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Le Gri-Gri International

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Haïti 2003 : Quand Debray glapit au nom de Chirac, Véronique de Bonaparte-Villepin rougit d'aise Ribbe # 14

Publié par Gri-Gri International sur 1 Mai 2010, 06:04am

Catégories : #Dom-Tom - Caraïbes & Amériques

Régis Debray Haïti 2003 Claude Ribbe Aristide

À la table de réunion de la Commission Debray. (…). Ribbe, normalien « noir » comme dirait Finkielkraut, agrégé de philosophie, de l’autre côté de la table, Burkard, normalien « blanc », agrégé des Lettres, et Debray, normalien « blanc » également agrégé de philosophie. (…) Debray prit la parole et demanda avec arrogance, en nous désignant, Me Kurzban et moi, qui nous étions et ce que nous faisions dans ce bureau. Le ministre lui répondit avec un sourire que nous étions membres de la commission élargie chargée d’examiner la restitution de la dette de la France et que nous étions là en tant qu’experts. Il ajouta que M.Debray me connaissait, sans doute. Qui aboya : « Du moment qu’il n’est pas là pour raconter n’importe quoi ! » Véronique de Villepin, qui se cachait sous son nom d’épouse, Albanel, était à côté de Debray, avec l’air pincé d’une femme de colon qui serait obligée d’accompagner son mari au marché aux esclaves et de supporter les mauvaises odeurs. L’ambassadeur se tenait coi, avec l’air aussi franc que celui d’un âne qui recule. Marcel Dorigny, le bon communiste ami des noirs, faisait partie de la bande. Il baissait les yeux. J’interpellai la sœur du ministre :

- Tiens, quelle surprise ! Je crois que nous nous connaissons.

- Oh, cela m’étonnerait ! répliqua la pimbêche avec mépris.

- Mais, si, faites travailler votre mémoire. Vous ne voyez pas ?

Véronique de Villepin commença à se troubler. Debray la regardait avec inquiétude. Après avoir laissé passer un instant, je lançai :

- Vous êtes bien Véronique Galouzeau de Villepin ?

- Oui, pourquoi ? fit-elle en rougissant jusqu’aux oreilles.

La nouvelle Pauline Bonaparte était publiquement démasquée. Les deux ministres étaient hilares.

- Je me souviens de vous, ajoutai-je, parce que nous étions condisciples à Sciences po.

- Quelle mémoire ! glapit-elle. Ou alors, vous avez pris vos renseignements.

- Non, je n'ai pas l'habitude, comme vous sans doute, de "prendre mes renseignements" sur les gens. Mais il y a simplement quelque chose qui m'a marqué chez vous et que vingt cinq années n’ont pas effacé.

- Ah oui, et quoi donc ?

- Votre amabilité et votre sourire.

Debray, pour la sauver du ridicule, prit la parole d’une voix qui se voulait menaçante :

- Je suis ici au nom du président de la République française. Je commence par vous avertir d’une chose. Que ce soit bien clair : même si ce président était mon ami Alain Krivine, vous n’auriez pas un sou de la France, vous entendez ? Pas un sou ! Jamais ! Jamais !

Ce qui était étrange, c’était que la question de la restitution de la somme extorquée aux Haïtiens par la France en 1825 avait été explicitement exclue de la mission de Régis Debray. Le Quai d’Orsay l’avait bien précisé dans un communiqué. On pouvait donc tout imaginer de la réalité de cette mission. Debray venait de prouver, en tout cas, deux choses : 1°/ Il avait l’aval de Chirac. 2°/ C’était vrai qu’il parlait trop. Les Haïtiens ne l'appelleraient plus que "Le Konzé". Patronyme honni du compagnon du résistant Charlemagne Péralte qui, pendant l'occupation américaine, avait vendu son ami aux Yankees. Péralte avait été sommairement exécuté et cloué sur une porte pour servir d'exemple. (À suivre, évidemment)

 


PS : www.claude-ribbe.com

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