Sur « dénonciation » du ministre de la Justice, l’assemblée nationale gabonaise va se réunir en séance plénière et publique, le 4 mai 2011 à 14 heures, pour entendre André Mba Obame suite à sa prestation de serment du 25 janvier dernier. Non seulement, la manœuvre est grossière, car tout le monde sait que l’objectif de cette mascarade est la « neutralisation » d’un adversaire politique, mais en plus, on assiste à une capitulation du Législatif face à l’Exécutif. En clair, le gouvernement, via le ministre de la Justice, a obtenu des députés qu’ils « livrent » un des leurs, et que par la même occasion, ils assassinent le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs, indissociable de tout régime démocratique qui se respecte. Mais le Gabon, comme on le sait, est tout, sauf une démocratie. 43 ans avec la même famille au pouvoir, avec les mêmes prédateurs aux affaires, avec des institutions aux ordres, 43 ans d’assassinats, de vols, de viols, de terrorisme d’Etat : le Gabon des Bongo, Mborantsuo, Nzouba, Biyoghé-Mba est la caricature même de la république bananière. Une république sans vertu où l’arrogance et le courage du petit clan au pouvoir se nourrissent de la lâcheté et de la faiblesse de ceux-là mêmes qui prétendent représenter le peuple au parlement.
Le 4 mai, les députés signeront l’acte de décès de la loi qui dispose qu’aucun parlementaire ne saurait être poursuivi pour ses opinions ou actions politiques. En l’occurrence, André Mba Obame est visé par une procédure judiciaire pour avoir osé dire non à l’imposture, au déni de démocratie et à la kleptomanie électorale. Il l’a fait sans sortir du champ politique. Il l’a fait en usant des moyens légaux que lui offre la Constitution de son pays.
Mais c’était vite oublier qu’au Gabon, la Constitution est comme une fille de joie que violent allègrement et depuis toujours, à tour de rôle ou en groupe, les Bongo, Mborantsuo, Nzouba-Ndama, Biyoghé-Mba, Boukoubi et leurs semblables. Pendant combien de temps encore, et au nom de quoi, les (vrais) Gabonais vont-ils continuer à cautionner par leur silence de telles humiliations ?
Le 4 mai, les députés vont enterrer un peu plus la démocratie gabonaise, mais qu’ils sachent qu’au moment de la libération du pays, chacun rendra compte de ses actes. Et les traîtres seront traités comme tels ! Le 4 mai à 14h, rendons-nous tous à l’assemblée nationale pour faire échec à la trahison des députés ! Nous le devons bien à notre pays.
Texte - Le Gri-Gri Photo - dr