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Le Gri-Gri International

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#FreeGbagbo - Nous irons jusqu'au bout ! - Bernard Houdin 24/02/13

Publié par Bernard Houdin www.nouveaucourrier.info www.legrigriinternational.com sur 7 Mars 2013, 08:01am

Catégories : #Côte d'Ivoire - Élections 2010

Houdin-La-Haye-19-fev-2013.jpg19/02/13. La Haye. Bernard Houdin, conseiller spécial et représentant Europe-Amérique de Laurent Gbagbo  

Espérée ou redoutée, de toute façon très attendue depuis le transfert à la Cour Pénale Internationale (CPI) du président  Laurent Gbagbo dans les conditions que l’on sait, l’audience de « confirmation des charges », préalable à la tenue éventuelle d’un procès, s’est finalement ouverte mardi 19 février dernier. Le 5 décembre 2011, lors de sa première comparution devant la Chambre préliminaire de la CPI pour l’audience dite « d’identification », qui se veut, normalement, simplement procédurale, le président Gbagbo, au terme d’une brève mais impressionnante prise de parole, avait affirmé : « Nous irons jusqu’au bout ! ».

Après les quatre premiers jours d’audience le monde entier commence à comprendre la parole du président Gbagbo, alors même que la défense n’a pas encore engagé la bataille sur le fond du dossier, ce qu’elle va faire durant les quatre jours à venir, jusqu’à l’intervention prévue du président lui-même le jeudi 28 février.
Dès l’ouverture des débats le 19 février le professeur Dov Jacobs, conseil du président Gbagbo, a, dans une intervention « chirurgicale » dénoncé les limites juridiques de l’ensemble de la procédure engagée contre le président montrant ainsi que tout cela n’était que politique et que, si seul le Droit devait être dit, le président Gbagbo n’était pas à sa place devant ce tribunal.
Au terme des séances de présentation des charges contre le président par le bureau du Procureur, la démarche du professeur Jacobs a été totalement validée : le dossier contre le président a été monté de toutes pièces (jusqu’à l’usage de « faux » comme l’illustre le cas de la video « kenyane » !). Et, s’il y a un « Plan Commun » dans cette affaire, c’est bien celui d’une partie de la « communauté internationale » pour truquer le suffrage universel en Côte d’Ivoire lors de l’élection de novembre 2010, installer monsieur Ouattara et tenter d’effacer le président Gbagbo de la scène politique ivoirienne en le déportant à la CPI.

Spectateur attentif de la « démonstration », selon ses propres termes, du substitut du procureur j’ai presque éprouvé de la compassion devant tant d’efforts à vouloir exposer une thèse sans fondement où l’ignorance flagrante de la réalité de l’Histoire de la Côte d’Ivoire finissait par rendre incompréhensible la tentative d’explication (si bien qu’un juge, un peu « déboussolé », a souhaité qu’on lui produise « un organigramme » pour essayer de comprendre). Manifestement monsieur Eric MacDonald (ça ne s’invente pas…) est dépassé par la dimension du dossier (par charité je ne parlerai pas de la pathétique intervention de la représentante des victimes, Maitre Agathe Baroan ayant, avec beaucoup d’humanité, su lui prodiguer la réponse qui s’imposait).

Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Si l’affaire n’était que juridique, le président Gbagbo serait déjà rentré au pays. Désormais notre intime conviction est confortée par le déroulement de l’audience et la révélation, urbi et orbi, de la vacuité de l’accusation. Cette affaire n’est que politique. Aussi, même si de lundi à jeudi prochain la défense va, cette fois, entrer dans les détails et tailler en pièces une accusation misérable, cela ne pourra pas suffire, en soi, pour gagner la partie. Il restera à convaincre les responsables des grands pays qui dirigent le monde que l’avenir de la Côte d’Ivoire n’est pas de laisser prospérer cette pitoyable manœuvre mais de rechercher, rapidement, à préserver l’avenir de ce pays qui passe, inéluctablement, par la libération du président Gbagbo et de tous les prisonniers politiques ainsi que par le retour des exilés, afin d’engager une véritable réconciliation nationale. Avant qu’il ne soit trop tard.
La CPI est partie prenante du système des Nations Unies et agit sous le couvert du Conseil de Sécurité. Cependant les hommes et les femmes, essentiellement des juristes, qui la composent  devraient pouvoir exercer leur mission en toute indépendance, ce qui est le fondement des sociétés démocratiques et l’héritage de siècles de luttes sans merci.
Dans le cas présent la responsabilité d’exercer librement cette liberté repose sur le Procureur et les Juges de la Chambre Préliminaire. Le Procureur d’abord : Madame Fatou Bensouda n’était pas encore à ce poste quand le président Gbagbo à été transféré à La Haye après une « enquête » de son prédécesseur, Monsieur Moreno-Ocampo. Personnage trouble, au passé chargé d’actions sulfureuses qui auraient du lui interdire à jamais l’accession à un tel poste, celui-ci est parti au milieu du gué, laissant à son successeur ce dossier fabriqué sans vergogne.
J’ai entendu les premiers mots, en français, de Madame Bensouda, mardi 19 février lors de sa déclaration préliminaire. Un discours mécanique, à l’image du dossier, brutal dans la forme et inexact dans le fond. En 1999, dans le cadre de mes activités professionnelles, j’ai travaillé plusieurs mois en Gambie. Mon interlocuteur principal (nous avons cosigné, alors, en qualité de témoins pour chacune de nos parties, elle l’Etat gambien, moi la société adjudicataire, un contrat d’infrastructures important) était le Ministre de la Justice, Madame Bensouda. J’avais le souvenir d’une femme de conviction, de haute éducation et qui s’était imposée dans une société africaine plutôt machiste et très majoritairement musulmane. J’avais construit, au-delà de notre relation de travail, un lien d’amitié avec elle et sa famille et, plus tard, j’avais suivi avec plaisir et une certaine admiration son parcours, en particulier lors de la crise du Timor-Oriental.
La femme qui parlait ce mardi 19 février n’était pas celle que j’avais connue. J’ai trop de respect pour la personne que j’ai côtoyée à Banjul pour croire qu’elle aurait exprimé la même intime conviction si elle avait pu connaitre toute la réalité de la situation ivoirienne depuis plus de dix maintenant. Je partage avec Madame Bensouda les mêmes convictions sur le respect du Droit et la protection des personnes et des biens : ce sont les mêmes que celle que le président Gbagbo veut promouvoir dans son pays. Madame le Procureur, vous avez été abusée dans ce dossier, je connais votre vraie nature, préservez le Droit dans cette affaire !
Les juges de la Chambre Préliminaire ensuite : je me souviens du regard incrédule de la présidente Fernandez de Gurmendi le 5 décembre 2010 lors de la brève déclaration du président Gbagbo. Les premiers jours de l’audience actuelle ne peuvent que confirmer à Madame la Présidente de la Chambre Préliminaire que toute cette affaire, à commencer par la personnalité du président Gbagbo n’est décidemment pas le storytelling imaginé par certains et propagé ad nutum. Madame la Présidente et ses deux juges vont avoir, ou plutôt ont déjà, une immense responsabilité à assumer car ils vont devoir dire le Droit en s’exonérant de toute pression extérieure. Ces pressions extérieures sont celles des gouvernements qui ont « dirigé » la manœuvre, principalement le gouvernement français sous la direction de Nicolas Sarkozy qui, du Discours de Dakar à la capture par la force d’un président africain constitutionnellement élu, a marqué son mandat d’un profond irrespect pour l’Afrique et les africains.

Aujourd’hui les choses ont évolué. En France des centaines de milliers de binationaux d’origine africaine ont participé à faire élire François Hollande dans l’espoir de faire changer les choses. Rien n’est acquis mais  il revient à tous les défenseurs du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à convaincre les dirigeants français pour qu’ils sachent où se situe le camp des vrais démocrates en Côte d’Ivoire. Le président Hollande ne peut pas tenir « son » discours de Dakar devant le Parlement sénégalais ni afficher une certaine posture au Sommet de la Francophonie à Kinsasha, sans « revisiter » le dossier ivoirien. Il en va de la responsabilité historique de la France pour sa relation à venir avec l’Afrique.

Aux Etats-Unis le président Obama entame son deuxième et dernier mandat. Lors de son élection en 2008, le président Gbagbo avait signé, en qualité de Docteur en Histoire, une tribune saluant l’arrivée du premier président noir en Amérique. Et il s’exprimait ainsi : « …pour un continent comme l’Afrique, où il y a tant et tant de luttes à mener pour les libertés, mais où le contexte de pénurie amène souvent à sacrifier l’avenir sur l’autel des besoins immédiats et des attentes personnelles, l’Amérique vient de nous donner la preuve que le combat pour une cause juste n’est jamais vain, même si celui qui le mène n’en voit pas l’aboutissement… ». Pour le président Gbagbo l’Amérique c’est « la » référence démocratique dont la Constitution, la plus ancienne du l’époque moderne, commence par « We the People » où, et  il le notait dans la même tribune, « …la victoire de Barack Obama marque (…) l’échec des analyses de type ethniciste en matière électorale. Le nouveau Président élu des Etats-unis est issu de la communauté noire américaine. Mais le seul vote de cette communauté n’aurait pas suffi à le faire élire. » Ecrit en 2008, à la veille de l’élection en Côte d’Ivoire, il y voyait un exemple pour les démocraties africaines de s’affranchir du clivage ethnique cher à nos « experts «  de l’Afrique. Cette même Amérique ne peut pas rester insensible à l’évolution des choses en Côte d’Ivoire où, deux ans après la « crise postélectorale » le pays n’en fini pas de sombrer sur tous les plans et plus particulièrement sur celui des droits de l’Homme que le rapport d’Amnesty International à paraitre mardi prochain va décrire sans complaisance.

Error communis facit jus. Non, l’erreur commune ne peut pas prospérer quand il s’agit des peuples et de l’avenir d’un pays. Les « grands » de ce monde doivent désormais en convenir, les juges de la CPI doivent dire le Droit, le président Gbagbo doit être rendu à son pays et à son peuple qui, au terme d’un processus difficile et douloureux de réconciliation nationale, choisira son avenir à travers une élection véritablement libre et transparente. Ce sera l’honneur des démocraties et le plus grand hommage rendu aux vrais victimes de la crise. Nous irons jusqu’au bout !

Bernard Houdin
Conseiller Spécial du président Gbagbo
Représentant de son Porte-parole pour l’Europe et l’Amérique

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