Hier, j'ai vu Burgalat et AS. Dragon sur la scène des Trois Baudets.
Il y avait tout : La timidité presque maladive, les déhanchements maladroits, la magie de ceux qui savent ne pas brader ce qu'ils ont été, et puis, la musique !
Puissante, racée, autant caressante, envoûtante que méchante, gorgée d'étoiles explosives.
Les A.S.Dragon sont peut-être le groupe hexagonal le plus formidable de ces vingt dernières années. Ils ne miment pas le rock, la pop, le psyché, la soul, blablabla, ils incarnent, ils s'amusent, ils envoient.
On se souvient de la réplique de Gérard Lanvin dans Mes meilleurs copains : “Le batteur, il n'a pas laissé le feeling au vestiaire...”
Et bien, hier soir, Burgalat et les siens, comme des cow-boys assumant une errance flamboyante, n'ont rien oublié dans leurs loges et ont tout donné.
Des chansons, beaucoup, que ça, pendant 90 minutes, des reprises de Gainsbourg, de Amanda Lear, des invités comme Fuzati du Klub des Loosers, un vieux rasta dont j'ignore le nom, et puis Burgalat, entouré de ses musiciens valeureux, qui d'abord tremble, c'est presque palpable, avant de se lâcher, de partir, de s'envoler. À la fin, il s'excuse presque de devoir jouer encore, il demande au public, qui a noirci la salle et qu'on devine fidèle, protecteur, aimant, ce qu'il voudrait entendre. Il oublie des paroles, enlève ses chaussures, sautille, chante comme jamais il n'avait chanté, faux et illuminé, bancal et merveilleux.
On quitte la salle heureux.
Oui, il y avait tout.
Burgalat est un magicien. Ses colombes sont acides, ses lapins narquois et ses chapeaux gorgés de dimensions parallèles, où l'homme peut oublier, le temps d'un concert, qu'il doit mourir.