La remise en marche fictive de l'économie par le don aux cacaotiers occidentaux des centaines de tonnes entassées dans le port ne fait oublier à personne qu'Abidjan ne fonctionne pas plus aujourd'hui qu'elle ne s'était arrêtée en décembre. Les professions de foi nationalement réconciliatrices n'estompent pas les effets de l'asphyxie financière et de l'embargo sur les médicaments. L'absence d'informations rassurantes sur le Président Gbagbo, sur son entourage, compromet chaque jour davantage l'existence même d'une Côte d'Ivoire qui ressemble, chaque jour davantage aussi, toujours plus au Rwanda...   

Texte - Le Gri-Gri International   Photo - dr

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