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Le Gri-Gri International

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Haïti. De Jamaïque en Afrique du Sud, Aristide et "le grand oiseau"

Publié par www.claude-ribbe.com www.legrigriinternational.com sur 27 Mai 2010, 13:16pm

Catégories : #Dom-Tom - Caraïbes & Amériques


1 couv-Robinson-Haiti-Presse

 

Je ne reçus jamais d’explication de Fogiel, mais j’imagine que Villepin s’était opposé à cette diffusion en intervenant directement auprès de Marc Tessier, à l’époque président de France Télévisions. Néanmoins, en partie grâce aux interviews diffusées sur RTL et TF1, et qui firent beaucoup de bruit, le président centrafricain Bozizé fut obligé de laisser Aristide repartir lorsqu’un avion affrété par les amis démocrates du président (et où se trouvaient notamment Maxine Waters et Randall Robinson) se rendit, quelques jours plus tard, à Bangui. Au grand dam des Américains et des Français, Aristide put repartir en Jamaïque et y retrouver ses deux filles. Je devais apprendre plus tard qu’il avait été prévu que le président (…) trouve la mort dans sa prison de Bangui. Il m’est impossible d’affirmer que Villepin était impliqué dans la préparation de cet assassinat, mais, dans la mesure où j’ai pu avoir la confirmation et la preuve irréfutable qu’il était bel et bien programmé, j’imagine qu’il n’était pas difficile au ministre des Affaires étrangères d’être au moins informé de ce qui allait se passer.

Plusieurs semaines plus tard, je reçus un appel téléphonique de Jamaïque. C’était Aristide. Il me dit qu’un « grand oiseau » viendrait le prendre le soir même et qu’il allait retourner dans le pays originel sous la protection de l’homme que j’avais rencontré pour le bicentenaire. Cela voulait dire que Thabo Mbeki lui envoyait un avion à destination de Prétoria. A la faveur de ces évènements, Aristide et moi nous liâmes d’amitié. Depuis six ans, il vit à Prétoria, sous la protection des Etats africains et de la Caricom (c'est-à-dire de tous les états nègres de la planète, ceux qu'on ne désigne jamais comme faisant partie de la « communauté internationale ») avec, comme seul revenu, le salaire qui lui est versé pour les cours qu’il donne à l’université d’Afrique du sud. Je n'ai pu m'offrir qu'une fois le voyage pour aller le voir. J'en ai profité pour l'interviewer. Il ne s’est jamais écoulé un mois sans que nous nous téléphonions. Notre dernier entretien, c’était il y a trois jours. Aristide a tout enduré, ne s'est jamais plaint, n'a jamais plié. Une fois le président Aristide renversé, Villepin et Bush, violant impunément la constitution du pays, mirent en place une nouvelle dictature sous l’égide d’un Américain, Gérard Latortue, une crapule nommée par les anciens pays esclavagistes « Premier ministre de transition ». La première mesure de Latortue fut d’annuler la demande faite à la France de restitution des 21 milliards de dollars extorqués à partir de 1825.

Deux ans plus tard, les partisans d’Aristide élisaient René Préval à la présidence, dans l’espoir qu’il permette à Aristide de rentrer dans son pays. Le jour de cette élection, j’étais dans le bureau du ministre français du tourisme, Léon Bertrand. Il fut très étonné que je lui donne le nom nu président qui allait être élu, car ce n’était pas le candidat de la France. Aujourd’hui, Léon Bertrand, ami intime de Chirac (l'homme qui ne se « commet » pas avec n'importe qui) est en prison pour corruption. Ainsi va le monde. René Préval, depuis quatre ans, n’a pas pu, n’a pas voulu ou n’a pas osé faire rentrer son ex-ami. Les Haïtiens n’ont jamais cessé de manifester pour le retour de leur président, honteusement enlevé par les Américains et la France.

(Suite et…fin, demain)

 

Texte – www.claude-ribbe.com



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