Fatou DIOME : « Au nom de tous les bâtards du SENEGAL …»
Les folies de Fatou DIOME, on peut résumer ainsi la sortie de l’écrivaine ce mercredi face au public au Goethe Institut. Elle était l’invité du Rendez-vous littéraire mensuel de l’Institut. C’était pour présenter son dernier roman intitulé Impossible de grandir publié en mars 2013. Une œuvre autobiographique où elle dénonce le regard ingrat que la société porte sur les enfants nés hors mariage et l’hypocrisie de la société sénégalaise.
Échanges avec le public
Il faut avoir une certaine liberté pour tirer d’une certaine manière sur des valeurs qu’on peut considérer comme rétrogrades. Mais Fatou DIOME nous dit qu’avec sa liberté de français elle peut mettre le doigt dedans. L’écrivaine est très marquée par le regard, les insultes, les brimades, les remarques de parents et proches durant son enfance parce qu’étant un enfant né hors mariage. Contrairement à la conception générale qu’on peut faire d’un tel état de fait, elle se présente comme « un enfant conçu dans un amour total ». Elle est très fière d’être la fille d’un homme « un Yékini de son époque comme tous les anciens lutteurs, des rock stars de leur époque » et elle parle de sa maman comme « une midinette qui aimait une rock star ». Hier comme aujourd’hui, elle n’en veut nullement à ses parents, juste demander aux hommes de prendre toujours leur responsabilité, « car les femmes ne tombent pas enceintes en buvant de l’eau de pluie mais c’est parce que les hommes y vont », dit-elle. Fatou DIOME de dire qu’elle en a marre du regard porté sur les enfants nés hors mariage. Dans ses échanges avec le public, elle explique que le premier jour où une tante à elle l’a traitée de bâtarde, elle est partie regarder le dictionnaire pour savoir la signification. Comme aussi cette gifle reçue d’un parent après son passage sur le plateau d’une télévision à la suite de la publication de son premier livre, « tu dois vivre dans la discrétion bâtarde au lieu d’écrire des livres », Fatou DIOME avait pourtant plus de trente ans. A tous ces gens et à tous ceux qui pensent comme eux, l’écrivaine de répondre, « je vais encore écrire des livres en parler et même pisser sur leur tombe, je les emmerde ». Fatou DIOME de dire « je parle au nom de tous les bâtards du Sénégal » avant d’ajouter « à tous les enfants qui vont naître après les navétanes » vous avez une tante qui pense à vous. A côté de ce problème d’enfant né hors mariage, il y a aussi la réalité du mariage même. Là l’écrivaine demande l’élimination de la dot pour ne pas donner l’impression que les filles sont achetées. A ces filles, elle rappelle ce que disait sa grand-mère, « Fatou, la chose là (le sexe), là où elle se trouve si quelqu’un y parvient c’est qu’on lui a donné ». Et comme pour dire que des réalités bloquent encore les relations amoureuses naturelles, elle soutient que « généralement les filles tombent enceintes parce qu’elles sortent avec des gens qu’elles n’osent pas présenter à leurs parents ».
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